mardi 19 janvier 2016

Comment déjouer les manipulations d’un cyberactiviste néo-con ? (Investig'action)


18 janvier 2016
Rappel : Selon wikipedia, en argot Internet, un troll caractérise ce qui vise à générer des polémiques. Il peut s’agir d’un message (par exemple sur un forum), d’un débat conflictuel dans son ensemble, ou de la personne qui en est à l’origine. Ainsi, « troller », c’est créer artificiellement une controverse qui focalise l’attention aux dépens des échanges et de l’équilibre habituel de la communauté”.


Le NéoTroll : un parasite néo-con qui tente de brouiller toute remise en question de la doctrine ultra-libérale et coloniale.

Cependant, un nombre de critères supplémentaires tels que ses sources, son réseau, sa narration bien distinctive et surtout ses thèmes de prédilection et sa vision géopolitique, permettent de distinguer une variante particulière de troll sur les réseaux sociaux, forums et fils de commentaires d’articles d’actualité.


Quand la zizanie s’empare d’un forum…


Si vous êtes féru de débats contradictoires en lien direct avec l’actualité politique, il vous est probablement arrivé de participer à quelques discussions sur les réseaux sociaux et les forums. Alors vous avez pu mesurer à quel point il était devenu difficile de pouvoir dialoguer cordialement. Vous vous êtes peut-être rappelé qu’initialement, dans les années 2000, les forums avaient été conçus pour échanger des idées sur des thèmes déterminés au préalable sous la forme de listes de “topics” administrés par des “modérateurs”… mais qu’aujourd’hui ces mêmes forums étaient devenus le plus souvent des zones de railleries où se diffusent de manière péremptoire des accusations infondées contre une personne ou un groupe de personnes. Et une fois injuriés, les individus ciblés n’ont que très peu de pouvoir de rétorsion à opposer à leurs détracteurs car il se trouve qu’ils sont déjà fustigés dans de nombreux médias, toujours lorsque leurs idées sont plus ou moins éloignées des préjugés officiels.

Puis cet état de fait vous a le cas échéant amené à vous poser les questions suivantes : “Qui sont ces militants qui s’expriment avec autant de véhémence sans jamais daigner répondre à une question précise ?” “Sont-ils vraiment de bonne foi ?” “Pourquoi usent-ils de sophismes qui peuvent se résumer à ces quelques mots : “le bien c’est nous, le mal c’est vous » ? Et si vous observez les sujets abordés, ”Quel intérêt ont-ils à relayer sur internet les campagnes de diabolisation instrumentalisées de toutes pièces par les gardiens du néo-libéralisme ?” ou encore “Comment se fait-il qu’ils développent autant d’arguments en adoptant des comportements qui manquent totalement de logique ?” 


Pour essayer d’apporter quelques réponses à ces questions, nous avons tenté de décrypter et lister les différentes attitudes qui indiquent dans un fil de discussion la présence d’un ou plusieurs trolls de cette espèce particulière, dont nous allons montrer qu’en fait, elle appartient à la nébuleuse néo-cons. Pour la commodité de la démonstration, nous les appellerons tout simplement les “néotrolls”.


Les caractéristiques du “néotroll”


Manipulateur sans vergogne : Dans son système, la mauvaise foi est une prérogative, aussi pour parvenir à ses fins le néotroll a recours à de multiples stratégies. Par exemple, il fixe l’attention sur un mot dérisoire afin d’éviter de répondre à une question embarrassante. Ou encore, quand ils lui sont défavorables, il n’hésite pas à banaliser les sujets sensibles. Ayant pour objectif de pervertir le débat, chacun de ses commentaires est une nouvelle occasion de vociférer.

Harceleur impénitent : Sa technique bien choisie de type trolling est délibérément narquoise. Son but ? Provoquer chez l’interlocuteur une réaction émotionnelle et ainsi le disqualifier en isolant un mot ou une petite phrase que ce truqueur arrive toujours à caricaturer.

Adversaire déloyal : En géopolitique, bien qu’il s’en défende, le néotroll est constamment aligné sur le positionnement “atlantiste”. Il approuve la totalité des guerres impérialistes dont l’agenda récent fut défini par les faucons de l’administration de George Bush, cette stratégie belliqueuse qui sera par la suite totalement entérinée par la grande majorité des libéraux occidentaux.

Ainsi, même à l’issue d’une opération militaire israélienne de grande envergure telle que l’Opération Plomb Durci (“Cast Lead”) entre Noël 2008 et l’investiture d’Obama le 20 janvier 2009, le néotroll fini toujours par vous dire que les torts sont partagés dans le conflit israélo-palestinien. Le HAMAS est alors le grand méchant loup de service que le néotroll utilise pour appuyer son raisonnement biaisé. Nous retrouvons cette méthode ( “on ne négocie pas avec …” ) qui bien sûr a pour but de maintenir le statu quo, dans les discours de George Bush et de Benjamin Netanyahu. Du reste, cette rhétorique est utilisée par la totalité des théoriciens néoconservateurs :

“Pourquoi Israël ne doit jamais négocier avec le Hamas” (Mohamed Sifaoui).

« On ne peut pas reconnaître un Etat palestinien avec le Hamas aux commandes«  (BHL).

“Propalestinisme, endoctrinement islamiste et judéophobie en France” (Pierre-André Taguieff).

Bluffeur invétéré : A l’instar de ses illustres modèles que sont BHL, Fourest, Taguieff, Sifaoui, Finkielkraut, Kouchner etc., et même quand il n’a pas une seule carte majeure dans les mains, le néotroll ne se démonte pas. Pour l’essentiel, son bluff s’appuie sur l’utilisation d’arguments – épouvantails. Par exemple “confusionnistes”, “rouges bruns”, “conspirationnistes”. Ces petits mots bien connotés lui permettent de jeter l’anathème sans jamais avoir à s’expliquer, provoquant ainsi la clôture définitive des échanges.

Néocon/néocorbeau : Il recherche constamment le contrôle du débat par la culpabilité.



Aussi, afin de multiplier les coups bas, le néotroll a souvent recours à des documents anonymes et non sourcés. Polémique, médisance, pures rumeurs et accusations violentes sont les ingrédients redondants de sa propagande. Sa rhétorique bien rodée finit toujours par atteindre le point Godwin. [Le point Godwin est le principe tiré de la règle qui porte le même nom dite “loi de Godwin ». Cette idée fut conceptualisée en 1990 par l’avocat Mike Godwin. Selon lui « Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler est probable ». Godwin pense que l’omniprésence de ces comparaisons a pour conséquence de banaliser l’Holocauste]. Dès lors la diabolisation atteint son point culminant et l’offensé se voit reprocher par une méthode d’extrapolation généralisée des sympathies pour le fascisme. Un martelage en boucle qui se traduit par des affirmations du style : » Il emploie les mêmes mots que l’extrême droite”. Ou encore : “Savez vous qu’il était présent à une manifestation où nous avons pu également dénombrer quelques membre du FN ? C’est bien la preuve qu’il en fait partie !” Cette emphase usée et abusée ne varie jamais d’un iota.

Indigné sélectif : Le néotroll comme nous venons de le voir s’est donc spécialisé dans le commérage, les amalgames et les procès d’intention. Ceci étant, il est moins loquace voir même carrément muet quand il s’agit d’aborder certains sujets sensibles qui pourtant si l’on en croit ses prétentions devraient concentrer toute son énergie. Par exemple, il ne dit jamais un mot sur les liens entre les gouvernements occidentaux et le nouveau pouvoir d’Ukraine qui utilise des groupe para-militaires ouvertement néonazis. De plus si notre néotroll se montre toujours très généreux en affirmations quand il s’agit d’associer la lutte contre l’impérialisme à un acte d’allégeance à Milosevic, Kadhafi ou à présent Assad, il reste très avare en informations sur les partenariats économiques et militaires qui unissent les différents pays membres de l’OTAN aux pétromonarchies héréditaires du Golfe qui comme nous le savons sont des « modèles démocratiques ». Arabie saoudite : un jeune de 21 ans risque la décapitation 
Tolérant seulement pour lui même : Le néotroll a la fâcheuse habitude d’amalgamer ses contradicteurs avec des personnalités stigmatisées au préalable par les grands médias. Entre autres nous retrouvons Poutine, Arafat, Chavez, Ahmadinejad que le néotroll fusionne, point Godwin oblige, à Hitler, puis suivent dans ses déclinaisons, dans cet ordre ou un autre, Le Pen, Staline, Hamas, Hezbollah, PCF, Bricmont, CGT, Chouard, Mélenchon, Lordon, Dieudonné, Meyssan, Todd, Sapir et Onfray depuis quelques temps, etc.

Voici par exemple un “message de néotroll type” posté sur le forum d’un site ordurier « Les morbacks véners » , prétendument à gauche mais formellement spécialisé dans l’insulte, la menace et les amalgames. Un militant néocon se fait appeler « nomore ». Le 27 mars 2014 à 10:52, en réponse au message d’un autre participant à ce forum, « nomore » écrit :

“Vu la réaction de « Red Star » nous avons probablement affaire là, à un de ces débris stalinoïdes genre PRCF-Mpep-Cgt bas du front du nord-CNR 2.0-Comite Valmy qui sont aussi de grands admirateurs de démagogue-Natio-productiviste Mélenchon et de son « Front de Gauche » et de temps à autres des grands amis des « constituants » regroupés autour du duo de « Gauche Alter » des Chouard-Lordon . Un « Front de gauche » un PCF et un « Mouvement pour la paix » que ça n’a pas gêné le 29 août 2014 dernier de « Manifester contre l’intervention militaire en Syrie » place des innocents à paris aux coté des pires chabihas Bacharistes de l’ambassade de Syrie en France, des fachos de la « dissidence », de la négationniste Ginette Skandrani , du « Cercle des Volontaires » et de divers autres soraliens et fracassés du bulbe conspirationnistes. (…)”

Nous vous épargnons le reste du message, qui n’apporte vraiment rien de plus.

Bref, « nomore » nous propose une “ratatouille façon Maître Taguieff” qui consiste à salir un maximum de gens qui n’ont rien à voir les uns avec les autres en les réunissant dans un minimum d’espace. Dès lors, « exigeant pour les autres, indulgent pour moi-même » pourrait être la devise du néotroll, qui lui n’est jamais très regardant sur la qualité de ses propres sources. Rappelons que Conspiracywatch et Confusionnisme.info sont les deux sites principaux auxquels s’abreuve l’ensemble de la nébuleuse néocon/néotroll. La source principale Conspiracywatch, est animée par Rudy Reichstadt, ce dernier fait la jonction entre la droite néocon islamophobe et la pensée ultra-libérale. En bref, Monsieur Reichstadt est toujours “du côté du fric et des bombes”. La source secondaire Confusionnisme.info est animée par Ornella Guyet qui en complément de ses annonces putrides, distille jusqu’à plus soif les rapports douteux de Monsieur Reichstadt. Au final, les deux sites, sous couvert de lutte contre le « conspirationnisme », relaient de façon permanente la propagande guerrière occidentale sur internet et dans les médias. A cela se rajoute une multitude de sites aussi primaires qu’anecdotiques qui pour obtenir un semblant de véracité rééditent les pseudo-analyses des deux sites pilotes.

Néocon /néomanichéen : En 2001 George Bush dans un discours post 11-Septembre empreint de religiosité promettait une vengeance « du bien contre le mal ». De la doctrine Bush, le néotroll a surtout conservé la violence et le manichéisme. Dans la narration néotroll le diable qui était constamment sous-entendu dans les sermons de Bush, est remplacé par les termes « fachos” , “conspi”, ou encore “rouge brun « . Et nous avons vu plus haut dans le billet comment ces labels étaient attribués. Cependant la toxicité de ces expressions vient du fait que répétées en boucle elles ont fini par déboucher sur des formules toutes faites qui se suffisent à elles-mêmes. Pour exemple : « Pas de quartiers pour les fachos« – “Conspis hors de nos villes » s’écriait l’égérie de la nébuleuse néotroll Ornella Guyet. Ces deux exemples d’affirmations péremptoires, qui de surcroît encouragent le lynchage, illustrent parfaitement le manichéisme néotroll.

Résumons ! Semblable à une toxine hautement pathogène, le neotroll diffuse sa malveillance principalement sur les forums consacrés aux questions de macroéconomie et de politique internationale. Le néotroll est dépourvu de sens moral. La calomnie est son principal attribut. Il est au service d’une stratégie perverse qui justifie la guerre au nom des droits de l’homme. Il martèle sans cesse les mêmes inepties tirées de sources plus que douteuses. Son indignation est paradoxale. Convaincu de son bon droit, il peut aller jusqu’à préconiser la violence.


Se défendre en connaissance de cause


A présent que nous avons repéré le “militant néocon catégorie troll”, la question est de savoir comment lutter efficacement contre lui ?

1. Pour éviter qu’il ne dévore toute votre énergie, ne prenez pas plus de cinq minutes à lui répondre.

2. Pour aller plus vite utilisez la presse de masse qui bien que l’information y soit diluée, représente quand on prend le temps de varier les sources une très bonne base de données. Exemple : Un jour dans Haaretz un autre dans le Telegraph le surlendemain avec le New York Times, et ainsi de suite… vous pouvez même de cette façon descendre jusqu’àL’Express c’est vous dire !

3. Très succinctement vous pouvez aussi rappeler à notre néotroll qu’inconsciemment ou pas il est constamment dans la roue des “chiens de garde” du néocolonialisme qui, sous couvert de bons sentiments, nous ont vendu les campagnes militaires (entreprises de spoliation )d’Afghanistan, d’Irak, de Libye, de Syrie et toutes celles d’Afrique, dont aujourd’hui nous mesurons pleinement les conséquences sur les peuples .

4. Quand il s’agit de faire la promotion d’une guerre, les néocons français n’hésitent pas pour les culpabiliser, à amalgamer les militants pacifistes à l’épouvantail FN. En 2002, Pascal Bruckner, André Glucksmann et Romain Goupil écrivaient : « Force est de constater que l’antiaméricanisme n’est pas un accident de l’actualité ou la simple réticence face à l’administration de Washington, mais le credo d’une politique qui soude les uns avec les autres, en dépit de leurs divergences, le Front national et les Verts, les socialistes et les conservateurs, les communistes, les souverainistes… A droite comme à gauche, ils sont rares ceux qui n’ont pas cédé à ce « nationalisme des imbéciles » qui est toujours un symptôme de ressentiment et de déclin. » Bien entendu, le néotroll n’a rien oublié de cette méthode. Pour lui comme pour Bruckner et ses camarades, le FN est un monstre utile qui leur permet de faire oublier leur propre monstruosité. Dès lors, pour éviter les discutions sans fin, vous pouvez simplement signifier au néotroll que Marine Le Pen est contre le cannibalisme, et que ce n’est pas pour autant que vous n’allez pas devenir anthropophage…

5. Inutile de spéculer sur les raisons de ses agissements. Peu importe de savoir si le néotroll défend des intérêts camouflés, ou si son implication est seulement intéressée, ou bien encore si il s’agit d’un psychorigide verrouillé ad vitam æternam sur des idées reçues … si vous abordez ce type de questions avec lui vous le conforterez dans son rôle de merle moqueur. Retenons simplement que le néotroll n’a pas son pareil pour semer la discorde dans les milieux du cybermilitantisme.


Conclusion


Au vu de l’ensemble de ces données, il apparaît indubitable que vous pouvez faire votre deuil de toute tentative de communication idéale avec un néotroll. Par conséquent évitez de perdre trop de temps dans vos explications. Cet adepte de la pensée unique n’a pas l’intention d’écouter autre chose que les idées conformément admises même si vos réponses sont parfaitement argumentées. Ne perdez jamais de vue que le néotroll est un destructeur qui se moque éperdument du sens et du non-sens. Avec lui le vivre ensemble est tout simplement impossible à envisager. Son “jusqu’au-boutisme” ne tolère rien d’autre qu’une lutte sans règle de conduite dont il doit sortir gagnant coûte que coûte et cela par n’importe quel moyen. En somme, nous pouvons résumer la situation en quelques mots : le néotroll se situe toujours au niveau le plus archaïque des échanges, l’avant dernier palier, celui qui précède de très peu les crachats, les jets de pierre et le lynchage.

Source : Observatoire du Néo-conservatisme