« Vous avez aimé la loi sur les faillites bancaires ? Vous allez adorer celle sur la faillite des États !! » L’édito de Charles SANNAT
Mes chères impertinentes, mes chers impertinents,
C’est un article d’il y a une semaine de notre ami Ambrose Evans-Pritchard du Telegraph de Londres – que je considère, et vous le savez, comme l’un des meilleurs pour ne pas dire le meilleur journaliste européen à l’heure actuelle – que je voulais évoquer aujourd’hui.
Une fois n’est pas coutume, il nous lève donc un lièvre et de taille concernant la dernière idée lumineuse germanique, à savoir la mise en place d’une législation sur les faillites des États qui serait écrite sur le modèle de celle de la faillite des banques.
Petite explication technique sur les “bail-in”!
Ne fuyez pas !! Restez avec moi, vous allez voir comme à chaque fois c’est beaucoup plus simple en vrai, une fois décryptées toutes ces méchantes terminologies.
Un “bail-in” c’est intraduisible en français !
Disons que le “bail-in est une pratique financière qui impose à certains créanciers d’une banque en difficulté (y compris parfois de simples clients épargnants) une diminution du montant des créances qu’ils possèdent sur l’établissement de crédit ou une conversion de celles-ci en actions de capital. Le bail-in permet ainsi aux banques de se recapitaliser en cas de crise”.
À ne pas confondre avec le bail-out, qui désigne le renflouement d’une banque par un État (comme lors de la crise de 2008).
Afin de ne pas mettre les États en faillite en cas de faillite de banque, l’idée des dirigeants européens est justement de faire des bail-in et pas des bail-out !
J’espère que maintenant c’est un peu plus clair.
La loi, de 159 pages très exactement, sur les “bail-in” bancaires (dont j’ai consacré une lettre entière de STRATÉGIES à son explication) a donc pour objectif de répartir les pertes d’une banque en faillite et décrit avec précision justement ces modalités, stipulant que les épargnants entre autres seront mis à contribution.
Cette loi sur les réductions de créances bancaires change effectivement la donne en ce qui concerne la sécurité de vos dépôts en cas de faillite de votre banque. Vous trouveriez sans doute les choses pas drôles, vous regretteriez de ne pas avoir débancarisé, de ne pas avoir d’or et d’avoir si longuement hésité pour votre maison à la campagne…
C’est quoi un bail-in pour les obligations d’État ?
C’est la même chose que pour une banque qui ferait faillite mais pour un État qui ferait faillite. L’idée c’est de faire une loi qui, là encore, décrit les modalités avec précision des pertes qui seront imposées aux créanciers de cet État en faillite, tout en sachant qu’un créancier de l’État peut être un fournisseur par exemple qui n’a pas encore été payé, ou un fonctionnaire à qui l’État doit un salaire, un retraité à qui l’État doit une pension, ou un épargnant qui a placé son argent en… obligations d’État à travers par exemple, au hasard, un contrat d’assurance vie!
En vertu de ce nouveau régime, les détenteurs d’obligations pourraient subir des pertes en cas de nouvelle crise sur la dette souveraine d’un pays avant que ce pays ne puisse avoir recours au mécanisme de sauvetage de la zone euro, le MES, dont tout le monde a oublié l’existence !
L’idée est logique puisque le MES est voué à l’échec !
Il va falloir faire appel à votre mémoire, car le MES c’était quand tout le monde avait peur que l’euro explose. Nous étions en 2011 et l’or était à 2 000 dollars l’once. Sarkozy était président et sauvait l’Europe ainsi que le monde à chaque sommet de la dernière chance.
L’idée “brillante” (c’est ironique) du MES consistait à dire que des pays européens surendettés s’endettaient encore plus pour mettre de l’argent qu’il n’avait pas dans un fonds commun appelé MES pour aller sauver des pays carrément en faillite…
J’ai toujours, depuis 5 ans, donné toujours la même et unique définition du MES, à savoir, donc, un machin évidemment voué à un échec retentissant. Pas parce que le MES serait contre mon idéologie mais tout simplement parce qu’il fonctionne exactement comme je l’ai dit un peu plus haut.
Comme nos mamamouchis sont au courant de ce que je viens de vous expliquer, surtout les mamamouchis allemands, ils veulent, avant de devoir renflouer les États, qu’il y ait une forme de renégociation de la dette plus ou moins obligatoire et ce sera plus que moins ; et avant que le MES intervienne, il faudra que les détenteurs d’obligations acceptent une perte substantielle.
C’est parfaitement logique puisque c’est la seule façon, de toute manière, in fine de s’en sortir avec ce monceau de dettes…
Pour être plus clair, la seule façon de s’en sortir sera de ne pas rembourser… La faillite donc se profile et à travers cette proposition et volonté allemande, c’est un signal d’alarme majeur qui vient de retentir !
Une telle loi sur les «bail-in» pour les obligations d’État risque de faire exploser l’euro !
Et non, encore une fois, moi je ne dis plus rien !! C’est notre Ambrose Evans-Pritchard qui cite plusieurs sources très haut placées dans plusieurs gouvernements européens qui nous le dit. Et vous savez quoi ? Je suis parfaitement d’accord. Explications :
Un nouveau mécanisme dit de “bail-in” souverain vient appliquer une décote aux détenteurs d’obligations en cas de faillite, cela revient à dire :
1/ le MES est inopérant et ne sert à rien.
2/ La croyance qui consiste à dire que la BCE interviendra en dernier ressort est fausse.
2/ La croyance qui consiste à dire que la BCE interviendra en dernier ressort est fausse.
Conclusion : si vous prêtez à un pays qui fait faillite, vous l’aurez dans le baba… C’est logique, sauf que si l’euro n’a pas éclaté en 2011, c’est uniquement parce que Mario Draghi avait dit au pire moment “ne vous inquiétez pas, je ferai tout ce qu’il faut pour sauver l’euro qui est irréversible et croyez-moi, ce sera assez”…
Sauf qu’il semblerait que l’on s’oriente vers l’intégration de la réalité des choses, à savoir que nous avons un immense problème de dettes et qu’il y a peu de façons de s’en sortir avec les dettes.
1/ Augmenter la richesse (la croissance).
2/ Augmenter les impôts et réduire les dépenses (récession et déflation comme en Grèce).
3/ Ne pas rembourser et faire défaut.
2/ Augmenter les impôts et réduire les dépenses (récession et déflation comme en Grèce).
3/ Ne pas rembourser et faire défaut.
En l’absence de croissance, et parce que la politique d’austérité est déflationniste et conduit au défaut, il n’y a en réalité que deux solutions : l’utilisation de la planche à billets par la Banque centrale ou le défaut partiel avec réduction de la dette.
Ce que dit l’Allemagne, c’est que la planche à billets ne sera pas utilisée et qu’il faudra que chacun prenne ses pertes.
Lorsque cette annonce a été faite,les taux d’emprunt des pays du Sud ont flambé, comme le montre ce graphique pour les taux portugais à plus de 4%!
Lorsque cette annonce a été faite,les taux d’emprunt des pays du Sud ont flambé, comme le montre ce graphique pour les taux portugais à plus de 4%!
Cela veut dire que si la BCE ne garantit plus l’absence de risque de faillite alors le risque de faillite revient et si le risque de faillite revient, il y a tout plein de pays qui vont voir les taux flamber et si les taux flambent, soit ces pays font faillite soit l’euro explose et chacun retrouve ses monnaies nationales.
L’Europe et l’euro sont déjà morts, la seule question est de savoir qui fera le faire-part de décès et quand ! À la fin des fins, les épargnants seront ruinés, sauf ceux qui auront su sortir des banques et des produits financiers à temps.
En attendant mes chers amis, préparez-vous, il est déjà trop tard !