La manifestation de Bruxelles vise des réductions prévues dans le système de protection sociale, les compressions budgétaires dans les services publics et l’éducation national, et une réforme du travail permettant aux patrons d’introduire une semaine de travail de 45 heures et d’imposer des heures supplémentaires sans rémunération supplémentaire.
Avant la manifestation de mardi, le gouvernement Michel a renforcé les mesures de sécurité draconiennes imposées après l’attaque terroriste du 22 mars à Bruxelles. Il est maintenant clair que le gouvernement belge, qui a ignoré les mises en garde des agences de renseignement étrangères concernant l’identité et les plans des attaquants du 22 mars, a utilise les mesures de sécurité pour réprimer l’opposition interne de la classe ouvrière. La police anti-émeutes a utilisé des canons à eau et des gaz lacrymogènes contre la manifestation de mardi, blessant plusieurs personnes. Dix personnes auraient été arrêtées.
Le mouvement grandissant contre l’austérité en Belgique coïncide avec une vague croissante de grèves en France. La loi travail régressive du PS permet aux entreprises de négocier avec les syndicats pour allonger la semaine de travail jusqu’à un maximum de 46 heures et de réduire les salaires. Il assouplit également les conditions de licenciement des travailleurs. La loi, majoritairement refusée par les travailleurs et les jeunes, est largement considérée comme une attaque illégitime contre les droits sociaux des travailleurs acquis par des décennies de lutte.
En France, les grèves se produisent dans les raffineries de pétrole et les ports et dans l’aviation civile, les chemins de fer, l’énergie, le transport et la construction. Des manifestations à échelle national ont lieu jeudi, après que des dizaines de milliers de personnes ont participé à des manifestations le 19 mai.
Une grève dans le secteur pétrolier qui dure depuis une semaine paralyse l’économie française et provoque des pénuries de carburant à grande échelle. Trente pour cent des 12 000 stations-service en France seraient totalement ou partiellement à sec.
Le gouvernement PS a réagi en dénonçant hypocritement les travailleurs qui protestaient. Le Premier ministre Manuel Valls a déclaré que « la démocratie est prise en otage par une minorité ».
C’est un mensonge éhonté et provocateur. C’est le gouvernement PS qui se comporte comme une dictature, forçant le passage de cette loi socialement régressive sans vote parlementaire face à l’écrasante opposition populaire, en utilisant les pouvoirs d’urgence des dispositions de l’article 49.3 de la Constitution française, antidémocratique, pour le faire.
Une grande majorité de la population tient le président François Hollande et le Premier ministre Manuel Valls pour responsables des tensions sociales et des perturbations industrielles causées par les grèves. Une enquête Elabepubliée mercredi a révélé que près de 70 pour cent de la population pour que le PS recule, et non pas les grévistes, en retirant la Loi travail.
Les grèves minent le gouvernement PS, déclenchant une crise profonde et des demandes du retrait de la loi, même au sein du PS lui-même. Bruno Le Roux, chef du groupe PS à l’Assemblée nationale, a appelé le gouvernement à retravailler la loi travail. Il a particulièrement distingué l’article 2, qui permet aux syndicats de signer et de mettre en œuvre des contrats violant le Code du travail et les accords de branche.
Valls s’est opposé à cette proposition au Parlement, affirmant qu’il n’y aurait « ni retrait du texte, ni remise en cause de l’article 2 car c’est le cœur de la philosophie du texte ».
Au lieu de cela, le gouvernement du PS est déterminé à utiliser la répression policière pour écraser les grèves et les blocus des travailleurs du pétrole.
Après l’envoi des CRS, mardi, pour attaquer les travailleurs qui bloquaient la raffinerie de pétrole à Fos-sur-Mer près de Marseille, la police est intervenue hier pour rétablir l’accès à un dépôt de carburant clé à Douchy-les-Mines près de Valenciennes dans le nord de la France. Le dépôt avait été bloqué par les membres de la Confédération générale du travail (CGT) et les syndicats Solidaires depuis le 19 mai.
L’attaque a commencé mardi matin à environ 5h, lorsque 20 camions de police ont convergé sur la raffinerie et les CRS ont utilisé des canons à eau pour déloger les 80 travailleurs qui bloquaient l’accès.
Malgré la répression policière, les grèves se propagent à travers les installations pétrolières de la France. Huit raffineries du pays sont toutes touchées par la grève. La raffinerie Total de Feyzin près de Lyon et celle de Normandie ont arrêté la production. L’installation de Grandpuits, près de Paris sera bientôt à l’arrêt complet et celle de Donges, près de Nantes, va fermer plusieurs unités, tandis que celles de La Mède de Fos-sur-Mer et Lavéra dans la région de Marseille fonctionnent au ralenti. Des dizaines de dépôts de carburant, sur un total de 78 en France, sont également bloqués.
Avec la pénurie de carburant qui s’aggrave, le gouvernement a commencé à entamer ses stocks de réserve stratégique de carburant. Francis Duseux, le président du groupe UFIP (Union Française des Industries Pétrolières), a déclaré à la radio RMC : « Depuis deux jours, comme il y avait des problèmes de fonctionnement de raffinage, des blocages de dépôts, on a commencé, en collaboration avec les pouvoirs publics, à utiliser les stocks de réserve ».
Terrifiés par ces protestations, les cercles dirigeants demandent au gouvernement de fouler aux pieds le droit de grève protégé par la Constitution et de forcer les employés à reprendre le travail. Les républicains de droite (LR) ont demandé au PS de réquisitionner des travailleurs du pétrole et de les obliger légalement de reprendre le travail. Le députe Eric Ciotti a dit : « Il faut réquisitionner, comme Nicolas Sarkozy l’avait fait en 2010. C’est une mesure d’intérêt général, on ne peut pas laisser le pays bloqué par une petite minorité ».
Pendant ce temps, les grèves éclatent dans d’autres industries françaises contre la loi Travail. La fédération CGT-énergie a appelé à une action de grève à la compagnie publique d’électricité française EDF et prévoit des blocages de sites pour couper la production d’électricité. Cela conduirait à des coupures de courant à travers le pays. Hier, les travailleurs de 19 centrales nucléaires, y compris Nogent-sur-Seine au sud-est de Paris et Gravelines dans le Nord, ont voté pour faire grève jeudi.
Les syndicats de la SNCF ont appelé à faire grèves hier et aujourd’hui, et la CGT a émis un préavis de grève reconductible à partir du 31 mai. Une grève illimitée est prévue dans le métro parisien (RATP), à partir du 2 juin, contre la loi Travail et les conditions de travail médiocres ainsi que pour de meilleurs salaires.
Les travailleurs aéroportuaires, dont les aiguilleurs du ciel, le personnel administratif et les ingénieurs et techniciens sont en grève aujourd’hui, ce qui provoque l’annulation de vols dans plusieurs aéroports. Une grève nationale est prévue entre le 2 et 5 juin impliquant les aiguilleurs du ciel et les travailleurs de l’aviation civile pour protester contre la loi Travail et la baisse des effectifs.
Les dockers et travailleurs des ports entrent également en lutte, avec les dockers à Marseille et Le Havre, où transite 40 pour cent des importations françaises, ayant voté pour faire grève jusqu’à vendredi pour protester contre la répression policière mardi à l’installation pétrolière de Fos-sur-Mer.
Depuis lundi, les dockers de Marseille ont refusé de décharger des marchandises, y compris les produits pétroliers bruts et raffinés, en direction des raffineries. Quelque 29 navires transportant du pétrole brut étaient encore bloqués hier, la CGT appelant à la grève dans les installations portuaires publiques de Marseille ainsi que chez Fluxel, l’opérateur privé qui gère deux terminaux pétroliers.