Juin 17, 2016
La Fédération française des
banques alimentaires (FFBA), principal acteur de collecte de denrées
alimentaires, publie son rapport d’activité 2015. S’il ne procède pas
directement à des distributions, il fournit en revanche 5.300
associations et centres communaux d’action sociale (CCAS) membres du
réseau et contribue à la distribution d’environ 210 millions de repas
par an. Son rapport 2015 fournit de nombreuses informations sur
l’ampleur et la réalité de la précarité, plusieurs millions de personnes
devant avoir recours à l’aide alimentaire.
Celui-ci estime qu’en France, environ
quatre millions de personnes ont recours chaque année à l’aide
alimentaire, dont 1,9 million via les banques alimentaires. Mais, pour
la Fédération, « l’insécurité alimentaire pourrait concerner une
population plus importante », certaines personnes ayant des réticences à
solliciter une assistance. Le nombre de personnes aidées est en croissance régulière et 64% d’entre elles sont aidées depuis moins d’un an (un taux qui s’explique aussi, pour une bonne part, par le renouvellement constant des personnes aidées). Même
en tenant compte de ce « turn over », les banques alimentaires du
réseau ont vu leur distribution aux partenaires progresser de 5% l’an
dernier, avec 102.000 tonnes en 2015 contre 97.000 en 2014.
Le rapport d’activité apporte également
des précisions sur le profil des bénéficiaires. L’impact du chômage se
lit ainsi dans le fait que 85% de ces derniers sont sans emploi.
Dans 38% des cas, la perte d’un emploi ou d’une activité est le premier
déclencheur des difficultés financières. Et parmi ceux qui ont un
emploi, 60% travaillent à temps partiel. Viennent ensuite les ruptures
familiales, qui peuvent faire basculer dans la précarité : 26% des
bénéficiaires de l’aide alimentaire sont divorcés. A la fois cause et
conséquences de la précarité : 73% des bénéficiaires de l’aide
alimentaire vivent avec moins de 1.000 euros nets par mois et par foyer.
Il ne s’agit pas pour autant de
foyers marginalisés, puisque 88% ont un logement stable et que 22% ont
un niveau d’études correspondant au bac et plus. Enfin, 65% des
bénéficiaires de l’aide alimentaire ont des enfants (dont un quart en
bas âge) et 34% sont des familles monoparentales.
Face à cette situation, les banques
alimentaires s’appuient sur 476 salariés et plus de 5.750 bénévoles.
Ceux-ci représentent ainsi plus de 90% de l’effectif permanent,
complétés par un cercle plus vaste qui peut monter jusqu’à 129.000
personnes mobilisées lors de la collecte nationale. Le réseau dispose de
102 entrepôts et de 433 camions, dont 287 frigorifiques.
En termes de ressources, 34,5% des
denrées collectées en 2015 proviennent des distributeurs (grandes et
moyennes surfaces, grossistes), 27,5% des producteurs agricoles et des
industries agro-alimentaires, 24,1% de l’Europe et de l’Etat et 13,9% de
la collecte auprès du public.
En termes de distribution, 55% des
denrées sont distribuées à des associations indépendantes, 30,5% à de
grands réseaux caritatifs (Croix-Rouge, Emmaüs, Secours catholique…) et
14,5% à des CCAS.
Très engagées dans la lutte
contre le gaspillage, les banques alimentaires ne manquent pas de
rappeler, dans leur rapport d’activité, que 62% des
denrées collectées par leurs soins en 2015 ont été sauvées du gaspillage
alimentaire, pour être redistribués aux démunis.