Ceta : l’accord qui pourrait accélérer l’industrialisation de l’agriculture
Des
permis de démolir placardés devant le ministère français de
l’Agriculture. Le projet de traité de libre échange entre l’Union
européenne et le Canada (Ceta) doit être soumis à l’approbation du
Conseil des ministres du Commerce de l’UE le 18 octobre. Une semaine
avant le vote, mouvements altermondialistes et écologistes ont organisé
une action symbolique le 7 octobre à Paris pour dénoncer « les effets dévastateurs du Ceta sur l’agriculture »
Des
ouvriers entament la démolition du ministère de l’Agriculture en vue de
son transfert au ministère de l’Industrie (photo ci-dessus).
« Coup de massue supplémentaire » pour les éleveurs
« Cet accord, dont la Commission européenne et le gouvernement
français souhaitent une application « provisoire » dès cet hiver,
entraînerait une accélération sans précédent de l’industrialisation de
l’agriculture européenne », soulignent les organisations. Un nouveau rapport [1],
réalisé avec la participation de la Fondation Nicolas Hulot, pointe en
particulier le démantèlement des droits de douane dans les secteurs
bovin et porcin, et l’augmentation des importations autorisées.
L’importation de viande bovine canadienne exonérée de droits de
douane pourrait quadrupler en quelques années, de 15 000 à 65 000
tonnes. Le Ceta prévoit aussi d’augmenter considérablement les
importations de porc canadien. « Les élevages bovins et porcins, déjà
extrêmement fragilisés, seront mis en concurrence avec des dizaines de
milliers de tonnes de viande issue de fermes-usines qui entreront sur le
marché sans droits de douane », dénoncent les détracteurs de cet accord de libre-échange.
Normes revues à la baisse
Associations et syndicats redoutent également le développement massif
des cultures et importations d’OGM, dont le Canada est le troisième
producteur mondial. Leurs craintes sont étayées par le communiqué de
l’interprofession de soja canadien daté du 29 avril. Les producteurs
d’OGM demandent à la Commission européenne d’honorer son engagement –
pris au cours des négociations – d’autoriser rapidement la mise sur le
marché de soja transgénique [2].
En dépit de l’opposition des députés européens, la Commission
européenne a donc délivré les autorisations de mise sur le marché de
trois variétés de soja OGM tolérantes au glyphosate, pesticide très
cancérogène dont l’interdiction est pourtant réclamée... [3].
« Accepter les accords de libre-échange, c’est renoncer à changer
enfin de cap pour l’agriculture paysanne et une alimentation de qualité
pour tous », protestent les altermondialistes. Le 15 octobre, des mobilisations sont prévues dans toute la France contre le Ceta (voir ici).
Le Tafta, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les
Etats-Unis est aussi dans la ligne de mire des manifestants car, contrairement aux annonces du gouvernement, les négociations se poursuivent.
A lire aussi sur le sujet : Comment l’accord de libre-échange Tafta pourrait laminer l’agriculture européenne