Le CF2R publie un rapport sur Alstom qui conclut à un « scandale
d’État » et qui dénonce le « racket américain », l’« amateurisme du
gouvernement », la « trahison des élites » et la « démission d’État »
qui règnent en France.
Rachat d’Alstom : Le Centre Français de Recherche sur le
renseignement (CF2R) publie un rapport qui conclut à un « scandale
d’état »
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Publié le 29 décembre 2014 dans France
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Le CF2R publie un rapport sur Alstom qui conclut à un « scandale
d’État » et qui dénonce le « racket américain », l’« amateurisme du
gouvernement », la « trahison des élites » et la « démission d’État »
qui règnent en France.
Fondé en 2000, le Centre français de recherche sur le renseignement
(CF2R) est un « think tank » indépendant, régi par loi de 1901,
spécialisé sur l’étude du renseignement et de la sécurité
internationale. Comme il se présente lui-même, le CF2R a pour objectifs :
le développement de la recherche académique et des publications consacrées au renseignement et à la sécurité internationale ,
l’apport d’expertise au profit des parties prenantes aux politiques
publiques (décideurs, administration, parlementaires, médias, etc.),
la démystification du renseignement et l’explication de son rôle auprès du grand public.
Depuis sa création il y a 14 ans, le CF2R a réalisé un travail
considérable pour une meilleure connaissance du renseignement en France
et dans le monde francophone. Il a publié plus de 70 livres, 60 rapports
de recherche, 300 articles, 350 notes d’analyse et 700 bulletins
d’écoute radio. Le Centre a créé quatre revues ou lettres électroniques
et a organisé 40 dîners-débats et une dizaine de colloques. Ses
chercheurs ont donné plus de 150 conférences, animé de nombreux
séminaires et ont accordé plus de 2 000 interviews dans les médias (TV,
radio, presse écrite).
Le CF2R n’est cependant pas beaucoup médiatisé dans les très grands
médias parce que certaines de ses analyses ne sont pas conformes à la
pensée imposée par l’oligarchie euro-atlantiste.
La suite de l’article sur le site UPR.fr
—————– Extrait du Rapport n°13 de décembre 2014 du CF2R ——————
Conclusion: la trahison des élites
Conclusion: la trahison des élites
Derrière un discours circonstancié sur l’inéluctabilité de la
mondialisation, nos élites sont en train de vendre nos joyaux
industriels à l’étranger, motivées par la satisfaction d’intérêts
personnels ou la dissimulation d’erreurs stratégiques, n’hésitant pas à
sacrifier notre indépendance militaire et nucléaire sous de faux
prétextes.
Elles semblent ne plus croire à la nécessité d’une industrie
française, et ne se considèrent plus comme solidaires avec leurs
concitoyens. De tels comportements ne s’observent nulle part ailleurs en
Europe.
Rappelons que dès l’arrivée des socialistes au pouvoir, en 2012,
Patrick Kron avait commencé à préparer le déménagement du siège d’Alstom
à Singapour afin de s’affranchir de la fiscalité française et de
s’installer dans un pays n’ayant pas d’accord d’extradition avec la
France. Par ailleurs, la campagne de communication lancée par GE en
France au printemps 2014 pose la question des agences médias françaises y
ayant collaboré à des fins mercantiles.
Ce phénomène se trouve amplifié par l’incompétence ou la
compromission d’une partie des dirigeants politiques et des hauts
fonctionnaires. Dans ce dossier, le gouvernement n’a pas été à la
hauteur des enjeux. Rien n’a été fait.
Pire, certains, dans la haute administration ont torpillé dès le
départ la solution d’un un rachat d’Alstom par la France. Cette option a
donc à peine été étudiée. 139 hauts fonctionnaires de Bercy ont eu le
culot – faute d’autres arguments valables – de justifier cette décision
au nom de l’intégration silencieuse des discours du Front national dans
la politique économique de la France. Affligeant. Défendre les intérêts
nationaux, c’est aujourd’hui être du Front national !
De plus, il convient de signaler l’irresponsable passivité des
parlementaires sur ce dossier, qui n’ont jamais mesuré l’ampleur des
enjeux en cours et ont laissé le gouvernement cafouiller à sa guise. En
particulier, pourquoi Jean-Pierre Chevènement, dans un premier temps
fortement opposé au démantèlement d’Alstom, a-t-il aussi rapidement
changé d’avis? Serait-ce à cause de sa circonscription de Belfort où GE
et Alstom sont les premiers employeurs ?
Enfin, il convient de ne pas oublier le silence assourdissant des
syndicats, que l’on n’a pas entendus dans cette affaire. Comment la CGT,
d’habitude plus réactive, a-t-elle pu rester aussi silencieuse sur ce
dossier et pendant autant de temps ? En effet, rappelons que le 4
novembre 2014, au terme de la procédure d’information-consultation des
instances représentatives du personnel, le conseil d’administration
d’Alstom a autorisé, à l’unanimité, la signature d’un accord avec
General Electric pour la cession des activités Énergie. Ainsi que l’a
déclaré lui-même Patrick Kron, les partenaires sociaux ont émis un avis
favorable, ce qui n’est pas très fréquent dans ce type d’opérations.
Ce sont là autant de signes inquiétants d’une démission collective.
Entre la trahison des élites, l’amateurisme dont a fait preuve le
gouvernement dans ce dossier, l’abandon par la France de son
indépendance et sa souveraineté nationales et les multiples affaires, la
cession des activités énergie d’Alstom est un véritable scandale
d’État.
L’affaire Alstom révèle par ailleurs l’incompréhension de la
compétition économique des dirigeants politiques français. Elle est à
rapprocher d’autres offensives que les États-Unis ont déclenché contre
nous, profitant de notre faiblesse politique du moment à cause d’un
président impopulaire et passif : remise en cause par Washington de la
vente de navires Mistral à la Russie et le racket dont a été victime
BNP/Paribas.
C’est pourquoi il est temps de sortir de l’aveuglement dans lequel
nous baignons : nous ne sommes plus amis avec les États-Unis, tout au
plus alliés… La guerre économique est depuis longtemps déclarée et il
est affligeant que nous ne rendions pas les coups ! »
Signé
Éric Denécé
Leslie Varenne
Centre français de recherche sur le renseignement sur l’affaire Alstom
(rapport n°13 de décembre 2014 ; source : http://www.cf2r.org/images/stories/RR/rr13.pdf )