mardi 30 décembre 2014

Rachat d’Alstom : Le Centre Français de Recherche sur le renseignement (CF2R) publie un rapport qui conclut à un « scandale d’état » (Agence infolibre)

Le CF2R publie un rapport sur Alstom qui conclut à un « scandale d’État » et qui dénonce le « racket américain », l’« amateurisme du gouvernement », la « trahison des élites » et la « démission d’État » qui règnent en France.
Rachat d’Alstom : Le Centre Français de Recherche sur le renseignement (CF2R) publie un rapport qui conclut à un « scandale d’état »
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Publié le 29 décembre 2014 dans France
Le CF2R publie un rapport sur Alstom qui conclut à un « scandale d’État » et qui dénonce le « racket américain », l’« amateurisme du gouvernement », la « trahison des élites » et la « démission d’État » qui règnent en France.
Fondé en 2000, le Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) est un « think tank » indépendant, régi par loi de 1901, spécialisé sur l’étude du renseignement et de la sécurité internationale. Comme il se présente lui-même, le CF2R a pour objectifs :
le développement de la recherche académique et des publications consacrées au renseignement et à la sécurité internationale ,
l’apport d’expertise au profit des parties prenantes aux politiques publiques (décideurs, administration, parlementaires, médias, etc.),
la démystification du renseignement et l’explication de son rôle auprès du grand public.
Depuis sa création il y a 14 ans, le CF2R a réalisé un travail considérable pour une meilleure connaissance du renseignement en France et dans le monde francophone. Il a publié plus de 70 livres, 60 rapports de recherche, 300 articles, 350 notes d’analyse et 700 bulletins d’écoute radio. Le Centre a créé quatre revues ou lettres électroniques et a organisé 40 dîners-débats et une dizaine de colloques. Ses chercheurs ont donné plus de 150 conférences, animé de nombreux séminaires et ont accordé plus de 2 000 interviews dans les médias (TV, radio, presse écrite).
Le CF2R n’est cependant pas beaucoup médiatisé dans les très grands médias parce que certaines de ses analyses ne sont pas conformes à la pensée imposée par l’oligarchie euro-atlantiste.
La suite de l’article sur le site UPR.fr
—————– Extrait du Rapport n°13 de décembre 2014 du CF2R ——————
Conclusion: la trahison des élites
Derrière un discours circonstancié sur l’inéluctabilité de la mondialisation, nos élites sont en train de vendre nos joyaux industriels à l’étranger, motivées par la satisfaction d’intérêts personnels ou la dissimulation d’erreurs stratégiques, n’hésitant pas à sacrifier notre indépendance militaire et nucléaire sous de faux prétextes.
Elles semblent ne plus croire à la nécessité d’une industrie française, et ne se considèrent plus comme solidaires avec leurs concitoyens. De tels comportements ne s’observent nulle part ailleurs en Europe.
Rappelons que dès l’arrivée des socialistes au pouvoir, en 2012, Patrick Kron avait commencé à préparer le déménagement du siège d’Alstom à Singapour afin de s’affranchir de la fiscalité française et de s’installer dans un pays n’ayant pas d’accord d’extradition avec la France. Par ailleurs, la campagne de communication lancée par GE en France au printemps 2014 pose la question des agences médias françaises y ayant collaboré à des fins mercantiles.
Ce phénomène se trouve amplifié par l’incompétence ou la compromission d’une partie des dirigeants politiques et des hauts fonctionnaires. Dans ce dossier, le gouvernement n’a pas été à la hauteur des enjeux. Rien n’a été fait.
Pire, certains, dans la haute administration ont torpillé dès le départ la solution d’un un rachat d’Alstom par la France. Cette option a donc à peine été étudiée. 139 hauts fonctionnaires de Bercy ont eu le culot – faute d’autres arguments valables – de justifier cette décision au nom de l’intégration silencieuse des discours du Front national dans la politique économique de la France. Affligeant. Défendre les intérêts nationaux, c’est aujourd’hui être du Front national !
De plus, il convient de signaler l’irresponsable passivité des parlementaires sur ce dossier, qui n’ont jamais mesuré l’ampleur des enjeux en cours et ont laissé le gouvernement cafouiller à sa guise. En particulier, pourquoi Jean-Pierre Chevènement, dans un premier temps fortement opposé au démantèlement d’Alstom, a-t-il aussi rapidement changé d’avis? Serait-ce à cause de sa circonscription de Belfort où GE et Alstom sont les premiers employeurs ?
Enfin, il convient de ne pas oublier le silence assourdissant des syndicats, que l’on n’a pas entendus dans cette affaire. Comment la CGT, d’habitude plus réactive, a-t-elle pu rester aussi silencieuse sur ce dossier et pendant autant de temps ? En effet, rappelons que le 4 novembre 2014, au terme de la procédure d’information-consultation des instances représentatives du personnel, le conseil d’administration d’Alstom a autorisé, à l’unanimité, la signature d’un accord avec General Electric pour la cession des activités Énergie. Ainsi que l’a déclaré lui-même Patrick Kron, les partenaires sociaux ont émis un avis favorable, ce qui n’est pas très fréquent dans ce type d’opérations.
Ce sont là autant de signes inquiétants d’une démission collective. Entre la trahison des élites, l’amateurisme dont a fait preuve le gouvernement dans ce dossier, l’abandon par la France de son indépendance et sa souveraineté nationales et les multiples affaires, la cession des activités énergie d’Alstom est un véritable scandale d’État.
L’affaire Alstom révèle par ailleurs l’incompréhension de la compétition économique des dirigeants politiques français. Elle est à rapprocher d’autres offensives que les États-Unis ont déclenché contre nous, profitant de notre faiblesse politique du moment à cause d’un président impopulaire et passif : remise en cause par Washington de la vente de navires Mistral à la Russie et le racket dont a été victime BNP/Paribas.
C’est pourquoi il est temps de sortir de l’aveuglement dans lequel nous baignons : nous ne sommes plus amis avec les États-Unis, tout au plus alliés… La guerre économique est depuis longtemps déclarée et il est affligeant que nous ne rendions pas les coups ! »
Signé
Éric Denécé
Leslie Varenne
Centre français de recherche sur le renseignement sur l’affaire Alstom
(rapport n°13 de décembre 2014 ; source : http://www.cf2r.org/images/stories/RR/rr13.pdf )