Alors
que la campagne présidentielle démarre, les discours anti-pauvres et
anti-immigrés font plus que jamais recette. Fraude aux allocations,
faible participation à l’impôt, violences conjugales, natalité
excessive, oisiveté, pollution... A en croire les colporteurs de ces
préjugés, ceux qui possèdent le moins seraient responsables de tous les
maux qui frappent la société. Sauf que... faits, chiffres et études
battent en brèche ces faux arguments, qui nous détournent des vraies
responsabilités. L’association ATD quart monde a récemment publié un
ouvrage intitulé « En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté ». Basta ! s’en est inspiré, pour rappeler quelques évidences... trop souvent oubliées.
Qui
est pauvre en France, en 2016 ? Il y a la pauvreté monétaire, facile à
mesurer quantitativement. Le seuil de pauvreté fixé par l’Insee à 60% du
revenu médian – les personnes percevant un revenu inférieur à 1 000
euros par mois – concerne 8,6 millions de personnes. Près de 5 millions
d’entre elles touchent moins de 840 euros mensuels. Mais la pauvreté ne
se limite pas à la faiblesse des revenus disponibles. Être en situation
précaire, c’est aussi cumuler plusieurs insécurités : celle de l’emploi
et du logement, la possibilité de se nourrir convenablement,d’assurer
ses obligations familiales, de se chauffer correctement... Ces aspects
sont plus complexes à estimer quantitativement.
Quelle que soit la manière dont on la mesure, la pauvreté et les
personnes qui les subissent font l’objet de bien des clichés, en
particulier lors des campagnes électorales. La « pauvrophobie »
s’installe, sous diverses formes : de la culpabilisation des chômeurs
qui se complairaient dans l’assistanat sur le dos de ceux qui
travaillent, aux arrêtés anti-mendicité édictés par plusieurs villes,
jusqu’aux incendies volontaires qui visent des centres d’hébergement.
Non contents de frauder et de ne pas payer d’impôts, les pauvres
seraient en plus davantage réactionnaires et racistes que les autres,
explique-t-on à chaque nouvelle élection surprise.
« Qui aime vivre en étant traité "d’assisté", de "cas social" ?
Qui souhaite connaître la honte de pousser la porte d’un service social
ou d’une association caritative pour une aide, quand on doit nourrir ses
enfants ? », interpelle Marie-France Zimmer, militante d’ATD Quart-Monde, association qui compte 18 000 adhérents et qui vient d’éditer l’ouvrage « En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté ». Basta ! s’est inspiré de cet ouvrage pour battre en brèche quelques-uns de ces préjugés, parmi les plus répandus.
Préjugé n°1 : les pauvres pourraient travailler s’ils le voulaient
Près des deux tiers des Français seraient convaincus que « si l’on veut travailler, on trouve » [1].
Comme plusieurs ministres d’ailleurs : l’ancien ministre du Travail
François Rebsamen et Myriam El Khomri qui lui a succédé ont déclaré que
plusieurs centaines de milliers de postes – 400 000 pour le premier,
300 000 pour la seconde – étaient « abandonnés » chaque année faute de
candidats [2].
« Ce qui freine la reprise d’emploi, c’est le manque de moyens de
transport, de formations adaptées, de modes de garde accessibles pour
les enfants, les problèmes de santé et surtout le manque d’emplois
décents et suffisamment rémunérés », explique Jean-Christophe
Sarrot, co-auteur de l’ouvrage publié par ATD quart monde. Les personnes
pauvres sont aussi victimes de discrimination à l’embauche : à
qualification égale, un français perçu comme étant « d’origine
immigré », postulant pour un emploi, a cinq fois moins de chances qu’un
autre d’obtenir un entretien [3].
Une personne qui fait apparaître sur son CV un emploi en insertion ou
un foyer d’hébergement comme domicile a également moins de chance de
décrocher un rendez-vous. Par ailleurs, entre 2007 et 2011, un demi
million de personnes ont renoncé à un poste en raison de problèmes de
logement et du surcoût de la mobilité exigée. Il y a enfin des offres
d’emploi farfelues : par exemple une heure de ménage par semaine, en
pleine campagne, le dimanche.
Préjugé n°2 : les pauvres ne paient pas d’impôts
Combien de fois entend-on que la moitié des Français ne paient pas
l’impôt sur les revenus, tandis que les classes moyennes aisées seraient
« matraquées » par le fisc ? Oui, les personnes en situation de
pauvreté « échappent » à l’impôt sur le revenu. Elles paient cependant
comme tout le monde le principal impôt, la TVA perçue sur tous les
produits et services qu’elles achètent, qui constitue 50% des recettes
fiscales de l’État. Les personnes célibataires qui gagnent plus de 10
700 euros par an – soit plus de 892 euros par mois – paient aussi la
contribution sociale généralisée (CSG) et la contribution au
remboursement de la dette sociale (CRDS). Ces deux impôts contribuent au
financement de la sécurité sociale.
Résultat : les 10% de la population française qui ont les revenus les
plus bas paient en moyenne 40 % d’impôts – le taux moyen d’imposition –
quand les 0,1% les plus riches en paient environ 35%. Si « matraquage
fiscal » il y a, ce sont les pauvres qui le subissent. Comment
s’explique cette inégalité flagrante ? Même avec des revenus mensuels
d’environ 1 000 euros, une personne va contribuer aux cotisations
sociales, aux impôts sur la consommation, à l’impôt sur le revenu, qui
mobilisent une proportion beaucoup plus grande de ses maigres revenus
que les 0,1% les plus aisés qui touchent plus de 250 000 euros par an.
Et ces données ne prennent pas en compte les niches fiscales, grâce
auxquelles une partie des plus hauts revenus diminuent encore davantage
leur taux d’imposition.
Préjugé n°3 : les pauvres touchent des aides indûment ou fraudent massivement
Si elle est bien réelle, la fraude aux prestations sociales est très
faible par rapport aux autres types de fraudes, notamment la fraude
fiscale. En 2016, la fraude au RSA a coûté 100 millions d’euros à
l’État, soit 30 fois moins que la fraude fiscale qui a amputé le budget
de la France de plus de trois milliards d’euros. Et 168 fois moins que
la fraude patronale aux cotisations sociales, estimée par la Cour des
comptes à 16,8 milliards en 2012 (lire ici). La fraude douanière coûte, elle, plus de 400 millions d’euros.
Reste la question des fraudes aux prestations familiales, estimées à un milliard d’euros. « En
face du milliard d’euros de fraudes estimées aux prestations
familiales, alignons les montants estimés des non-recours à ces mêmes
prestations, propose Jean-Christophe Sarrot : 5,3 milliards pour
le RSA, 4,7 milliards pour les prestations familiales et le logement,
828 millions pour l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), soit, au
total, environ 11 milliards « économisés » chaque année par l’État. »
La complexité des démarches et leur dématérialisation croissante, la
volonté de ne pas dépendre de l’aide publique, le manque d’information,
le souhait de ne pas être contrôlé ou la crainte de la stigmatisation
expliquent cette proportion importante de personnes qui renoncent aux
aides sociales auxquelles elles ont pourtant droit. En 2015, la Caisse
nationale d’allocations familiales a détecté 40 000 fraudes, pour un
montant total avoisinant 250 millions d’euros (soit 6250 euros par
fraude avérée).
Préjugé n°4 : les pauvres profitent des logements HLM et du RSA
65 % des familles vivant dans la pauvreté sont logées dans le parc
privé, le plus souvent dans des logements dégradés et surpeuplés. Cette
situation n’est pas prête de s’inverser, vu le coût sans cesse croissant
des logements HLM : la part du loyer et des charges dans les revenus
des locataires HLM est passé de 16% en 1984 à 23% en 2011. Résultat :
les bailleurs sociaux accueillent de plus en plus de classes moyennes.
« À l’opposé de ce que pensent les trois quarts des Français, on ne peut pas gagner plus avec le RSA qu’avec le Smic »,
insiste Jean-Christophe Sarrot. Le montant du Smic net mensuel est de
1 144 euros en 2016, celui du RSA est de 525 euros (461 euros en cas
d’aide au logement). Un couple avec deux enfants de moins de 14 ans et
percevant chacun le RSA ainsi qu’une aide au logement vit avec 1 523
euros par mois. S’ils travaillaient chacun payé au Smic, ils gagneraient
2 211 euros par mois, soit une augmentation de 45%.
Les pauvres feraient-ils alors des enfants pour s’enrichir ? Le taux
de fécondité des familles ouvrières françaises est à peine plus élevé
que celui des familles cadres : 2,3 enfants contre 2,2 enfants ! On
estime que les aides sociales et fiscales couvrent à peine un tiers des
dépenses liées à un enfant pour les familles les moins fortunées [4].
Préjugé n°5 : les pauvres se désintéressent de la politique ou votent FN
En 2012, 67% des personnes les plus précaires disaient avoir de très fortes intentions de voter au scrutin présidentiel. « C’est
moins que pour les personnes plus favorisées, mais cela montre que le
lien avec la politique résiste à l’insécurité économique, à l’isolement
social et à la stigmatisation rencontrés par les personnes en précarité,
alors même que les débats politiques abordent peu, en général, les
questions qui les concernent directement, voire les stigmatisent » , remarque Jean-Christophe Sarrot.
Lors de la dernière élection présidentielle, Marine Le Pen a doublé
son score chez les électeurs précaires (20 %) par rapport aux plus
favorisés (11 %). Mais, plus que les catégories les plus appauvries,
c’est davantage les classes moyennes inférieures menacées de
déclassement : ouvriers, employés, voire petits patrons. Bref, ceux qui
ont un petit patrimoine, possèdent parfois leur logement, ont un statut
social et craignent de le perdre. « Paradoxalement, ce ne sont pas les plus pauvres qui votent FN, éclaire le démographe Hervé Le Bras. Ils
sont plutôt abstentionnistes ou ne sont pas inscrits sur les listes
électorales. Les chômeurs, par exemple, ne sont pas plus frontistes que
le reste de la population. Plus que la condition sociale ou la
profession, ce qui regroupe les électeurs de ce parti, c’est plutôt le
sentiment de ne pas s’en sortir face à la crise, et de ne pas avoir
d’avenir [5]. »
Préjugé n°6 : les pauvres polluent et se foutent de l’écologie
Le bilan carbone – émissions de gaz à effet de serre par an généré
par le mode de transport, d’alimentation et d’habitat – d’un cadre
supérieur est de 8 580 kg de CO2. Celui d’un ouvrier est de 6 828 kg. Il
pollue donc 20% de moins qu’un cadre (la moyenne est de 7 388 kg de CO2
pour l’ensemble de la population) [6]. « On
peut imaginer sans grand risque d’erreur que les personnes confrontées
au chômage et à la précarité polluent encore moins que les ouvriers », relève Jean-Christophe Sarrot. Au
quotidien, les familles en précarité mettent en œuvre des pratiques
dévalorisées par notre société de consommation et qui peuvent soutenir
la transition écologique : faire durer les objets, les remettre en état
et les réutiliser, prêter et s’entraider, économiser l’énergie. »
S’ils génèrent moins de pollution, les pauvres en subissent en
revanche les conséquences, plus encore que le reste de la population. « À
Paris, ce sont les familles précaires qui souffrent le plus des pics de
pollution, parce qu’elles habitent dans des endroits exposés, par
exemple à proximité du périphérique et qu’elles ont peu de moyens de s’y
soustraire, n’ayant pas de quoi partir en vacances ou en week-ends. »
Les bénéficiaires de la CMU souffrent d’ailleurs plus de maladies
respiratoires chroniques que le reste de la population (57 pour 1 000
contre 35 pour 1 000). Et aux États-Unis, l’industrie du gaz de schiste
est accusée de venir « mettre ses déchets chez les Noirs et les pauvres ».
Préjugé n°7 : les pauvres ne savent pas gérer leur budget
Les pauvres sombreraient dans le consumérisme et dépenseraient à tout
va, en se surendettant pour un écran plat ou un smartphone. « La
diffusion des téléphones portables et des écrans plats s’est tellement
répandue qu’ils ne sont plus vraiment un signe d’opulence, avance Jean-Christophe Sarrot. Et
comme le rappelle Joseph Stiglitz (ancien économiste en chef de la
banque mondiale et prix Nobel d’économie en 2001, ndlr) dans son ouvrage
sur les inégalités, ce n’est pas en vendant leur télé que les personnes
pauvres vont pouvoir se payer durablement à manger, se soigner ou
financer les études de leurs enfants [7] ! »
Le fait de ne pas pouvoir manger de la viande régulièrement serait un
indicateur de pauvreté plus « fiable ». Selon Eurostat, en 2015 en
France, 7,3 % de la population était dans l’impossibilité de manger de
la viande au moins un jour sur deux. C’est l’un des taux les plus élevés
d’Europe (7,5% en Allemagne, 2,6 % en Espagne, 1,7% au Danemark).
« En matière de gestion financière, les personnes en précarité déploient bien souvent un grand savoir-faire », souligne Jean-Christophe Sarrot. « Je tiens un cahier où j’écris tout ce que je dépense, témoigne une mère de famille. Je
mets la date, la nature de l’achat, le prix et je fais le solde. Je
fais des choix, le premier choix c’est pour mon fils quand il veut et
que je peux [8]. » « Le réseau Crésus,
qui gère les dossiers de surendettement, nous rappelle que l’incapacité
à gérer un budget familial touche toutes les couches de la société », ajoute Jean-Christophe Sarrot.
Préjugé n°8 : les pauvres frappent leurs femmes et
maltraitent leurs enfants, par ailleurs plus réceptifs à la propagande
islamiste
La maltraitance des enfants existe dans tous les milieux sociaux. Si
les familles défavorisées sont souvent sur-représentées dans les
statistiques, c’est parce qu’elles sont plus observées que les autres
par les services sociaux. Il est plus facile pour les familles aisées
d’éviter les investigations. Il en va de même pour les violences faites
aux femmes. Plus facilement dans le collimateur de la Justice et des
services sociaux, les hommes violents des milieux pauvres sont plus
souvent repérés. Les plus riches, que l’on soupçonne moins, ont en plus
les moyens de s’entourer d’un réseau de soutien et se payer de bons
avocats.
« Des jeunes de tous milieux et de toutes convictions religieuses sont touchés par la propagande de l’État islamique, note par ailleurs Jean-Christophe Sarrot, y compris dans les classes moyennes et supérieures [9]. » « Il n’y a pas de profil type pour ceux qui partent en Syrie, hormis leur jeunesse, rappelle de son côté l’anthropologue Alain Bertho que Basta ! avait interviewé peu après les attentats de Paris, en novembre 2015 (Voir l’entretien ici). Un
tiers environ sont des convertis à l’islam ; il y a des jeunes issus
des cités, qui ressentent la stigmatisation depuis des années ; d’autres
ont un métier et une famille ; certains ne fréquentaient pas les
mosquées mais leurs ordinateurs. »
Préjugé n°9 : tout le monde peut se retrouver à la rue, faire la manche peut rapporter gros
Les trois quarts des personnes sans domicile fixe sont passées par
des foyers ou ont été placées en famille d’accueil au cours de leur
enfance. Si elles ont été retirées à leurs parents, c’est qu’elles ont
souvent été victimes de violences graves. La moitié d’entre elles ont
été marquées par la maladie ou le décès d’au moins un de leurs parents
avant l’âge de 18 ans, soit trois fois plus que le reste population. Un
tiers des personnes à la rue ont connu des difficultés économiques avant
l’âge de 18 ans, taux là encore trois fois plus élevé que chez les
personnes occupant un logement ordinaire.
Même si la peur de se retrouver seul et sans domicile est très
répandue parmi celles et ceux qui se sentent victimes de déclassement, « le risque est en réalité très faible pour celui ou celle qui peut compter sur un réseau social et un métier »,
éclaire Jean-Christophe Sarrot. Quant à l’idée de se la couler douce en
faisant la manche, elle est elle aussi battue en brèche. Une personne
qui fait la manche sur un trottoir parisien voit défiler entre 850 et
3 000 personnes par heure, pour un gain quotidien dépassant rarement les
10 ou 30 euros. C’est en moyenne deux fois moins pour les Roms [10].
Préjugé n° 10 : l’immigration augmente massivement en France
Entre 1975 et 2013, l’immigration a augmenté de 1,4 point : de 6,6%
en 1931, la part de la population immigrée est passée à 7,4% en 1975,
pour arriver à 8,8 % en 2013. Nous sommes très loin des 23 % qu’imagine
une partie des Français [11].
Et contrairement à ce qu’affirme le maire de Béziers, Robert Ménard,
qui promet une invasion de Syriens à ses concitoyens, la France
accueille très peu de réfugiés. Entre 2011 et 2015, seulement 10 000
Syriens ont obtenu les statut de réfugiés en France, soit 2 000 en
moyenne par an, alors que l’Allemagne en a accueilli plus d’un million
rien qu’en 2015.
La France n’attire guère. En septembre 2015, sur les 1 000 réfugiés
arrivés en Allemagne que l’on proposait d’accueillir, seuls 600 ont
accepté. « Beaucoup savent qu’ils ne sont pas attendus à bras
ouverts : en 2014, la France a rejeté 83 % des demandes d’asile, bien
plus que ses voisins européens », remarque Jean-Christophe Sarrot.
Soumis à des démarches complexes et parfois opaques, sans droit de
travailler – en Allemagne, les demandeurs d’asile peuvent travailler au
bout de trois mois – sans autre aide que la faible allocation pour
demandeur d’asile (de 200 à 340 euros par mois) et l’aide médicale
d’État, la plupart d’entre eux sont condamnés à vivre dans une grande
précarité [12].
Préjugé n°11 : les étrangers sont attirés par notre protection sociale et ils nous coûtent cher
Les conditions d’accès à notre protection sociale sont restrictives.
Pour prétendre au RSA par exemple, les personnes issues d’un pays non
membre de l’Union européenne doivent être titulaires depuis au moins
cinq ans d’un titre de séjour les autorisant à travailler. Les
conditions d’obtention du minimum vieillesse sont elles-aussi
contraignantes : une personne de nationalité étrangère doit, soit
détenir depuis 10 ans un titre de séjour l’autorisant à travailler, soit
être réfugiée, apatride, ou ancien combattant, soit être ressortissante
d’un État membre de l’Espace économique européen ou suisse. Il faut
également résider régulièrement en France. Personne ne peut donc
débarquer en France et toucher le minimum vieillesse ou le RSA du jour
au lendemain.
Selon Médecins du monde, qui prend en charge des réfugiés partout en
Europe, seulement 2,3% des migrants interrogés citent la santé
personnelle comme motif de migration, loin derrière les raisons
économiques (48,1%), politiques, ethniques, religieuses ou d’orientation
sexuelle (23,7%) [13].
Les personnes qui quittent leur pays et rejoignent l’Europe au péril de
leur vie veulent avant tout éviter d’être tuées et trouver un travail. « La
plupart des migrants se trouvent dans un état de santé normal à leur
arrivée, (...) ce sont surtout les conditions d’accueil qui leur sont
faites ici qui, au fil des mois, provoquent chez eux des maladies », précise Médecins du monde.
Les immigrés, quand ils sont correctement accueillis, apportent une
diversité culturelle et professionnelle qui favorise l’économie des pays
d’accueil. Mais ils créent en plus de la richesse et de l’emploi, car
ils sont aussi consommateurs, cotisants et contribuables (TVA et autres
impôts). Ces contributions compensent, parfois largement, les coûts
(santé, éducation, chômage) liés à la prise en charge des personnes
immigrées. Un comparatif établi en 2005 montre que cette année là
l’immigration a rapporté plus de 72 milliards d’euros à la France via
les cotisations et impôts, et coûté environ 68 milliards d’euros, soit
un solde positif de 4 milliards d’euros [14].
Selon l’organisation internationale de coopération et de développement
économiques (OCDE), il faudrait mieux intégrer les immigrés au marché du
travail, car c’est la voie principale par laquelle ils contribuent aux
ressources fiscales de leurs pays d’accueil.
Nolwenn Weiler
Dessins : Rodho