Le cas emblématique de la crise de l’endettement est la Grèce, qui a subi
depuis 2010 neuf plans d’austérité d’une sévérité extrême, auxquels le peuple
grec a répondu par quatorze grèves générales. Pourtant, il existe une
solution.
Le cas de la crise de la dette grecque est un cas d’école et illustre l’échec
total des politiques néolibérales. En effet, malgré l’intervention de l’Union
européenne, du Fonds monétaire international et de la Banque centrale
européenne, malgré l’application de neuf plans d’une austérité extrême – hausse
massive d’impôts dont la TVA, hausse des prix, réduction des salaires (jusqu’à
32% sur le salaire minimum !) et des pensions de retraite, recul de l’âge légal
de départ de la retraite, destruction des services publics de première nécessité
tels que l’éducation et la santé, suppression des aides sociales et
privatisations des secteurs stratégiques de l’économie nationale (ports,
aéroports, chemins de fer, gaz, eaux, pétrole) – qui ont mis à genoux la
population [1], la dette est aujourd’hui supérieure à ce
qu’elle était avant l’intervention des institutions financières internationales
en 2010 [2].
Pourtant, la crise grecque aurait pu être évitée. En effet, il aurait simplement fallu que la Banque centrale européenne prête directement à Athènes les sommes nécessaires, au même taux d’intérêt qu’elle prête aux banques privées, c’est-à-dire entre 0% et 1%, ce qui aurait empêché toute spéculation sur la dette de la part de la finance. Or, le Traité de Lisbonne rédigé par Valéry Giscard d’Estaing, interdit cette possibilité pour des raisons difficilement compréhensibles si l’on part du postulat selon lequel la BCE agit dans l’intérêt des citoyens [3]. En effet, l’article 123 du Traité de Lisbonne stipule qu’il « est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées « banques centrales nationales », d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres ; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales des instruments de leur dette est également interdite [4] ». En réalité, la BCE sert directement les intérêts de la finance. Ainsi, les banques privées ont emprunté à la BCE au taux bas de 0% à 1% et ont ensuite spéculé sur la dette en prêtant ce même argent à la Grèce à des taux allant de 6% à 18%, aggravant ainsi la crise de la dette, devenue mathématiquement impayable, puisque Athènes se trouve désormais dans l’obligation d’emprunter uniquement pour rembourser les seuls intérêts de la dette [5]. Pis encore, la BCE revend à la Grèce des titres de sa dette au prix fort, c’est-à-dire de 100% de leur valeur, alors qu’elle les a acquis à 50%, spéculant ainsi sur le drame d’une nation. Pour ces raisons, il est indispensable de réformer en profondeur le Traité européen afin d’autoriser la BCE à prêter directement aux Etats et à éviter ainsi les attaques spéculatives de la Finance sur les dettes souveraines. Ce fut le cas en Grèce, en Irlande, en Espagne, au Portugal et en Italie, pour ne citer que ces nations. Les leçons en provenance de la nouvelle Amérique latine L’Europe a beaucoup à apprendre de la nouvelle Amérique latine représentée par le Brésil de Dilma Roussef, le Venezuela d’Hugo, Chávez, la Bolivie d’Evo Morales, l’Argentine de Cristina Kirchner et l’Equateur de Rafael Correa, en termes de lutte contre la finance et de récupération de la souveraineté et du destin national. Toutes ces nations ont choisi de placer l’être humain au centre du projet de société et de se débarrasser du fardeau de la dette, afin de mettre un terme à l’influence des institutions financières internationales tels que le Fonds monétaire international et la Banque mondiale. L’Equateur du président Correa a indiqué la marche à suivre. En effet, ce dernier a réussi à faire passer la dette de 24% à 11% du PIB sans appliquer de mesures d’austérité. Celle-ci, contractée dans les années 1970 par des régimes dictatoriaux, était par essence illégitime et entrait dans la catégorie de dette dite « odieuse [6] ». Le concept de « dette odieuse », c’est-à-dire illégitimement imposée, remonte à 1898 lorsque les Etats-Unis, suite à leur intervention militaire à Cuba, ont décidé de décréter unilatéralement l’annulation de la dette de La Havane vis-à-vis de Madrid, car contractée par un régime colonial illégitime. Entre 1970 et 2007, l’Equateur a remboursé 172 fois le montant de la dette de 1970. Néanmoins, grâce aux intérêts exorbitants imposés à la nation, le volume de celle-ci a été multiplié par 53. De la même manière, entre 1990 et 2007, la Banque mondiale a prêté 1,44 milliards de dollars et l’Equateur a remboursé à cette institution la somme de 2,51 milliards de dollars. Le service de la dette représentait entre 1980 et 2005 50% du budget de la nation, au détriment de tous les programmes sociaux [7]. A son arrivée au pouvoir en 2007, Correa réduit le service de la dette à 25% du budget national et crée la Commission pour l’audit intégral de l’Endettement public, afin d’évaluer la légitimité de la dette [8]. La Commission publia son rapport et considéra que la dette commerciale équatorienne était illégitime. En novembre 2008, le président Correa a procédé à la suspension du paiement de 70% de la dette publique. Conséquence logique, la valeur de la dette équatorienne a perdu 80% de sa valeur dans le marché secondaire. Quito en a profité pour racheter 3 milliards de sa propre dette pour une somme de 800 millions de dollars, réalisant ainsi une économie de 7 milliards de dollars d’intérêts que le pays aurait payé jusqu’à 2030. Ainsi, par un simple audit international, l’Equateur a réduit, sans aucun frais, sa dette de près de 10 milliards de dollars. La dette publique est passée de 25% du PIB en 2006 à 15% du PIB en 2010. Dans le même temps, les dépenses sociales (éducation, santé, culture, etc.…) sont passées de 12% à 25% [9]. L’Europe doit suivre la voie tracée par la nouvelle Amérique latine. En effet, le problème de la dette publique ne peut en aucun cas être résolu par l’application de mesures d’austérité politiquement désastreuses, socialement injustes et économiquement inefficaces. Les vagues de privatisations de secteurs clés de l’économie nationale et la remise en cause des droits sociaux chèrement conquis ne sont pas non plus la solution pour une dette mathématiquement impayable. L’issue est pourtant simple : que la Banque centrale européenne prête directement aux Etats au même taux que celui réservé aux banques privées et que le pouvoir de création monétaire soit une exclusivité des banques centrales. L’intérêt général doit prévaloir sur celui des banques privées. Qui osera en Europe prendre exemple sur le Nouveau Monde latino-américain et avoir le courage politique d’affronter le monde de la finance ? Salim Lamrani Opera Mundi http://operamundi.uol.com.br/conteudo/opiniao/22483/como+resolver+a+crise+grega.shtml Docteur ès Etudes Ibériques et Latino-américaines de l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, Salim Lamrani est enseignant chargé de cours à l’Université Paris Sorbonne-Paris IV, et l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée, et journaliste, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Son dernier ouvrage s’intitule État de siège. Les sanctions économiques des Etats-Unis contre Cuba, Paris, Éditions Estrella, 2011 (prologue de Wayne S. Smith et préface de Paul Estrade). Contact : lamranisalim@yahoo.fr Page Facebook : https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel
[1]
Le Figaro, « Grèce : les 10 nouvelles mesures de rigueur », 13 février
2012.
[2] Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers monde (CADTM), « Le CADTM dénonce la campagne de désinformation sur la dette grecque et le plan de sauvetage des créanciers privés », 10 mars 2012. http://www.cadtm.org/Le-CADTM-denonce-la-campagne-de (site consulté le 29 avril 2012). [3] Le Monde Diplomatique, « Les Irlandais rejettent le Traité de Lisbonne », 13 juin 2009. http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-06-13-Les-Irlandais-rejettent-le-traite (site consulté le 29 avril 2012). [4] Traité de Lisbonne, article 123. [5] Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers monde (CADTM), « Le CADTM dénonce la campagne de désinformation sur la dette grecque et le plan de sauvetage des créanciers privés », op. cit. [6] Jean-Luc Mélenchon, « Comment l’Equateur s’est libéré de sa dette », http://www.jean-luc-melenchon.fr/arguments/comment-lequateur-sest-libere-de-la-dette/ (site consulté le 13 juin 2012). [7] Ibid. [8] Comisión para la Auditoría Integral del Crédito Público, juillet 2007. [9] Guillaume Beaulande, « Equateur : le courage politique de dire non à la dette et au FMI », Place au Peuple 2012, 14 décembre 2011.
29 juin 2012
URL de cet article 17095
http://www.legrandsoir.info/comment-resoudre-la-crise-grecque.html |
Vous trouverez sur ce blog, beaucoup d'articles et de vidéos d'actualité. Les points de vue présentés dans ces articles et vidéos ne sont pas forcément les miens, mais ils peuvent amener une réflexion. Chacun se fera une opinion avec autre chose que le discours formaté des politiques et des médias.Vous y trouverez aussi les réponses aux questions qui me sont posées concernant mes livres. Les thèmes de mes ouvrages sont le développement personnel et la spiritualité.
samedi 30 juin 2012
Comment résoudre la crise grecque par Salim LAMRANI - article Le grand soir
vendredi 29 juin 2012
jeudi 28 juin 2012
Tara la guérisseuse :"On ne se connecte pas à l’objet mais à la source. »
« Pour
récupérer ensuite, il est possible de se ressourcer, grâce à la nature, au
soleil, et tout simplement en respirant, la respiration consciente étant plus
efficace encore. Mais attention ! On ne se connecte pas à l’objet mais à la
source. »
La lecture de la dernière phrase de ce passage
vous plonge dans le doute, chers lecteurs ! Tous mes livres contiennent ce
genre de petits messages, posés là, ou lancés, après des explications plus
précises, semant le trouble dans ce qui semblait des certitudes. C’est que ce
questionnement doit exister, car ce questionnement ouvre des portes.
« On
ne se connecte pas à l’objet mais à la source.»
Voyons maintenant cette phrase d’un peu plus
près. Le soleil, un arbre, une fleur, sont des éléments de la nature au même
titre que l’homme. Nous sommes cousins, ou frères, en somme, issus de la même
source, de la même énergie créatrice. Mais concrètement, matériellement, nous
prenons des formes différentes. Chacun a une façon particulière de se manifester
dans le monde. Et nous devons vivre en harmonie. Pour certains, l’arbre et la
fleur ne sont que des images ou que des corps, mais ils sont bien plus que
cela.
Rappelez-vous chers lecteurs, qu’on peut
« utiliser » un arbre pour se ressourcer, ou bien lui demander de
l’aide. Ce n’est pas la même chose !
Il s’agit d’entrer dans la conscience de la vie, ou de
ce que l’on pourrait appeler l’esprit, un esprit qui habite ces corps et dont
on ne voit que les couleurs et les formesRéception à l’Elysée : les jeûneurs refoulés par la police (Pressenza).
Réception à l’Elysée : les jeûneurs refoulés par la police.
http://www.pressenza.com/npermalink/reception-a-lxelysee-x-les-jeuneurs-refoules-par-la-policex
On leur avait promis qu’ils seraient reçus à l’Elysée. Ils sont venus de Saintes. Ils n’ont pas été déçus du voyage. Ils ont eu droit à un comité d’accueil bleu marine.
27/06/12
PressenzaPressenza International Press Agency SAINTES, 27/06/12Lundi matin, 25 juin, à l’issue d’une conférence de presse à laquelle a participé le nouveau secrétaire national d’EELV, Pascal Durand, une délégation composée de trois adhérents d’ACDN : Jean-Marie Matagne, président, en grève de la faim depuis le 15 mai dernier, Luc Dazy, en grève de la faim depuis le 1er juin, et Eric Bastin, porte-parole national de « Monde sans Guerres et Sans Violence », a voulu se présenter à la porte de l’Elysée où elle devait être reçue à 11 heures, d’après une communication téléphonique de la Préfecture de La Rochelle datant de samedi matin. Ils étaient accompagnés de quelques journalistes, dont une journaliste et un caméraman de France 3 National.
Ils sont interceptés à l’angle de la Rue du Faubourg Saint Honoré et de la Rue des Saussaies, à une petite centaine de mètres de l’entrée de l’Elysée, par une dizaine de policiers en uniforme à fourragère. Ceux-ci les empêchent de continuer leur route sur le trottoir, au contraire des autres passants, contrôlent leurs identités, exigent qu’ils replient une banderole de 2 mètres où il est écrit « Abolition des armes nucléaires ! » et les repoussent sous prétexte de « sécurité » sur le trottoir de la Rue des Saussaies, très étroit à cet endroit. Finalement, la banderole doit être repliée. Ils interdiront en outre, chose inouïe, au caméraman de France 3 de filmer quoi que ce soit. Les "invités" devront repartir sans passer devant l’Elysée, qui est sur leur chemin.
Les tractations pour se faire recevoir durent près d’une heure. Joint au téléphone par Jean-Marie Matagne, le chef de cabinet de Madame le préfet de La Rochelle confirme sa version des faits : la Préfecture a bien eu de l’Elysée l’annonce que la délégation serait reçue. Mais les représentants de l’ordre, de même que l’un des intermédiaires de l’Elysée venu sur place, refusent de prendre la communication et maintiennent, sur consigne de l’Elysée, que la délégation n’a pas été invitée et qu’elle n’a qu’à attendre un courrier à venir dans le courant de la semaine, dont le contenu n’a pas été révélé.
Au cours des échanges, les policiers ont à plusieurs reprises affirmé à la délégation qu’elle aurait dû disposer d’une autorisation écrite de la Préfecture de Paris pour pouvoir exhiber sa banderole ; que toute banderole ou pancarte, fût-elle portée par une seule personne, était preuve de manifestation dès lors qu’elle était "revendicative", et que toute manifestation devait faire l’objet d’une déclaration et d’une autorisation préalables, à défaut de quoi elle était illégale. Un policier est allé jusqu’à dire qu’un unique manifestant non autorisé pouvait à lui seul constituer un attroupement illégal. En somme, désormais, seuls les hommes-sandwiches porteurs d’une publicité (sous réserve qu’elle ne soit pas "revendicative"...) sont encore autorisés a priori à déambuler sur les trottoirs parisiens.
Outre le manque de parole ou d’ouverture dont a fait preuve l’Elysée, ACDN dénonce ces graves atteintes aux libertés publiques - à rapprocher de la répression violente dont les manifestants contre la ligne THT ont fait l’objet en Normandie ce week-end. Atteintes :- à la liberté d’expression- à la liberté de manifestation- à la liberté d’information.
ACDN attend le courrier de l’Elysée, mais appelle toutes les forces démocratiques à se mobiliser contre une dérive autoritaire qui augurerait bien mal du "changement" promis.
Ils sont interceptés à l’angle de la Rue du Faubourg Saint Honoré et de la Rue des Saussaies, à une petite centaine de mètres de l’entrée de l’Elysée, par une dizaine de policiers en uniforme à fourragère. Ceux-ci les empêchent de continuer leur route sur le trottoir, au contraire des autres passants, contrôlent leurs identités, exigent qu’ils replient une banderole de 2 mètres où il est écrit « Abolition des armes nucléaires ! » et les repoussent sous prétexte de « sécurité » sur le trottoir de la Rue des Saussaies, très étroit à cet endroit. Finalement, la banderole doit être repliée. Ils interdiront en outre, chose inouïe, au caméraman de France 3 de filmer quoi que ce soit. Les "invités" devront repartir sans passer devant l’Elysée, qui est sur leur chemin.
Les tractations pour se faire recevoir durent près d’une heure. Joint au téléphone par Jean-Marie Matagne, le chef de cabinet de Madame le préfet de La Rochelle confirme sa version des faits : la Préfecture a bien eu de l’Elysée l’annonce que la délégation serait reçue. Mais les représentants de l’ordre, de même que l’un des intermédiaires de l’Elysée venu sur place, refusent de prendre la communication et maintiennent, sur consigne de l’Elysée, que la délégation n’a pas été invitée et qu’elle n’a qu’à attendre un courrier à venir dans le courant de la semaine, dont le contenu n’a pas été révélé.
Au cours des échanges, les policiers ont à plusieurs reprises affirmé à la délégation qu’elle aurait dû disposer d’une autorisation écrite de la Préfecture de Paris pour pouvoir exhiber sa banderole ; que toute banderole ou pancarte, fût-elle portée par une seule personne, était preuve de manifestation dès lors qu’elle était "revendicative", et que toute manifestation devait faire l’objet d’une déclaration et d’une autorisation préalables, à défaut de quoi elle était illégale. Un policier est allé jusqu’à dire qu’un unique manifestant non autorisé pouvait à lui seul constituer un attroupement illégal. En somme, désormais, seuls les hommes-sandwiches porteurs d’une publicité (sous réserve qu’elle ne soit pas "revendicative"...) sont encore autorisés a priori à déambuler sur les trottoirs parisiens.
Outre le manque de parole ou d’ouverture dont a fait preuve l’Elysée, ACDN dénonce ces graves atteintes aux libertés publiques - à rapprocher de la répression violente dont les manifestants contre la ligne THT ont fait l’objet en Normandie ce week-end. Atteintes :- à la liberté d’expression- à la liberté de manifestation- à la liberté d’information.
ACDN attend le courrier de l’Elysée, mais appelle toutes les forces démocratiques à se mobiliser contre une dérive autoritaire qui augurerait bien mal du "changement" promis.
mercredi 27 juin 2012
lundi 25 juin 2012
Jean-Luc Nobleaux : “Les radars sont des machines à sous,
mais aussi et surtout un vrai jackpot orwellien !” (Enquête et
débat)
http://www.enquete-debat.fr/archives/jean-luc-nobleaux-les-radars-sont-des-machines-a-sous-mais-aussi-et-surtout-un-vrai-jackpot-orwellien-13400
21 juin
2012, 22:33Auteur : Jean
E&D : Les médias se font l’écho en ce moment de l’installation du premier radar mesurant la vitesse moyenne. Pourquoi ce nouveau genre de radar maintenant ?
C’est juste
le programme prévu qui est appliqué. Ces nouveaux radars mesurent la vitesse
moyenne sur plusieurs kilomètres.
Le but pour
le gouvernement reste de déterminer quel type de radar “piège” le plus
efficacement automobilistes et motards, dans un but de surveillance globale. Ce
nouveau matériel diffère des autres dans la mesure où il enregistre absolument
TOUTES les plaques d’immatriculation, pas seulement celles des contrevenants.
Les gens ne réalisent toujours pas que le but premier du système radars en
France est ce que les sociologues appellent : “le contrôle de la société”. Ce
projet se met en place très discrètement, mais il n’a jamais été secret. A
terme ce maillage numérique doit permettre de tracer et surveiller nos
déplacements routiers, tout en améliorant le fichage et la ponction fiscale
(reconnaissance biométrique, fichier des gens dits “honnêtes”, etc.). Pour cela
il faut multiplier les cabinettes, habituer les gens à être surveillés et
photographiés par des machines. Or un radar dit “tronçon” c’est 3 miradors à la
suite (un radar pédagogique + 2 autres calculant la vitesse moyenne et
enregistrant un max d’infos). Les radars sont des machines à sous, mais aussi
et surtout un vrai jackpot orwellien !
E&D :
Vous avez démontré dans votre livre Radars le grand mensonge (Tatamis, 2009)
que les radars n’étaient pour rien dans la baisse de la mortalité sur les
routes. Cela sera-t-il également le cas pour ce nouveau genre de radar ?
A l’examen
des chiffres (ceux fournis par le gouvernement) il s’avère qu’il est
mathématiquement impossible d’affirmer qu’en France les flashes sont un
bienfait pour la “sécurité routière”. Mieux, presque partout où des études ont
été faites, notamment aux USA, on constate que les radars de feux tricolores
provoquent plus d’accidents qu’ils n’en évitent. Tout ceux qui prétendent le
contraire sont des crétins ou des malhonnêtes.
Quant aux
chiffres qui « prouveraient » que les radars – de “vitesse moyenne” ou autres
-, réduisent la mortalité de 50% sur les autoroutes et voies rapides, ils sont
bidon. Les autoroutes c’est là où il y a le moins d’accidents, c’est un jeu
d’enfant de manipuler les statistiques. Exemple : en 2010 on compte 2 morts sur
telle autoroute. En 2011 on compte un mort et deux blessés sur cette même autoroute.
Bilan annoncé par Chantal Perrichon et le gouvernement à coups de trompes : 50%
d’amélioration de la mortalité ! ça ne veut rien dire surtout dans un contexte
de baisse continuelle des accidents depuis 30 ans, et de tripatouillage
incessant des statistiques officielles. C’est l’habituelle propagande destinée
à berner les faibles d’esprit.
E&D :
Vous expliquiez également que les radars avaient été mis en place par Nicolas
Sarkozy depuis 2002. Avec le changement de parti au pouvoir, la politique des
radars va-t-elle aussi changer ?
“Le
changement c’est maintenant” mais la répression routière continue. Pire,
Frédéric Péchenard, ex-flic très proche de Sarkozy vient d’être nommé par
François Hollande à la tête du bureau dit de la “Sécurité routière”, rattaché
au ministère de l’Intérieur. Cela peut signifier que les bébés sarkozistes
seront bien gardés et/ou que tout le monde va désormais en “croquer” (UMP comme
PS). Cela signifie surtout que le projet ultime, qui est de faire du maillage
des radars le premier flic de France, a toutes les “chances” d’être mené à son
terme. Quel président de la république aurait le courage de se passer d’un
outil de flicage si puissant ?
D’ailleurs
un consensus droite-gauche règne depuis longtemps sur cette question, comme sur
beaucoup d’autres. Le seul vrai chantier “sécuritaire” en France depuis 15 ans,
c’est la répression routière. Pendant ce temps-là, des chantiers réellement
problématiques pour le pays comme l’évasion fiscale, ou la délinquance urbaine
sont délibérément négligés.
E&D : Un
autre livre sur les radars vient de sortir, connaissez-vous son auteur et
l’avez-vous lu, si oui qu’en pensez-vous ?
Je ne l’ai
pas encore lu, mais Denis Boulard son auteur – qui ne vient pas de la presse
auto ou moto – m’a souvent consulté pour écrire son livre. Son enquête de 100
pages est axée sur le côté “bizness” de la répression routière. Certes mon
bouquin est assez complet, mais Denis n’a pas son pareil pour dénicher des
chiffres et autres anecdotes croustillantes. Il fait partie d’une race en voie
de disparition, les journalistes qui investiguent, encore appelés “fouineurs”.
C’est lui par exemple qui avait “sorti” l’affaire du non-vote de Cécilia
Sarkozy lors du 2e tour des présidentielles de mai 2007, alors qu’il bossait au
JDD. Rappelons brièvement la suite : Arnaud Lagardère, patron du groupe, avait
exigé que le “scoop” soit étouffé (il est sorti après dans d’autres titres).
Quelques mois plus tard Denis fut viré du JDD, sans compter qu’étrangement
depuis lors, il doit répondre à de récurrents contrôles fiscaux… Être black
listé et commettre un opus sur le bizness des radars (véritable pépite du
pouvoir), voilà une preuve de courage, qualité devenue rarissime dans le
métier. A propos, coïncidence (ou pas), j’ai aussi eu droit à mon contrôle
fiscal l’année suivant la sortie de “Radars le grand mensonge” (et ma femme
aussi !).
De plus en plus de gens méprisent les journalistes, et les traitent de lâches et de larbins. Ils ont raison, mais il ne faut pas oublier qu’en France, révéler une info qui dérange l’oligarchie au pouvoir et/ou la pensée “dominante” ou même simplement un annonceur de votre média, ne vous attire aucune promotion, que des ennuis.
De plus en plus de gens méprisent les journalistes, et les traitent de lâches et de larbins. Ils ont raison, mais il ne faut pas oublier qu’en France, révéler une info qui dérange l’oligarchie au pouvoir et/ou la pensée “dominante” ou même simplement un annonceur de votre média, ne vous attire aucune promotion, que des ennuis.
E&D :
Les médias ont-ils une chance de s’ouvrir à l’avenir à la critique de la
politique des radars telle que vous la formulez ?
On peut être
admis dans les médias à forte audience, et dire des choses. Mais c’est après
que la machine médiatique démarre, ou pas. Si les “autres” relaient vos idées
ça peut marcher. Mais dès que votre position est trop « touchy » ils la
diabolisent, la moquent ou l’ignorent. Votre point de vue n’étant pas relayé,
il n’existe pas.La machine médiatique est aussi complexe que perverse. Avoir un
accès aux médias (surtout ponctuel), ne signifie nullement qu’une autoroute
s’ouvre devant vous.
Existe en
parallèle le problème “économique”. Je sais par exemple qu’au Monde (l’un des
journaux qui donnent le “la”), certains journalistes ont compris l’envergure et
la nocivité potentielle du projet “radars”. Ils ont compris que ce système
visait non pas quelques chauffards, mais l’ensemble de notre société. Mais rien
sur le sujet. Zéro la tête à toto. Est-ce étonnant quand on sait que la Sagem,
qui fabrique les radars et fait partie du GIXEL (le lobby de la surveillance
numérique), est… actionnaire du Monde ?
Ensuite
arrive le problème de l’audience (peut-être connexe au délitement de nos
médias) . L’opinion publique française baigne dans une incroyable torpeur. Vous
pouvez toujours, comme moi, publier une enquête dévoilant les coulisses
pourries d’une action publique, dénoncer un empilement sans précédent
d’escroqueries et mensonges d’État… Qui s’en soucie en vérité ?
Bref, comme
disait Martin Luther King (je crois) : “Ce qui effraie ce n’est pas
l’oppression des méchants, mais l’indifférence des bons”
vendredi 22 juin 2012
jeudi 21 juin 2012
Rio+20 : vers une Organisation des multinationales unies ?
Lobbying
Rio+20 : vers une Organisation des multinationales unies ?
Par Rédaction (20 juin 2012) sur Bastamag
Alors que s’ouvre la conférence de Rio+20, plus de 400 organisations internationales s’inquiètent de l’influence grandissante d’entreprises et groupes de pression au sein de l’ONU. BASF, Coca-Cola, ExxonMobil, Rio Tinto, Shell, sont partenaires des agences onusiennes sur la santé (OMS), l’éducation (Unicef) ou la culture (Unesco), alors que certaines de ces entreprises sont impliquées dans des violations des droits humains ou la destruction de la biodiversité. « L’ONU est capturée par l’industrie », alertent les organisations internationales, qui lancent un appel pour que l’ONU redevienne un instrument au service des peuples.
Nous, les organisations signataires, estimons que l’Organisation des Nations Unies (ONU) est actuellement l’institution mondiale la plus démocratique et la plus appropriée pour les négociations internationales. Nous soutenons par conséquent le renforcement des institutions et des processus multilatéraux dans le cadre des Nations Unies, afin de les rendre plus démocratiques et réactifs aux besoins des peuples.
Toutefois, nous sommes fortement préoccupés par l’influence croissante des grandes entreprises et des groupes de pression industriels au sein de l’ONU : à travers leur influence sur les positions prises par les gouvernements nationaux dans les négociations multilatérales, et leur domination au sein de certains organismes et espaces de discussion onusiens. Nous constatons que de plus en plus de politiques de l’ONU ne servent pas nécessairement l’intérêt du public, mais soutiennent plutôt les intérêts commerciaux de certaines entreprises ou certains secteurs d’activité. Le Sommet de la Terre à venir, à Rio en Juin 2012, devrait être l´opportunité de stopper cette tendance, de mettre fin aux partenariats douteux entre l’ONU et les entreprises, et de mettre un terme à l’accès privilégié qui a été accordé au secteur des entreprises -et par conséquent son influence excessive sur d’importants processus multilatéraux et les décisions qui y sont liées.
Le préambule de la Charte de l’ONU commence par les mots « Nous, peuples des Nations Unies ». Aujourd’hui cependant, au sein des institutions et processus onusiens, priorité est de plus en plus souvent faite aux intérêts des entreprises par rapport à ceux des peuples. La prise de contrôle des positions d’États membres clefs par les intérêts des grandes entreprises se traduit par une influence significative de leur part sur les décisions de l’ONU. Sous l’Agenda 21, l’industrie bénéficie du statut de « groupe principal », alors qu’elle ne peut pas être considérée comme faisant partie de la société civile, à cause de sa différence essentielle par rapport à celle-ci. De même, puisque les entreprises ont de beaucoup plus larges ressources pour influencer les négociations à leur disposition que la société civile, elles sont souvent prépondérantes par rapport aux délégations de la société civile. Le lobby des entreprises au sein des négociations onusiennes a réussi à bloquer des solutions pourtant efficaces à des problèmes liés au changement climatique, la production alimentaire, la violation des droits de l’homme, l’approvisionnement en eau, les problèmes de santé, la pauvreté et la déforestation. L’influence énorme des lobbyistes industriels et les déséquilibres de pouvoir qui lui sont liés dans certains espaces de négociation, tels que la CCNUCC, mettent à mal la démocratie et résultent trop souvent dans l’ajournement, l’affaiblissement ou le blocage d´avancées pourtant urgentes en matière de justice sociale et environnementale au niveau international.
La pression en faveur de solutions basées sur des systèmes de marché - pour l’air, la biodiversité, l’eau, les terres et autres biens communs - comme des solutions à la crise environnementale actuelle, illustre la promotion de fausses solutions. De telles solutions servent les intérêts des entreprises - qui profitent des crises affectant des millions de personnes - sans s´attaquer au fond du problème et tout en continuant à renforcer davantage le contrôle des entreprises sur les terres, les ressources et la vie des populations.
De nombreuses agences onusiennes, y compris l’UNICEF, le PNUD, l’OMS ou l’UNESCO, se sont engagées dans des partenariats avec des entreprises multinationales. Le PNUE a établi des partenariats avec ExxonMobil, Rio Tinto, Anglo American et Shell, tous impliqués dans des violations des droits humains et la destruction de la biodiversité. On compte, parmi d’autres exemples, Coca-Cola et le PNUD sur la protection des ressources en eau, et BASF et Coca-Cola avec ONU-HABITAT sur l’urbanisation durable. En plus de nuire à la crédibilité de l’ONU, de tels partenariats minent aussi sa capacité et sa volonté à réagir et à réglementer le secteur des entreprises lorsqu’il est impliqué dans la violation des droits sociaux, environnementaux et humains. En outre, le Pacte Mondial des Nations Unies (Global Compact) encourage une « citoyenneté responsable entrepreneuriale », sans pour autant obliger les entreprises à adhérer à des normes internationalement reconnues. Il permet à des violateurs des droits humains notoires de participer et donne la fausse impression que l’ONU et les multinationales partagent les mêmes objectifs. Ainsi, il permet le « Blue-Wash » [1] et aide principalement les entreprises à renforcer leur image de marketing et leurs profits, au lieu de promouvoir des mesures contraignantes qui pourraient contribuer au changement de leurs performances.
Dans le processus conduisant au Sommet de la Terre Rio +20, l’ONU a établi un partenariat avec la Chambre de Commerce Internationale (CCI) et le Conseil Mondial des Entreprises pour le Développement Durable (WBCSD) dans le cadre de l’Action des Entreprises pour un Développement Durable. L’avant-projet Zéro de la déclaration de Rio +20 renforce le rôle des entreprises en tant que promoteurs de l’économie dite verte, mais il néglige complètement la question de leur rôle dans la genèse des crises financière, climatique, alimentaire entre autres. Cela n’est pas une surprise, étant donné la forte implication de représentants d´entreprises de haut niveau, comme la Deutsche Bank, dans le développement du concept de la dite « économie verte ».
Les groupes soussignés sont convaincus que l’ONU doit donner la priorité aux mesures qui servent l’intérêt public et répondent aux multiples crises en cours, plutôt qu’au développement de politiques qui résultent principalement en la création de nouveaux débouchés économiques et profits pour les entreprises.
Nous exigeons donc que :
L’ONU et ses États membres réaffirment que leur principale prérogative est de servir l’intérêt public plutôt que les intérêts du secteur privé. Les processus de prise de décision doivent être révises afin d’assurer un rôle prépondérant à la société civile et de limiter l’influence de l’industrie.
L’ONU et les Etats membres doivent résister à la pression exercée par les entreprises pour obtenir une position privilégiée dans les négociations des Nations Unies :
Les gouvernements doivent cesser de créer de nouveaux organes de discussion et des groupes de haut niveau (et dissoudre ceux qui existent déjà) qui offrent aux entreprises un statut privilégié dans les négociations officielles, comme les "dialogues mexicains" établis parallèlement aux négociations climatiques de Cancun en 2010.
L’ONU et ses Etats membres doivent prendre des mesures résolues pour renforcer la transparence en matière de lobbying et veiller à ce qu’aucun des groupes représentant l’industrie ne bénéficie d´un accès privilégié dans l’élaboration des politiques de l´ONU. Le mécanisme de la Société Civile du Comité des Nations Unies sur la Sécurité Alimentaire Mondiale pourrait être utilisé comme un modèle pour améliorer la participation directe des Organisations de la Société Civile.
Les représentants des entreprises ne doivent pas faire partie des délégations nationales participant aux négociations de l’ONU.
Le rôle du groupe principal « entreprises et industrie » doit être limité. Puisque l’industrie dispose de ressources beaucoup plus considérables que tous les autres secteurs, une limite devrait être imposée à sa participation ; l’industrie ne devrait pas avoir plus de représentants qu’aucun autre groupe dans les processus de négociations multilatérales.
L’ONU doit divulguer toutes les relations et les liens existants avec le secteur privé.
Un code de conduite pour les fonctionnaires de l’ONU, comprenant une "période de mise à l’écart" (cooling-off) pendant laquelle les fonctionnaires ne peuvent pas commencer à travailler pour des groupes de pression ou de lobbying des cabinets de conseil, devrait être introduit.
L’ONU ne doit pas s’engager dans de nouveaux partenariats avec des entreprises et autres organisations commerciales, de même qu´elle devrait revoir tous les partenariats similaires existants.
L’ONU, en servant l’intérêt public, doit surveiller les impacts des entreprises sur les populations et l’environnement et établir un cadre juridiquement contraignant pour tenir les compagnies responsables vis-à-vis des lois en matière d’environnement, de droits humains et du travail. Ceci devrait inclure une obligation pour les entreprises de reporter sur leurs impacts sociaux et environnementaux.
Ce sont là les exigences de base nécessaires afin de garantir que l’ONU soit à la hauteur de sa mission fondatrice d’être un forum de représentation des peuples et de protection de leurs droits et leurs intérêts universels. Nous lançons un appel aux gouvernements pour qu’ils prennent en compte ces inquiétudes dans la perspective de construire un espace qui réponde aux besoins des peuples, et qui a le potentiel de prendre des initiatives en faveur de l’intérêt public et qui apportent des réponses adéquates aux multiples crises que le monde traverse actuellement.
Premiers signataires : Friends of the Earth International, Corporate Europe Observatory, La Via Campesina, Jubilee South/Americas, Paix et Justice en Amérique Latine/SERPAJ-AL, Institut Polaris Institute, Le Conseil des Canadiens, The Transnational Institute, Third World Network, World March of Women
Pour signer la pétition
Voir le site de l’appel
Notes
[1] Le terme “Bluewash’’ est apparu suite au lancement du Pacte mondial des Nations Unies (Global Compact). Il fait référence aux partenariats entre les NU et les grandes entreprises, en réaction aux entreprises qui utilisent le drapeau bleu de l’ONU afin de stimuler leur image, sans pour autant changer leurs pratiques de manière fondamentale.
mercredi 20 juin 2012
La Grèce en tant que victime - (the New York Times)
19 juin 2012
La Grèce en tant que victime - (the New York Times)
Paul KRUGMAN
Depuis que la Grèce a atteint le fond, nous avons beaucoup entendu parler de
ce qui ne va pas et tout serait de la faute des Grecs. Certaines des accusations
sont vraies, certaines sont fausses - mais elles sont toutes hors sujet. Oui, il
existe de grandes insuffisances dans l’économie de la Grèce, sa politique et
sans doute sa société. Mais ces échecs ne sont pas ce qui a causé la crise qui
déchire singulièrement la Grèce, et menace de s’étendre à travers l’Europe.
Non, les origines de cette catastrophe se situent plus au nord, à Bruxelles, Francfort et Berlin, où des fonctionnaires ont créé un système monétaire déficient – voire fatal, et ont ensuite aggravé les problèmes de ce système en substituant de la moralisation à de l’analyse. Et la solution à la crise, s’il en existe une, devra venir des mêmes responsables.
Ainsi, à propos de ces défauts grecs : la Grèce connait en effet beaucoup de corruption et beaucoup d’évasion fiscale, et le gouvernement grec a eu l’habitude de vivre au-dessus de ses moyens. En plus de cela, la productivité économique grecque est faible par rapport aux normes européennes - environ 25% en dessous de la moyenne de l’Union européenne. Il est intéressant de noter toutefois, que la productivité économique, disons dans le Mississippi, est également faible par rapport aux normes américaines - et d’environ la même proportion.
D’autre part, beaucoup de choses que vous entendez sur la Grèce ne sont tout simplement pas vraies. Les Grecs ne sont pas paresseux - au contraire, ils travaillent de plus longues heures que presque n’importe qui d’autre en Europe, et beaucoup plus d’heures que les Allemands en particulier. Pas plus que la Grèce aurait un État-providence dispendieux, tel que les conservateurs se plaisent à le prétendre ; les dépenses sociales en pourcentage du PIB, la mesure standard de la quantification de l’État-providence, sont sensiblement plus faibles en Grèce que disons, en Suède ou en Allemagne, des pays qui ont jusqu’à présent plutôt bien résisté à la crise européenne.
Alors, comment la Grèce en est-elle arrivée à tant de soucis ? Par la faute de l’euro.
Il y a quinze ans la Grèce n’était pas un paradis, mais elle n’était pas en crise non plus. Le taux de chômage était élevé, mais pas catastrophique, et la nation assurait plus ou moins bien son chemin sur les marchés mondiaux, elle gagnait suffisamment d’argent provenant des exportations, du tourisme, du transport et d’autres sources pour plus ou moins payer pour ses importations.
Puis la Grèce a rejoint l’euro, et une chose terrible est arrivée : les gens ont commencé à croire que c’était un endroit sûr pour y investir. L’argent étranger s’est déversé en Grèce, en finançant pour une part seulement des déficits publics, l’économie était en plein essor ; l’inflation a augmenté, et la Grèce est devenue de moins en moins compétitive. Les Grecs ont bien sûr gaspillé beaucoup sinon la plupart de l’argent qui est arrivé à flots, mais il en a été ainsi pour tout le monde qui a été pris dans la bulle de l’euro.
Et puis la bulle éclata, au moment où les défauts fondamentaux dans le système de l’euro dans son ensemble sont devenus trop évidents.
Demandez-vous, pourquoi la zone du dollar - également connue comme étant les États-Unis d’Amérique - a plus ou moins fonctionné, sans connaitre le genre de graves crises régionales qui affectent aujourd’hui l’Europe ? La réponse est que nous avons un gouvernement central fort, et les activités de ce gouvernement fournissent effectivement des plans de sauvetage automatiques aux Etats qui se retrouvent en difficulté.
Considérons, par exemple, ce qui se passerait en Floride en ce moment, à la suite de son énorme bulle immobilière, si l’État avait dû faire face aux dépenses de Sécurité Sociale et de Medicare à partir de ses propres revenus tout à coup réduits. Heureusement pour la Floride, Washington plutôt que Tallahassee a payé l’addition, ce qui signifie que la Floride a reçu effectivement un plan de sauvetage à une échelle dont pas une nation européenne ne pourrait rêver.
Ou envisageons un exemple ancien, la crise des placements et des prêts des années 1980, qui était largement cantonnée au Texas. Les contribuables ont fini par payer une somme énorme pour nettoyer le gâchis - mais la grande majorité de ces contribuables étaient dans d’autres Etats que le Texas. Encore une fois, l’état a reçu un plan de sauvetage automatique sur une échelle inconcevable dans l’Europe moderne.
Donc, la Grèce, non sans péchés, est principalement dans les ennuis à cause de l’arrogance des technocrates européens, la plupart de pays plus riches, qui se sont convaincus qu’ils pourraient faire fonctionner une monnaie unique sans un gouvernement unique. Et ces mêmes technocrates ont rendu la situation encore bien pire, en prétendant contre toute évidence, que tous les troubles de la devise européenne auraient été causés par un comportement irresponsable des Européens du Sud, et que tout allait seulement s’arranger si ces peuples étaient prêts à souffrir encore un peu plus.
Ce qui nous amène à l’élection grecque de dimanche, qui a fini par ne rien régler. La coalition de gouvernement a peut-être réussi à rester au pouvoir, bien que ce ne soit même pas clair (Le partenaire junior de la coalition [le Pasok] menace de la quitter). Mais les Grecs ne peuvent pas résoudre cette crise de toute façon.
La seule façon dont l’euro pourrait - pourrait - être sauvé, c’est si les Allemands et la Banque centrale européenne se rendaient compte que ce sont eux qui ont besoin de changer de comportement, de dépenser plus, et oui d’accepter une inflation plus élevée. S’il n’en était pas ainsi - la Grèce restera essentiellement dans l’histoire comme la victime de l’orgueil des autres.
Paul Krugman, le 17 juin 2012.
Source : Greece as Victim
Non, les origines de cette catastrophe se situent plus au nord, à Bruxelles, Francfort et Berlin, où des fonctionnaires ont créé un système monétaire déficient – voire fatal, et ont ensuite aggravé les problèmes de ce système en substituant de la moralisation à de l’analyse. Et la solution à la crise, s’il en existe une, devra venir des mêmes responsables.
Ainsi, à propos de ces défauts grecs : la Grèce connait en effet beaucoup de corruption et beaucoup d’évasion fiscale, et le gouvernement grec a eu l’habitude de vivre au-dessus de ses moyens. En plus de cela, la productivité économique grecque est faible par rapport aux normes européennes - environ 25% en dessous de la moyenne de l’Union européenne. Il est intéressant de noter toutefois, que la productivité économique, disons dans le Mississippi, est également faible par rapport aux normes américaines - et d’environ la même proportion.
D’autre part, beaucoup de choses que vous entendez sur la Grèce ne sont tout simplement pas vraies. Les Grecs ne sont pas paresseux - au contraire, ils travaillent de plus longues heures que presque n’importe qui d’autre en Europe, et beaucoup plus d’heures que les Allemands en particulier. Pas plus que la Grèce aurait un État-providence dispendieux, tel que les conservateurs se plaisent à le prétendre ; les dépenses sociales en pourcentage du PIB, la mesure standard de la quantification de l’État-providence, sont sensiblement plus faibles en Grèce que disons, en Suède ou en Allemagne, des pays qui ont jusqu’à présent plutôt bien résisté à la crise européenne.
Alors, comment la Grèce en est-elle arrivée à tant de soucis ? Par la faute de l’euro.
Il y a quinze ans la Grèce n’était pas un paradis, mais elle n’était pas en crise non plus. Le taux de chômage était élevé, mais pas catastrophique, et la nation assurait plus ou moins bien son chemin sur les marchés mondiaux, elle gagnait suffisamment d’argent provenant des exportations, du tourisme, du transport et d’autres sources pour plus ou moins payer pour ses importations.
Puis la Grèce a rejoint l’euro, et une chose terrible est arrivée : les gens ont commencé à croire que c’était un endroit sûr pour y investir. L’argent étranger s’est déversé en Grèce, en finançant pour une part seulement des déficits publics, l’économie était en plein essor ; l’inflation a augmenté, et la Grèce est devenue de moins en moins compétitive. Les Grecs ont bien sûr gaspillé beaucoup sinon la plupart de l’argent qui est arrivé à flots, mais il en a été ainsi pour tout le monde qui a été pris dans la bulle de l’euro.
Et puis la bulle éclata, au moment où les défauts fondamentaux dans le système de l’euro dans son ensemble sont devenus trop évidents.
Demandez-vous, pourquoi la zone du dollar - également connue comme étant les États-Unis d’Amérique - a plus ou moins fonctionné, sans connaitre le genre de graves crises régionales qui affectent aujourd’hui l’Europe ? La réponse est que nous avons un gouvernement central fort, et les activités de ce gouvernement fournissent effectivement des plans de sauvetage automatiques aux Etats qui se retrouvent en difficulté.
Considérons, par exemple, ce qui se passerait en Floride en ce moment, à la suite de son énorme bulle immobilière, si l’État avait dû faire face aux dépenses de Sécurité Sociale et de Medicare à partir de ses propres revenus tout à coup réduits. Heureusement pour la Floride, Washington plutôt que Tallahassee a payé l’addition, ce qui signifie que la Floride a reçu effectivement un plan de sauvetage à une échelle dont pas une nation européenne ne pourrait rêver.
Ou envisageons un exemple ancien, la crise des placements et des prêts des années 1980, qui était largement cantonnée au Texas. Les contribuables ont fini par payer une somme énorme pour nettoyer le gâchis - mais la grande majorité de ces contribuables étaient dans d’autres Etats que le Texas. Encore une fois, l’état a reçu un plan de sauvetage automatique sur une échelle inconcevable dans l’Europe moderne.
Donc, la Grèce, non sans péchés, est principalement dans les ennuis à cause de l’arrogance des technocrates européens, la plupart de pays plus riches, qui se sont convaincus qu’ils pourraient faire fonctionner une monnaie unique sans un gouvernement unique. Et ces mêmes technocrates ont rendu la situation encore bien pire, en prétendant contre toute évidence, que tous les troubles de la devise européenne auraient été causés par un comportement irresponsable des Européens du Sud, et que tout allait seulement s’arranger si ces peuples étaient prêts à souffrir encore un peu plus.
Ce qui nous amène à l’élection grecque de dimanche, qui a fini par ne rien régler. La coalition de gouvernement a peut-être réussi à rester au pouvoir, bien que ce ne soit même pas clair (Le partenaire junior de la coalition [le Pasok] menace de la quitter). Mais les Grecs ne peuvent pas résoudre cette crise de toute façon.
La seule façon dont l’euro pourrait - pourrait - être sauvé, c’est si les Allemands et la Banque centrale européenne se rendaient compte que ce sont eux qui ont besoin de changer de comportement, de dépenser plus, et oui d’accepter une inflation plus élevée. S’il n’en était pas ainsi - la Grèce restera essentiellement dans l’histoire comme la victime de l’orgueil des autres.
Paul Krugman, le 17 juin 2012.
Source : Greece as Victim
URL de cet article 17015
http://www.legrandsoir.info/la-grece-en-tant-que-victime-the-new-york-times.html
http://www.legrandsoir.info/la-grece-en-tant-que-victime-the-new-york-times.html
mardi 19 juin 2012
lundi 18 juin 2012
dimanche 17 juin 2012
L’huile de palme aussi rentable que Facebook ? Par Sophie Chapelle (Bastamag)
Spéculation
Par Sophie Chapelle (15 juin 2012)
« Si Dieu le veut, Felda fera mieux que Facebook. » C’est par ce commentaire que le Premier ministre de Malaisie a dévoilé l’introduction en Bourse à Singapour, le 25 juin prochain, de la compagnie malaisienne Felda Global Ventures Holding (FGVH). Première productrice d’huile de palme de Malaisie [1] et numéro trois mondial, FGVH aurait déjà attiré de nombreux actionnaires et investisseurs, pour plus de 15 milliards de dollars, selon le Wall Street Journal. Si ces montants se concrétisent, il s’agirait de la deuxième plus grosse introduction en Bourse depuis le début de l’année, derrière celle de Facebook [2].
Pour assurer la commercialisation de son huile, FGVH a conclu en mai un partenariat industriel avec le groupe français Louis Dreyfus (LDC) [3], négociant de matières premières agricoles. Ce dernier avait remporté en 2008 le prix Pinocchio des Droits humains « pour avoir exploité des populations indigènes Guarani dans des conditions proches de l’esclavage », dans la production d’éthanol au Brésil. En Malaisie, le groupe Louis Dreyfus prévoit la constitution d’une joint venture avec FGVH, dédiée à la commercialisation de 1,1 million de tonnes par an d’huile de palme.
Cette entrée au capital d’investisseurs internationaux suscite des résistances dans la société malaisienne. Certains, parmi les 112 000 paysans sociétaires des coopératives publiques, dénoncent une perte de contrôle sur leurs ressources et craignent que les intérêts des petits producteurs soient négligés. Sans oublier les problèmes provoqués par l’inflation de plantations de palmiers à huile (déforestation, perte de terres vivrières…). Un recours en justice a même été entrepris mais vient d’être rejeté par les autorités. Pour calmer le jeu, le gouvernement malaisien aurait promis à chaque famille une enveloppe de 15 000 ringgits (environ 4 000 euros). Encore un exemple de plus de l’avidité des investisseurs financiers dans la conquête des matières premières.
Pour assurer la commercialisation de son huile, FGVH a conclu en mai un partenariat industriel avec le groupe français Louis Dreyfus (LDC) [3], négociant de matières premières agricoles. Ce dernier avait remporté en 2008 le prix Pinocchio des Droits humains « pour avoir exploité des populations indigènes Guarani dans des conditions proches de l’esclavage », dans la production d’éthanol au Brésil. En Malaisie, le groupe Louis Dreyfus prévoit la constitution d’une joint venture avec FGVH, dédiée à la commercialisation de 1,1 million de tonnes par an d’huile de palme.
Cette entrée au capital d’investisseurs internationaux suscite des résistances dans la société malaisienne. Certains, parmi les 112 000 paysans sociétaires des coopératives publiques, dénoncent une perte de contrôle sur leurs ressources et craignent que les intérêts des petits producteurs soient négligés. Sans oublier les problèmes provoqués par l’inflation de plantations de palmiers à huile (déforestation, perte de terres vivrières…). Un recours en justice a même été entrepris mais vient d’être rejeté par les autorités. Pour calmer le jeu, le gouvernement malaisien aurait promis à chaque famille une enveloppe de 15 000 ringgits (environ 4 000 euros). Encore un exemple de plus de l’avidité des investisseurs financiers dans la conquête des matières premières.
Notes
[1] La Felda règne sur 343 000 hectares de plantations d’huile de palme en Malaisie.[2] Dans l’hypothèse d’un prix de 4,55 ringgits par action (1,16 euro), FGVH prévoit de lever 3,3 milliards de dollars contre 16 milliards de dollars le 18 mai dernier à New York pour Facebook.
[3] Sa propriétaire, Margarita Louis-Dreyfus, est aussi l’actionnaire principale de l’Olympique de Marseille.
vendredi 15 juin 2012
Le point de non retour par Bernard Dugué (sur Agoravox)
Le point de non retour par Bernard Dugué vendredi 15 juin 2012
sur Agoravox
La chaleur estivale ne se prête pas aux activités intenses, y compris celles dites intellectuelles. Quoique, la chaleur n’y est pour rien. Mon cerveau est en vérité refroidi après la douche froide reçue par la pluie de dépêches et autres commentaires de bistrot servis suite à un seul tweet envoyé par celle qu’on désigne comme première dame. Je n’ai pas réagi, me contentant d’observer le déroulement des événements médiatiques. J’ai vu venir le buzz, dès que ce tweet fut inscrit en bas de l’écran de BMFTV dans la rubrique alerte info, inscription qui ne garantit aucunement l’importance de la nouvelle annoncée mais qui a de l’importance pour cette chaîne de la télé numérique qui fonctionne avec le mode du tweet comme du reste sa concurrente ITélé dont les journaux sont presque identiques à quelques éditorialistes près. L’affaire du tweet a ainsi largement débordé la case potin pour arriver à la une de tous les journaux, télé, radio, papier et même le Net s’est emparé de quelques mots lancés sur des réseaux idiots qu’on prétend être sociaux. L’onde a été terrible, se propageant dans l’espace, jusqu’au journaux étrangers, et dans le temps. Ce matin, sur les ondes d’Inter, Laurent Fabius invité à commenter le tweet, puis ce fut le tout des humoristes ennuyeux de se moquer de François en parodiant une émission d’écoute à la personne et pour finir, les zéditocrates distingués de Pascale Clark se sont coltinés le sulfureux tweet. Et ce n’est pas tout. Des instituts de sondages ont interrogé les Français sur l’attitude de la première dame. Bref, une folle transe s’est propagée plus vite qu’un virus grippal et la gent médiatique s’est trouvée atteinte de convulsions délirantes, crise d’épilepsie collective, ou d’épineptie. Vous voyez, ce précédent impose de créer un néologisme. Epilepsie, épiphanie, épineptie ou la propagation démesurée d’une ineptie car c’est bien une ineptie que d’accorder tant d’importance à quelques mots lancés sur des réseaux idiots.
Du calme ! Dit l’observateur. Ce petit événement est révélateur. De quoi au fait ? La meute médiatique, sevrée après la fin de partie du candidat Mélenchon, a trouvé un nouvel os à ronger dans la belle ville de La Rochelle où les observateurs se sont dépêchés pour détecter une ambiance de haine envers Madame Royal, une émotion complètement irrationnelle, alimentés par quelques potins et surtout les relais médiatiques qui croyant dénoncer un fait ne font que l’alimenter. Je me demande s’il n’y a pas quelques relents de perversité dans cette médiatisation d’un tweet. Peut-être suis-je trop soupçonneux mais je ne peux m’empêcher de rapprocher cette mécanique médiatique du désir de punir, d’humilier et peut-être, de prendre plaisir à voir l’ancienne adversaire de Nicolas Sarkozy en 2007 chuter et être châtiée par la nouvelle première dame et compagne de son ex-compagnon devenu président de la république. Le plaisir à voir l’autre démoli, on le trouve chez les pervers narcissiques et c’est même le ressort de leur minable existence. Alors, perversion narcissique dans les médias ? Peut-être pas mais sûrement quelque chose qui y ressemble et qui ne sent pas forcément bon, ne laissant rien augurer de radieux dans notre pays déclinant en crise spirituelle et morale. Si on enlève la perversion il reste le narcissisme. Oui, là c’est à peu près certain, les responsables et autres chroniqueurs médiatiques en vue pèchent par narcissisme, pas tous, pas avec la même intensité, mais on trouve ce trait chez nombre de personnalités dont le métier dépend d’une exposition médiatique et ce narcissisme, il est aussi un trait contemporain de nos sociétés individualistes. Je pense qu’il n’y a plus rien à dire. Le journalisme a atteint un point de non retour avec cette affaire de tweet. Cessons de parler de réseaux sociaux. Ce ne sont que des réseaux narcissiques, des salles numériques décorées de miroirs par millions.
Les médias ne peuvent pas tomber plus bas. Quelque part, ce sentiment du point de non retour rappelle les années 1920 et 1930. La montée des extrémismes. Rien n’était joué d’avance mais à un moment donné, un point de non retour était franchi. En 2012, les crises de nerf autour d’un tweet ne sont qu’un indice masquant d’une part l’indigence médiatique et d’autre part les réalités géopolitiques et notamment ce qui se trame en Syrie. La chaleur du moment incite à faire une association d’idée avec les incendies d’été, la canicule et l’embrasement d’une région proche orientale qui selon certaines sources, serait disputée entre le bloc Otan et un bloc assez flou mais intégrant deux puissances, l’une plutôt militaire, la Russie, l’autre plutôt économique, la Chine. Les médias ne sont plus fiables mais l’ont-ils été par le passé. La Libye, la Syrie, mêmes désinformations et jeux de propagande. Le monde est ouvert aux manipulations, avec des acteurs plus ou moins officiels, parfois agents de l’ombre ou bien réseaux mafieux et autres marchands de canons. Le monde pourrait passer hors de contrôle si jamais la région s’embrasait. Les puissances stabilisatrices sont importantes mais nul ne sait si à un moment donné, le point de non retour est franchi, auquel cas les événements se succéderaient telle une réaction en chaîne dans un réacteur dont les réactifs ont assez d’enthalpie pour allez au résultat final. Je crois que je vais reprendre mes recherches en biologie et me consacrer à quelques chroniques musicales tout en jetant un œil sur la kabbale et la mécanique quantique. C’est bien plus passionnant que l’actu qui a franchi un point de non retour dans mon esprit. Le gâtisme est presque définitif. Irréversible.
mercredi 13 juin 2012
PARADIGME, CONDITIONNEMENT ET MANIPULATION
Article Conscience Citoyenne Responsable
D’après Wikipédia, un paradigme est une représentation du monde , une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée). C’est une forme de rail de la pensée dont les lois ne doivent pas être confondues avec celles d’un autre paradigme et qui, le cas échéant, peuvent aussi faire obstacle à l’introduction de nouvelles solutions mieux adaptées.
Regardez le PPS sur http://2ccr.unblog.fr/2012/06/12/paradigme-conditionnement-et-manipulation/ et partagez le sans modération
D’après Wikipédia, un paradigme est une représentation du monde , une manière de voir les choses, un modèle cohérent de vision du monde qui repose sur une base définie (matrice disciplinaire, modèle théorique ou courant de pensée). C’est une forme de rail de la pensée dont les lois ne doivent pas être confondues avec celles d’un autre paradigme et qui, le cas échéant, peuvent aussi faire obstacle à l’introduction de nouvelles solutions mieux adaptées.
Dans la société, le conditionnement et la manipulation de l’opinion publique, sont des techniques pour faire croire aux peuples qu’il n’y a rien à faire et que le modèle dans lequel nous vivons est indépassable, et chaque parti qui arrive au pouvoir s’empresse effectivement de démontrer cette vérité absolu. C’est ainsi que l’on domestique les peuples en leur ôtant toute espérance d’un avenir meilleur, en les convainquant, qu’ils sont aussi heureux qu’il leur est possible de l’être!
Regardez le PPS sur http://2ccr.unblog.fr/2012/06/12/paradigme-conditionnement-et-manipulation/ et partagez le sans modération
Quand Alliot-Marie invoque la manne du ministère de l'Intérieur
(Mis à jour: ) journal Libération
Extrait d'un tract distribué en faveur de Michèle Alliot-Marie dans sa circonscription des Pyrénées-Atlantiques. (DR)
En délicatesse pour se faire réélire dans les Pyrénées-Atlantiques, l'ex ministre de l'Intérieur assure, dans un tract, avoir aménagé la ville de Saint-Jean-de-Luz «pour un montant total de 1,6 million d’euros sur les crédits du ministre de l’Intérieur».
Par NICOLAS CORI
Michèle Alliot-Marie est à la peine pour se faire réélire dans la 6e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, et tous les arguments sont bons pour convaincre ses électeurs. L'inoxydable députée depuis 1986, et qui a occupé de multiples portefeuilles ministériels (Défense, Intérieur, Affaires étrangères, Justice), a perdu plus de 13 points par rapport au premier tour de 2007 dans une campagne qu'elle plaçait sous le sceau de la reconquête. Avec 35,37%, elle est talonnée par la PS Sylviane Alaux qui totalise 31,55% des voix.A 65 ans, celle qui avait dû démissionner en février 2011 après avoir passé ses vacances de Noël dans une Tunisie en pleine révolution, abat ses dernières cartes. Dans un tract distribué sur les marchés du pays basque, que Libération s'est procuré (voir la version complète en fin d'article), MAM affirme avoir, en tant qu’ancienne ministre, «soutenu les intérêts et les projets portés par chaque municipalité» de sa circonscription. Et de citer: «A Saint-Jean-de-Luz», où elle a été maire, réélue en 2001 et 2008, puis reversée comme première adjointe de la ville, «j’ai pu entre 2008 et 2012 aider au financement de la médiathèque, à l’aménagement de la ville, à la réhabilitation du site d’Ur Mendi pour un montant total de 1,6 million d’euros sur les crédits du ministre de l’Intérieur».
Vous avez bien lu: l'ex-ministre de l'Intérieur (de mai 2007 à juin 2009) revendique ouvertement avoir pioché, -y compris après avoir abandonné son maroquin?-, dans les crédits de l’Etat pour des projets locaux! Gêné aux entournures, son attaché de presse confirme l’authenticité du tract, tout en précisant: «Michèle Alliot-Marie avait dans ses responsabilités les collectivités locales et a disposé de fonds ministériels destinés aux communes».
Et dire que dans le même tract, MAM se revendique «gaulliste sociale» qui défend une «certaine idée de la France»... Réponse dimanche pour savoir si ce clientélisme aura été efficace.
mardi 12 juin 2012
Sauvetage ou sabordage?
MARDI 12 JUIN 2012
La foi des néolibéraux qui nous gouvernent a de quoi impressionner. Il y a quatre ans, ils renflouaient en masse des trusts bancaires en déroute pour avoir trop spéculé. On a appelé cela la «crise financière». Ruinés par l’expérience, les Etats européens se sont alors endettés auprès de ces mêmes banques, empruntant massivement à des taux usuriers. On a parlé de «crise des dettes souveraines».
Depuis la semaine dernière, on sait que les Etats remettront la main à la poche pour «sauver» les établissements financiers espagnols. On articule le chiffre de
100 milliards d’euros, de quoi gonfler le ratio dette publique/PIB espagnols de dix points. Comment nommera-t-on ce nouveau vaudeville?
Joseph Stiglitz a son idée sur la question. Dans une interview à Reuters, le Prix Nobel étasunien a parlé vendredi d’«économie vaudoue», façon de décrire – avec
l’humour du désespéré – le fossé entre les réponses européennes et les causes réelles de la crise. Mais aussi le caractère rituel de ces plans de «sauvetage» à répétition.
Le mensonge du gouvernement Rajoy, qui laisse croire à un prêt indolore, ne fera pas illusion longtemps. En contrepartie du cadeau qu’ils offrent aux banques, à leurs principaux déposants et à leurs actionnaires, les citoyens espagnols peuvent déjà se préparer à un plan d’austérité additionnel qui devrait amplifier encore la récession en cours depuis 2008. Etc., etc.
Les 4 millions de chômeurs espagnols auront tout loisir de méditer l’exemple de l’Islande, dont on a appris vendredi que son produit intérieur brut a crû de 4,5% depuis mai 2011. Le petit pays atlantique s’est rendu célèbre en refusant un sauvetage de son système bancaire, au prix d’une sévère crise diplomatique avec l’Europe et d’une forte chute de l’activité économique. Mais depuis deux ans, l’Islande fait la course en tête de la croissance en Europe, engrange des bénéfices et compte à peine 6% de chômeurs. Sa réussite a même été saluée par Standard & Poor’s!
«Jamais je n’ai compris l’argument selon lequel une banque privée serait meilleure pour le bien-être et le futur de l’économie que le secteur manufacturier, technologique ou culturel», déclarait récemment le président islandais Ólafur Ragnar Grímsson1. Nous non plus.
Depuis la semaine dernière, on sait que les Etats remettront la main à la poche pour «sauver» les établissements financiers espagnols. On articule le chiffre de
100 milliards d’euros, de quoi gonfler le ratio dette publique/PIB espagnols de dix points. Comment nommera-t-on ce nouveau vaudeville?
Joseph Stiglitz a son idée sur la question. Dans une interview à Reuters, le Prix Nobel étasunien a parlé vendredi d’«économie vaudoue», façon de décrire – avec
l’humour du désespéré – le fossé entre les réponses européennes et les causes réelles de la crise. Mais aussi le caractère rituel de ces plans de «sauvetage» à répétition.
Le mensonge du gouvernement Rajoy, qui laisse croire à un prêt indolore, ne fera pas illusion longtemps. En contrepartie du cadeau qu’ils offrent aux banques, à leurs principaux déposants et à leurs actionnaires, les citoyens espagnols peuvent déjà se préparer à un plan d’austérité additionnel qui devrait amplifier encore la récession en cours depuis 2008. Etc., etc.
Les 4 millions de chômeurs espagnols auront tout loisir de méditer l’exemple de l’Islande, dont on a appris vendredi que son produit intérieur brut a crû de 4,5% depuis mai 2011. Le petit pays atlantique s’est rendu célèbre en refusant un sauvetage de son système bancaire, au prix d’une sévère crise diplomatique avec l’Europe et d’une forte chute de l’activité économique. Mais depuis deux ans, l’Islande fait la course en tête de la croissance en Europe, engrange des bénéfices et compte à peine 6% de chômeurs. Sa réussite a même été saluée par Standard & Poor’s!
«Jamais je n’ai compris l’argument selon lequel une banque privée serait meilleure pour le bien-être et le futur de l’économie que le secteur manufacturier, technologique ou culturel», déclarait récemment le président islandais Ólafur Ragnar Grímsson1. Nous non plus.
Crise en Grèce, censure sur Arte (lettre ouverte)
par Henri Maler, le 22 mai 2012
Sous ce titre de notre choix, nous publions, avec l’autorisation de son auteure, une lettre de Vicky Skoumbi, rédactrice en chef de la revue grecque αληthεια (Acrimed).
Chères amies, chers amis,
Le jeudi 16 mai, j’ai participé à l’émission d’Arte 28 minutes sur le thème : La Grèce, talon d’Achille de l’Europe ?
Je viens de visionner l’émission telle qu’elle a été diffusée et j’en crois pas mes yeux : le passage où je disais que l’aide accordée à la Grèce a été en réalité une aide aux créanciers du pays, et que les plans de sauvetage successifs ont été conçus pour protéger les créanciers d’un défaut éventuel de la Grèce, tout en plongeant le pays dans une récession de l’ordre de 20 % en le menant tout droit à la faillite, a tout simplement disparu ! Si vous regardez attentivement, vous constaterez les traces de coupure par des enchaînements assez abrupts et la non-fluidité de la parole après la première intervention de Benjamin Coriat.
De même est passé à la trappe, un passage vers la fin où j’avais évoqué une confrontation qui n’est pas de nature nationale entre Grecs et Allemands, mais bel et bien entre deux camps transnationaux, c’est-à-dire entre ceux qui, en marchant littéralement sur des cadavres, défendent les intérêts du secteur financier d’une part, et d’autre part ceux qui défendent les droits démocratiques et sociaux et en fin de compte le droit à une vie digne de ce nom. Je prends à témoin Benjamin Coriat qui participait à l’émission et qui pourrait certifier que j’ai bien tenu ces propos dont la trace disparaît sous les ciseaux du censeur.
Car, cela relève tout simplement de la CENSURE. Une question s’impose : Qui donc contrôle Arte et qui filtre les infos ainsi ?
Je l’avoue, je n’en reviens pas. L’émission a été enregistrée "dans les conditions du direct" deux heures et demie avant sa diffusion et que je sache cette formule veut dire qu’on ne coupe pas, à la limite on refait une prise si on a un souci, ce qui a été le cas pour les présentations. Et même si la pratique établie est de couper un peu les longueurs, comment se fait-il que les deux coupes principales portent, comme par hasard, sur des propos concernant les vrais bénéficiaires de l’aide à la Grèce, c’est à dire les banques, ainsi que sur le caractère fallacieux de la supposée confrontation gréco-allemande ?
Comme vous pouvez d’ailleurs sans doute le constater vous-même, mon temps de parole correspond à un tiers - peut-être même moins - de celui de monsieur Prévelakis. Celui-ci, avec sa proposition d’un médiateur, sous la tutelle duquel devrait se mettre la Grèce, proposait rien de moins que de suspendre les procédures démocratiques en Grèce et de donner à Sarkozy (!) la position d’un tuteur du peuple grec qui ne saurait être représenté par ses élus, surtout si ceux-là appartiennent par malheur au Syriza. J’ai bondi mais on ne m’a pas laissé le temps de réagir en coupant là l’émission.
Conclure l’émission sur ce propos est absolument scandaleux. Cela n’honore pas, loin de là, Arte qui se revendique d’une sensibilité démocratique. D’ailleurs, si vous regardez un peu attentivement le déroulement juste avant la fin, vous verrez que la dernière question s’adresse à moi, madame Quin se tourne bien vers moi et non pas vers M. Prévélakis. Et ma réponse concernant les deux Europe qui s’affrontent et qui précédait la conclusion de Georges Prévélakis, est passée complètement à la trappe.
Bref, les coupures, la répartition inégale du temps de parole, la conclusion sur un appel à suspendre la démocratie en Grèce, tout cela, si n’est pas de la manipulation de l’information, c’est quoi au juste ?
Voilà bien des questions sur le traitement de l’information par une chaîne européenne qui se veut indépendante.
Merci de diffuser ce message le plus largement possible et de l’afficher sur les réseaux, si vous voulez bien.
Vicky Skoumbi,
rédactrice en chef de la revue grecque αληthεια
Post-Scriptum d’Acrimed (23 mai). Le producteur de l’émission a apporté une réponse "à laquelle s’associe la Direction des Programmes d’ARTE" : À nos téléspectateurs.
Le jeudi 16 mai, j’ai participé à l’émission d’Arte 28 minutes sur le thème : La Grèce, talon d’Achille de l’Europe ?
Je viens de visionner l’émission telle qu’elle a été diffusée et j’en crois pas mes yeux : le passage où je disais que l’aide accordée à la Grèce a été en réalité une aide aux créanciers du pays, et que les plans de sauvetage successifs ont été conçus pour protéger les créanciers d’un défaut éventuel de la Grèce, tout en plongeant le pays dans une récession de l’ordre de 20 % en le menant tout droit à la faillite, a tout simplement disparu ! Si vous regardez attentivement, vous constaterez les traces de coupure par des enchaînements assez abrupts et la non-fluidité de la parole après la première intervention de Benjamin Coriat.
De même est passé à la trappe, un passage vers la fin où j’avais évoqué une confrontation qui n’est pas de nature nationale entre Grecs et Allemands, mais bel et bien entre deux camps transnationaux, c’est-à-dire entre ceux qui, en marchant littéralement sur des cadavres, défendent les intérêts du secteur financier d’une part, et d’autre part ceux qui défendent les droits démocratiques et sociaux et en fin de compte le droit à une vie digne de ce nom. Je prends à témoin Benjamin Coriat qui participait à l’émission et qui pourrait certifier que j’ai bien tenu ces propos dont la trace disparaît sous les ciseaux du censeur.
Car, cela relève tout simplement de la CENSURE. Une question s’impose : Qui donc contrôle Arte et qui filtre les infos ainsi ?
Je l’avoue, je n’en reviens pas. L’émission a été enregistrée "dans les conditions du direct" deux heures et demie avant sa diffusion et que je sache cette formule veut dire qu’on ne coupe pas, à la limite on refait une prise si on a un souci, ce qui a été le cas pour les présentations. Et même si la pratique établie est de couper un peu les longueurs, comment se fait-il que les deux coupes principales portent, comme par hasard, sur des propos concernant les vrais bénéficiaires de l’aide à la Grèce, c’est à dire les banques, ainsi que sur le caractère fallacieux de la supposée confrontation gréco-allemande ?
Comme vous pouvez d’ailleurs sans doute le constater vous-même, mon temps de parole correspond à un tiers - peut-être même moins - de celui de monsieur Prévelakis. Celui-ci, avec sa proposition d’un médiateur, sous la tutelle duquel devrait se mettre la Grèce, proposait rien de moins que de suspendre les procédures démocratiques en Grèce et de donner à Sarkozy (!) la position d’un tuteur du peuple grec qui ne saurait être représenté par ses élus, surtout si ceux-là appartiennent par malheur au Syriza. J’ai bondi mais on ne m’a pas laissé le temps de réagir en coupant là l’émission.
Conclure l’émission sur ce propos est absolument scandaleux. Cela n’honore pas, loin de là, Arte qui se revendique d’une sensibilité démocratique. D’ailleurs, si vous regardez un peu attentivement le déroulement juste avant la fin, vous verrez que la dernière question s’adresse à moi, madame Quin se tourne bien vers moi et non pas vers M. Prévélakis. Et ma réponse concernant les deux Europe qui s’affrontent et qui précédait la conclusion de Georges Prévélakis, est passée complètement à la trappe.
Bref, les coupures, la répartition inégale du temps de parole, la conclusion sur un appel à suspendre la démocratie en Grèce, tout cela, si n’est pas de la manipulation de l’information, c’est quoi au juste ?
Voilà bien des questions sur le traitement de l’information par une chaîne européenne qui se veut indépendante.
Merci de diffuser ce message le plus largement possible et de l’afficher sur les réseaux, si vous voulez bien.
Vicky Skoumbi,
rédactrice en chef de la revue grecque αληthεια
Post-Scriptum d’Acrimed (23 mai). Le producteur de l’émission a apporté une réponse "à laquelle s’associe la Direction des Programmes d’ARTE" : À nos téléspectateurs.
lundi 11 juin 2012
dimanche 10 juin 2012
Posté par 2ccr le 7 juin 2012 sur Conscience Citoyenne Responsable
Un point commun majeur est que toutes sont des démocraties
représentatives qui reposent essentiellement sur l’élection, mais
paradoxalement le poids du citoyen sur la prise de décision par les gouvernants
est de plus en plus faible. Le pouvoir est finalement exercé par une élite peu
contrôlée, qui est très proche de l’élite économique, et beaucoup plus sensible
aux pressions des lobbys que des mouvements citoyens. Ensuite, les gouvernants
se sont laissés eux-mêmes dessaisir d’une grande partie de leur pouvoir et ils
ont de moins en moins d’emprise sur la sphère économique et financière.
Contrairement à l’idéal antique de la démocratie
athénienne, où l’assemblée des citoyens concentrait l’essentiel du pouvoir
décisionnel et où se pratiquait le tirage au sort, la rotation et la
collégialité des fonctions, le pouvoir est actuellement exercé par une classe
politique professionnelle. Cette professionnalisation proche de l’oligarchie
prolonge le principe que tout le monde n’est pas capable d’exercer des charges
gouvernementales, et qu’il est nécessaire de gouverner à la place d’une opinion
publique jugée versatile et dangereuse.
La France est le seul pays d’Europe où une même personne, le président
de la république, incarne la communauté politique et à la fois gouverne.
Ailleurs, le président assure un rôle moral et symbolique d’arbitre, mais le
pouvoir exécutif est aux mains du premier ministre. De plus, dans nos
frontières, le poids du législatif par rapport à l’exécutif est
particulièrement faible, et le cumul des mandats généralisé. Notre système est
vraiment très déséquilibré.
Notre culture du pouvoir ne va pas nécessairement dans le
sens de la démocratie. Des formes de prises de décisions autoritaires et
personnalisées s’observent à tous les niveaux, au niveau national (président de
la république) comme au niveau local (maire). Avec cette culture de l’autorité,
va aussi une absence de contre-pouvoirs et d’acceptation de la possibilité
d’une remise en question des pouvoirs élus. La France est un exemple
paroxystique de démocratie majoritaire où, lorsqu’un pouvoir l’a emporté grâce
à une élection, il peut en faire ce qu’il veut. On est loin de l’idéal
démocratique !
Il faut en finir avec l’idée que seuls les élus par
la grâce d’une élection peuvent incarner l’internet général, et donc
monopoliser la prise de décision. Il faudrait par exemple ouvrir le champ à des
assemblées citoyennes tirées au sort ou permettre les référendums d’initiative
populaire. Cela exige cependant que des mouvements sociaux d’ampleur fassent
bouger le centre de gravité de l’agenda politique. Cela s’est déjà produit à
partir du 19éme siècle par exemple, l’émergence de partis de masse a favorisé
l’instauration de l’état social.
On ne pourra absolument pas changer le système s’il n’y a pas
un réveil citoyen via des mouvements sociaux de masse, des mobilisations
importantes… ; rien ne peut dire encore si ces mouvements pourront contraindre
le système à s’adapter, mais il est certain que les institutions et les élites
telles qu’elles sont ne se réformeront que si elles y sont contraintes par la
rue.
D’après un article de Loïc BLONDIAUX
et Yves SINTONER pour le journal du CNRS
« Il vient une heure ou
protester ne suffit plus, après la philosophie, il faut l’action »…Victor HUGO
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