vendredi 31 mai 2013

Nicolas Doze : Sauvons les auto-entrepreneurs (J'ai un doute)



OCDE et Europe : La précarité généralisée comme réponse au chômage ! (slovar)

29 mai 2013


OCDE et Europe : La précarité généralisée comme réponse au chômage !

Selon l'OCDE et la Commission européenne, il suffirait que la France assouplisse encore son marché du travail, bloque les salaires, mette en place un SMIC jeunes et baisse les cotisations patronales pour faire baisser le chômage. En gros, la recette appliquée en Espagne, en Italie ou au Portugal avec le résultat qu'on connaît !
L'élément de langage est bien rôdé, si le chômage est au plus haut en Europe, c'est à cause des égoïstes qui ont un emploi et refusent de le partager avec ceux qui n'en n'ont pas.

On peut en lire une synthèse, sous la plume de Hélène Syed Zwick, sur le site Fenêtre sur l'Europe : « (...) La détérioration généralisée de la situation des marchés du travail nationaux en Europe, dont les causes structurelles sont désormais identifiées, exige des réformes en profondeur. Les nouveaux gouvernements en Espagne (Rajoy) et en Italie (Monti), mais aussi au Portugal (Passos Coehlo) se sont engagés à réformer leurs codes du travail respectifs. Ces pays, tout comme demain, inévitablement, la France et même l’Allemagne, sont confrontés à une problématique de fond identique : réduire le dualisme sur leur marché du travail qui scinde la population active en deux et qui fournit à une partie, sécurité et stabilité de l’emploi et à l’autre, majoritaire, une précarité génératrice d’insécurité et d’incertitudes (...) » Voir aussi : Réformes des marchés du travail, Espagne, Italie, Portugal

Avouez que lorsqu'on travaille dans le privé pour un salaire qui oscille entre 1300 et 1500 € brut par mois, se faire traiter de privilégié est assez surprenant. Néanmoins, les experts de l'OCDE et de la Commission européenne qui se moquent complètement de savoir si on peut se loger, se vêtir et manger correctement, avec de tels revenus le pensent !

C'est donc au nom de ce constat que l'OCDE et la Commission européenne viennent de demander à la France un certain nombre de réformes, essentielles pour eux, pour faire baisser le chômage de masse.

Pour l'OCDE « (...) Il faut donc accélérer les réformes (...) encourager la modération salariale et mettre en oeuvre un salaire minimum plus faible pour les jeunes adultes (...) »

En clair essayer de remettre en place le fameux « SMIC jeunes » baptisé par Edouard Balladur : Contrat d'insertion professionnelle

Le seul problème pour ce type de contrat, c'est qu'une entreprise n'embauche que lorsque son carnet de commande le permet et non pas uniquement sur un critère de très bas salaire. Par contre, elle génère un effet pervers : Elle se transforme vite en effet d'aubaine pour certains employeurs. En effet, elle ouvre la possibilité de recruter en priorité des salariés sous payés au détriment de salariés considérés plus chers. Imaginez l'effet dans le cas où on assouplirait encore plus les conditions de licenciement !

Pour la Commission européenne : « (...) le pacte pour la compétitivité, inspiré du rapport Gallois, et l'accord sur l'emploi, négocié par les partenaires sociaux, constituent des premiers pas dans la bonne direction. Pour M. Rehn (commissaire européen), il faut accélérer le rythme et l'ampleur des réformes (...) »

Traduction : comme l'écrivait l'un des candidats à la présidence du Medef, il faut passer à la version 2 de l'ANI et transformer chaque salarié en précaire permanent. Sans se poser, bien entendu, de question sur le fait qu'en fonction de l'âge ou de la capacité à changer de métier, certains salariés, devenus chômeurs, ne retrouveront plus aucun emploi.

Il suffira vous diront l'OCDE et la Commission européenne, de les cantonner à des mini jobs rémunérés à 3 ou 400 € par mois, comme en Allemagne où, sans cette astuce, le taux de chômage atteindrait 12%.

Hé oui braves gens : « Le plein emploi est possible grâce à la totale précarité » est en marche !


Crédit et copyright image
Faujour

Education: ce qu'a vraiment dit la Cour des Comptes (Chroniques politiques)

Education: ce qu'a vraiment dit la Cour des Comptes



Ce devait être un drame, un énième rapport qui devait polluer l'action politique du gouvernement. La Cour des Comptes avait livré son verdict sur l'Education nationale, le 22 mai dernier: il fallait "gérer les enseignants autrement".

Fichtre ! Le Figaro pouvait rapidement titrer "École : la Cour des comptes dénonce l'erreur de Hollande". . Quand Nicolas Sarkozy était président, l'accumulation de rapports négatifs de la même Cour ne suscitait pas pareil enthousiasme... Quelle surprise...

Pire, on ne lit pas exactement la même chose que le Figaro dans ce fichu rapport...

Les Sages de la Cour avaient étudié 5 académies, (Bordeaux, Lille, Limoges, Nantes et Versailles), soit 227.000 enseignants. Ils ont quelques recommandations, presque des évidences: il faudrait (1) redéfinir le métier enseignant "en adaptant en particulier les obligations réglementaires de service", (2) mieux valoriser les ressources humaines, "au niveau individuel et des équipes", (3) affecter les enseignants "en fonction de la réalité des postes et des projets" et (4) améliorer la gestion de proximité.

Le bilan du passé
La Cour est critique sur un bilan qui, loin s'en faut,n'est pas celui de François Hollande. « La capacité du système scolaire français à assurer la réussite de tous les élèves est médiocre comparée à celle des autres pays développés. » L'école de la République ne sait plus compenser le déterminisme social: « De nombreux facteurs d’explication rendent compte de cette situation, parmi lesquels les déterminants culturels, sociaux et économiques individuels propres aux élèves. »

L'Education à la française coûte cher, 49,9 milliards d'euros en 2011, soit 17 % du budget de l'État: « si les enquêtes internationales montrent la diminution continue des performances du système éducatif français depuis une décennie, les moyens financiers qui lui ont été alloués sur la période couverte par ces études ont, en revanche, connu une hausse constante alors que le nombre d’élèves décroissait. » Le coût moyen d'un lycéen français est de 31% supérieur à la moyenne de l'OCDE.


Pour ceux qui pensent que l'ancien monarque a réussi à réduire un budget prétendument trop important, l'échec de Sarkozy se résume en une phrase: "En particulier, entre 2008 et 2012, les mesures prises dans le cadre de la révision générale des politiques publiques (RGPP) n’ont pas eu pour conséquence de réduire le budget de l’éducation nationale." La hausse est même de +5,4% .
La crise est plus grave qu'une simple mauvaise gestion passée. Il y a "une crise d’attractivité du métier d’enseignant » qui est devenue « inquiétante." Le nombre de candidats n'a cessé de se contracter. Au passage, la Cour démonte la réforme Sarkozy de la formation des enseignants: "les difficultés de recrutement ne sont sans doute pas sans lien avec la réforme du recrutement et de la formation initiale des enseignants des premier et second degrés dite de la « mastérisation », mise en œuvre à compter de la rentrée scolaire 2010-2011."

Manque d'encadrement ?
Le Figaro reprend une antienne sarkozyste, l'obsession de la RGPP et ses réductions de postes. Et oui, sans surprise, la Cour se livre à des comparaisons arithmétiques qui ravissent le quotidien conservateur: "les suppressions de postes ont ramené le nombre d’enseignants du second degré en 2011-2012 à son niveau de 1993-1994, alors que le nombre d’élèves a diminué de 6 % environ sur la même période."

De là à conclure que la promesse du candidat Hollande, en passe d'être réalisée, est une aberration, il n'y a qu'un pas que le Figaro adore franchir. C'est pourtant aller un peu vite en besogne. La Cour des comptes s'exonère rapidement et explicitement de vouloir juger la filière publique d'enseignement sur d'autres critères que la bonne utilisation des deniers publics. Elle ne se prononce pas, et refuse de se prononcer sur les missions elles-mêmes. Il y a ainsi ce paragraphe presque troublant, un paragraphe dans lequel la Cour s'exonère comme à l'accoutumée de vouloir juger de l'efficacité du système éducatif par rapport à des objectifs autres que financiers: "la Cour ne se prononce que sur son champ de compétence, c’est-à-dire sur l’organisation et le fonctionnement de la gestion, son efficacité, (c'est-à-dire sa capacité à atteindre les objectifs fixés dans la loi) et son efficience (c’est-à-dire sa capacité à le faire au meilleur coût).." C'est dit, c'est clair. Les difficultés de l'enseignement actuel, dans un environnement de crise durable et de distractions technologiques diverses, ne sont pas abordées. Tout comme la question de "bon" nombre d'enseignants par rapport au nombre d'élèves. Tout juste la Cour note-t-elle que la France procure un temps d'instruction par an plus long que le reste de l'oCDE, avec des enseignants moins payés...

Ses principales critiques portent sur les défauts d'organisation.

Les difficultés du présent
La première critique porte sur le pilotage de l'Education nationale : il n'a pas été adapté à l'élargissement du périmètre des missions qu'on reconnaît désormais aux enseignants. Depuis une décennie, le volume d'heures de cours reste l'alpha et l'omega de l'évaluation des moyens éducatifs, alors que la "définition législative des missions des enseignants" est bien plus vaste. Globalement, le système est jugé trop segmenté, ("entre premier et second degré, entre corps, ainsi qu’entre disciplines"), notamment par manque de polyvalence des enseignants du collège.

La Cour suggère de forfaitiser annuellement les obligations de services à l’ensemble des activités, de centrer le soutien aux enseignants sur les équipes pédagogiques, d'autoriser l'enseignement de deux disciplines par enseignant. Si un effort de déconcentration de la gestion des effectifs a été mis en oeuvre depuis plus de 20 ans, en faveur des rectorats et des directions départementales, cet encadrement "de proximité" reste inefficace … faute de méthodes adaptées (maintien d'un cadrage national, gestion uniforme), et... de moyens:
"Le taux d’encadrement du ministère de l’éducation nationale pourrait témoigner d’une efficience bien supérieure à celle des autres administrations. En réalité, il est surtout le signe d’une personnalisation insuffisante de la gestion des ressources humaines."
Seconde critique, la gestion des moyens est défaillante car trop uniforme et encore centralisée: l'implantation des enseignants ne repose pas sur une bonne connaissance des besoins des élèves. Elle s'appuie au contraire sur une attribution "automatique par un système de barème – au demeurant illégal–", qui supposerait que tous les postes sont équivalents, de même que les compétences des enseignants. Pire, le ministère n’a pas mis en place de "système national de mesure directe et fiable des besoins scolaires de tous les élèves."

Même les Zones d'Education Prioritaires sont en péril: la Cour s'étonne de l'inflation de la carte de l’éducation prioritaire au fil des années (trop de ZEP ce qui dilue l'efficacité du dispositif), de la caducité du périmètre des zones, de l'hétérogénéité des établissements concernés, des résultats finalement peu probants pour les élèves.

Cette mauvaise gestion a des conséquences sur les enseignants eux-mêmes: il créé des inégalités "criantes" entre enseignants (temps de services, rémunération), entre établissements, et … entre élèves. Par exemple, le taux de remplacements des absences est trop bas et en baisse depuis 2006, une faille dénoncée depuis longtemps par les associations de parents d'élèves: "En 2011, dans le second degré, sur les 26 333 postes vacants avant le mouvement intra-académique, 9 630 n’ont finalement pas été pourvus, soit un taux de couverture de 62,3% seulement." En ZEP, il a même chuté à 46% ! Un comble !

La Cour s'attarde aussi les conditions de travail des enseignants, et livre quelques surprises: primo, elle se déclare incapable de mesurer leur temps de travail annuel puisque les travaux "à domicile" ne sont pas mesurer: "les enseignants du premier degré français délivrent un nombre d’heures de cours (918) supérieur de 17,4 % à leurs homologues de l’OCDE (avec 782 h, la différence est de 21,0 % avec les pays européens dont la moyenne est à 758 heures de cours) et inférieur de 4 à 8 % dans le second degré (au collège par exemple, le nombre moyen d’heures de cours annuel d’un enseignant est de 646 en France, contre 704 en moyenne dans l’OCDE)."

Secundo, leur rémunération est en France inférieure à la moyenne OCDE, pour le premier degré (-21% sur l'échelon le plus bas; -15% après 15 ans de métier; +1% en fin de carrière), comme pour le secondaire (-15% sur l'échelon le plus bas; -15% après 15 ans de métier; -0,3% en fin de carrière).

Au final, la Cour ne dit pas qu'il faut moins de professeurs, ni qu'il ne faut pas des renforts.

Elle fustige les insuffisances du pilotage et de la gestion.

Et c'est déjà beaucoup.


Lire le rapport

Nactualités : invitée de François Hollande, Angela Merkel visite le Louvre


Nactualités : invitée de François Hollande, Angela Merkel visite le Louvre


jeudi 30 mai 2013

Les français doivent se préparer à une baisse de leur salaire (Les moutons enragés)

Les français doivent se préparer à une baisse de leur salaire

La phrase tombe comme un couperet, la menace impensable de finir comme la Grèce avec des salaires au rabais peut encore devenir réalité, non seulement par ce que la France s’est enfoncée dans un miasme économique incommensurable, mais les « recommandations » de ces « messieurs qui ne nous veulent que du bien » se multiplient un peu plus chaque jour.
Francois-Hollande_pics_390Simplifier le système fiscal, abaisser le coût du travail, réformer les retraites dès cette année -ce n’est pas tout !-, réduire le déficit à 3,6% du PIB en 2014, ouvrir les professions « fermées » (médecins, notaires, taxis…)… Vaste programme ! La Commission européenne a fixé hier une dizaine de « recommandations » à la France pour qu’elle parvienne à tenir son objectif de réduction du déficit et pour qu’elle retrouve les chemins de la compétitivité.
Ces pistes de réforme ne sont pas nouvelles, certaines sont même déjà dans les tuyaux. Mais Bruxelles veut que la France tape plus fort et plus vite. Sous leurs faux airs de bons conseils, ces injonctions s’apparentent en réalité presque à des ordres puisque si elles sont validées fin juin lors d’un sommet, elles deviendront légalement contraignantes. La France pourrait être sanctionnée si les résultats budgétaires n’étaient pas au rendez-vous.
« L’heure des réformes courageuses a sonné » estime le commissaire européen Olli Rehn dans une interview au Figaro.
En somme, Bruxelles conseille à la France de réformer tous azimuts son économie. Et ce dans six domaines : le déficit, les retraites, le travail, les services, les entreprises et la fiscalité. Bref, il y a du boulot !
La Commission européenne voudrait par exemple voir la France ouvrir davantage à la concurrence européenne les héritiers des grands monopoles publics (EDF et SNCF), réduire le poids des contributions sociales des employeurs, simplifier la loi sur les heures d’ouverture des magasins, supprimer les tarifs réglementés sur le gaz et l’électricité ou encore introduire la concurrence sur le rail et l’énergie.
En somme, qu’elle libère les énergies, ouvre ses marchés, débloque son potentiel pour aller chercher la croissance.
Parmi les chantiers encore jamais ouverts depuis l’accession au pouvoir de François Hollande, mais que Bruxelles aimerait mettre sur la table : la question du salaire minimum, l’un des plus élevés d’Europe. Et les règles de licenciement, parmi les plus contraignantes, même si elles viennent d’être assouplies dans l’accord sur la flexisécurité.
François Hollande a déjà fait savoir hier qu’il mènerait les réformes nécessaires à sa guise et à son rythme. « La Commission n’a pas à nous dicter ce que nous avons à faire », a-t-il déclaré en marge d’un déplacement à Rodez. « Nous ferons les réformes à notre manière » a renchéri Jean-Marc Ayrault. Mais ont-ils réellement le pouvoir de balayer d’un revers de la main les injonctions de Bruxelles ? Pas sûr… Et il y a fort à parier qu’ile le savent pertinemment.
Source: economiematin.fr
Vous avez bien lu! Alors dans l’ordre, Bruxelles nous impose:
  • D’envoyer valdinguer ce qui reste de souveraineté dans les grandes entreprises franco-françaises
  • Alléger les charges des patrons, et surtout des grands patrons qui n’ont aucun souci réel pour ces « contributions »
  • Simplifier la loi sur les heures d’ouverture des magasins
  • supprimer les tarifs réglementés sur le gaz et l’électricité, attention à vos factures, là on va nous proposer du lourd…
  • introduire la concurrence sur le rail et l’énergie
  • la question du salaire minimum, et c’est là que le cela devient délicat…
Le salaire minimum, car en France nous sommes bien trop payés, trop grassement, et qu’il y a des coupes possibles dans le domaine. Vous comprendrez donc mieux la réaction de François Hollande lorsqu’il a vivement réagit:
« Nous nous avons à respecter les engagements européens par rapport à la réduction des déficits »
« En ce qui concerne les réformes structurelles, c’est à nous et à nous seuls de dire quel sera le bon chemin pour atteindre l’objectif«
Ne pensez pas qu’il devienne subitement patriote ou courageux face à Bruxelles, on peut surement plus parier sans vraiment se tromper sur la peur des conséquences d’une telle décision, déjà très bas dans les sondages, imposer une baisse des salaires dans le pays reviendrait à déclencher un gros mouvements de contestation et confirmerait ce qui se disait déjà bien avant son élection: « il ne finira pas son mandat! ».
Bien sur, on peut encore douter qu’une telle mesure puisse être appliquée, pourtant, les coups de semonces se sont multiplié ces derniers mois, et voici les deux principaux, ceux qui auraient dû faire trembler les murs de toutes les rédactions de presse et qui pourtant sont restés assez discrets:
  • Décembre 2012: le journal anglais The Economist expliquait dans ses colonnes que la France devait baisser le SMIC de 300 euros, précisant même que «un salaire minimum modéré fait probablement plus de bien que de mal », avant de préciser que la définition d’un salaire minimum modéré signifie entre 30 et 40% du salaire médian. »
  • Janvier 2013: la Goldman Sachs « conseille » à la France de baisser les salaires de 30%, décision qui bien sur ne faisait pas l’unanimité.
Bref, le gouvernement Hollande a maintenant les USA, l’Angleterre et Bruxelles sur le dos pour faire baisser le salaire des français! Et à votre avis? François Hollande a les épaules adéquates pour affronter tous ces requins ou bien allons-nous finir par subir un coup de cutter immense sur nos fiches de payes à la manière grecque?

Jean-Pierre Petit, ITER Mythes et Réalités (info libre)

Jean-Pierre Petit, ITER Mythes et Réalités


Jean-Pierre Petit, ancien directeur du CNRS, vient de réaliser une vidéo en 5 parties sur le principe de fonctionnement d’ITER, ses dangers, les risques de dysfonctionnements et ses alternatives. Vidéo où il vulgarise au maximum de façon à ce tout un chacun puisse suivre. A ne pas manquer.

 

Marinaleda, une vidéo utopique de nos lecteurs. (Le grand soir)

29 mai 2013

Le FMI a soumis toute l’Espagne. Toute ? Non, un petit village résiste encore et toujours, etc.
Marinaleda, une vidéo utopique de nos lecteurs.

   
Vous pouvez visionner sur cette page une vidéo de 12 minutes (co-financée par Le Grand Soir) sur Marinaleda, l’extraordinaire petit village andalou où se précipitent, venus du monde entier, des curieux, des sociologues, des rêveurs, des assoiffés de solidarité, de justice, d’égalité et d’amour. ( http://www.youtube.com/watch?v=pId_Ciwuw3Y )
Cette vidéo fait suite à un article que nous avons publié ici le 7 mai ( http://www.legrandsoir.info/les-petits-matins-de-marinaleda.html).
L’article et la vidéo ont une histoire « marinaledesque ». En début d’année, quand Jean Ortiz nous a (re)parlé de ce village, nous lui avons demandé d’y aller comme « envoyé spécial » du Grand Soir. Il avait d’ailleurs projeté de le faire avec ses amis d’Emmaüs-Pau qui voulaient filmer.
LGS a co-financé l’opération et la vidéo. Avec quel argent, alors que nous sommes un site gratuit ? Avec celui de vos dons qui nous parviennent de temps à autre. Il vous plaira assurément qu’il en soit fait un tel usage (1).
Sur cette (votre) vidéo plane l’ombre de l’abbé Pierre et du Che.
Vous y entendrez un maire charismatique et modeste expliquer comment il s’est mis hors la loi parce que « les pauvres ont le droit de manger tous les jours ».
Vous y entendrez les villageois dire leur fierté.
Ces dernières heures, la « Justice » espagnole vient de se remettre en branle pour que soit appliqué un jugement qui condamne les trublions à 53 ans de prison et 400 000 euros d’amende.
http://www.legrandsoir.info/acharnement-politique-et-judiciaire-contre...
Alors que nous avons tant de raisons de désespérer de tout (et la lecture du Grand Soir alimente parfois la sinistrose), laissez-vous emporter par cette utopie concrète, cette démonstration qu’un autre monde est possible. Regardez cette poignée d’irréductibles tranquilles que le puissant royaume d’Espagne ne parvient pas à faire plier.
Le Grand Soir.

mercredi 29 mai 2013

L’Union Européenne financerait directement le pillage par Al Qaeda du pétrole syrien (Blogapares)

L’Union Européenne financerait directement le pillage par Al Qaeda du pétrole syrien

vautour LUnion Européenne financerait directement le pillage par Al Qaeda du pétrole syrienLe quotidien anglais The Guardian a publié récemment un article affirmant que l’UE finançait directement les groupes terroristes affiliés à Al Qaeda combattant l’armée nationale syrienne qui pillent le pétrole dans l’Est de la Syrie et le revendent à prix très bas à des pays membres de l’UE via la Turquie prédatrice en chef .
Navi Pillay, haute-commissaire aux droits humains de l’Organisation des Nations unies vient de déclarer qu’un « cauchemar » se dessine en Syrie. Selon lui « une catastrophe humanitaire, politique et sociale nous frappe déjà, et ce qui nous attend est véritablement un cauchemar ».

Le bal des vautours a déjà commencé.

Selon The Guardian :
« La décision de l’UE de lever les sanctions pétrolières pour aider l’opposition a accéléré le rush pour contrôler les puits et pipelines dans des zones tenues par les rebelles et aider à consolider la main mise des groupes djihadistes sur les ressources clés du pays »
Le Guardian précise que les principaux bénéficiaires de la levée des sanctions de l’UE sont le Front al Nusra et des groupes islamistes similaires. »Jabhat al Nusra affilié à al Qaeda et d’autres groupes extrémistes islamistes contrôlent la majorité des puits de pétrole dans la province de Deir Ezzor, déplaçant parfois par la force des tribus locales sunnites. Ils ont également pris le contrôle d’autres champs aux mains de groupes kurdes plus au Nord Est dans le gouvernorat de Hasakah »
En levant ces sanctions et en s’autorisant à faire du commerce avec ces groupes terroristes l’UE finance al Qaeda tout en prétendant mener une « guerre contre le terrorisme ».
Récemment le quotidien allemand Der Spiegel Online a lui aussi rapporté comment les Islamistes déversent le pétrole syrien sur le marché mondial à des prix extrèmement bas :
« Depuis Février le groupe islamiste rebelle Liwa al-Islam a pris le contrôle du champ pétrolier d’al -Thaura dans le gouvernorat d’ar-Raqqah… Les rebelles dans al -Thaura vendent dix camions citerne pleins chaque jour. Ils se font beaucoup d’argent et font payer environ 13 $ US le baril alors que sur le marché mondial un baril vaut 100 $ US mais cela a peu d’influence sur le marché »
Abu Saif, un mercenaire islamiste de la Brigade Ahrar liée au Frères Musulmans, décrit comment les djihadistes pillent le pétrole du peuple syrien : » Jabhat al Nusra investit dans l’économie syrienne pour renforcer sa position en Syrie et en Irak. Les combattants d’Al Nusra vendent tout ce qui leur tombe entre les mains, du blé, des vestiges archéologiques, des équipements d’usines, du pétrole raffiné, des machines, des voitures, des pièces détachées, du pétrole brut. »
Pour s’emparer du pétrole les terroristes tuent quiconque se met en travers de leur chemin. C’est ainsi qu’ils ont détruit le village d’al -Musareb prés de Deir Ezzor, assassinant 50 de ses habitants après un conflit avec des hommes des tribus locales à propos d’un camion citerne. Ces assassinats qui permettent à ces terroristes de piller le pétrole de la Syrie pour approvisionner l’UE sont filmés et postés sur You Tube comme d’autres crimes qu’ils commettent à l’encontre des populations civiles et des militaires qui défendent leur pays et leur peuple.
L’UE tout comme les US ne recule devant rien pour s’emparer des ressources énergétiques au Moyen Orient en Afrique et en Asie Centrale. Les guerres D’Afghanistan, d’Irak, de Libye celle en cours contre la Syrie et celle en préparation contre l’Iran ont toutes des objectifs de pillage des ressources énergétiques de ces pays.
Ce qui est le plus scandaleux c’est que des organisations dites « de gauche » telles l’Organisation Socialiste Internationale le parti de gauche allemand, le NPA en France et le Parti des Travailleurs Socialistes (SWP) en Grande Bretagne ont le toupet de qualifier de « révolution » la guerre menée contre la Syrie et le peuple syrien par l’Impérialisme américano sioniste leurs vassaux européens et arabes et leurs proxis djihadistes. Leur ralliement à la pseudio » révolution » syrienne est un acte de trahison vis à vis du peuple syrien et un soutien clair à cet impérialisme qu’ils prétendent combattre qui utilise des terroristes pour piller la Syrie. Les multinationales que finalement ils soutiennent sont déjà dans les starting blocks pour vautouriser les puits de pétrole et ressources en gaz de la Syrie.
Israël quant à lui a déjà commencer à piller les ressources en pétrole du Golan occupé en attribuant à Effi Eitan un ancien chef d’état major de l’armée israélienne le droit de forer sur le Golan occupé. C’est sans parler de l’exploitation depuis de nombreuses années de carrières de pierre utilisées pour la construction des colonies sur le Golan occupé et ailleurs en Palestine occupée.
Récemment le président syrien, Bashar al Assad, dans une interview accordée au journal Clarin et à l’agence de presse étatique de l’Argentine Telam a renouvelé ses accusations contre des » puissances étrangères » qui soutiennent l’opposition islamiste et directement accusé Israël de soutenir directement les groupes terroristes de deux façons d’abord en leur fournissant un soutien logistique et aussi en leur disant quels sites attaquer et comment les attaquer. »
L’UE devrait discuter prochainement d’une possible levée de l’embargo des armes afin d’approvisionner les opposants à Assad sachant que ces armes risquent de tomber aux mains de ces groupes extrémistes tel al Nusra liés à al Qaeda. La France et la Grande Bretagne font pression sur les autres états membres de l’UE pour obtenir cette levée de l’embargo alors que certains pays y sont opposés tel l’Autriche qui a menacé de retirer ses 380 soldats faisant partie des casques bleus déployés sur le Golan occupé.
Le chef de la mission diplomatique russe auprès de l’UE, Vladimir Chizhov, s’est exprimé sur cette possible levée de l’embargo des armes à destination de l’opposition armée. Il a dit que les discussions sur celle ci était inappropriées alors même que la Russie et les US ont appelé à une conférence internationale à Genève sur la Syrie.
Selon Chizhoiv :
« le Conseil des affaires étrangères de l’UE doit s’ocuper de ce problème le 27 de ce mois… Selon nos estimations la majorité des pays membres de l’UE rejettent la levée de l’embargo »
Chizhov a ajouté que le fait de lever l’embargo pour l’un des deux camps compte tenue des circonstances est une décision dangereuse.
« Envoyer plus d’armes à de tels endroits ne contribuera jamais à instaurer la paix »
Chizhov a également fait remarquer le côté hétéroclite des groupes armés qui constituent « l’opposition armée » et que ce sont les extrémistes qui la contrôle. il a ajouté que quand certains responsables des états membres de l’UE affirment que ces armes ne tomberont pas aux mains des extrémistes ce sont des prises de position dangereuses.
Chizhov a dit que la Russie n’acceptera pas une telle décision. En clair si l’UE arme l’opposition la Russie armera le gouvernement syrien en plus des commandes anciennes qu’elle honore actuellement comme l’a déclaré le ministre des affaires étrangères russe, Sergei Lavrov.
Chizhov a fait remarqué que l’UE a des règles précises en matière de vente d’armes et de technologie militaire adoptées en 1998 et revues en 2008. Elles interdisent d’envoyer des armes dans les zones de conflit où elles pourraient être utilisées dans un contexte de violations des droits de l’homme. Ce qui n’empêche pas l’UE d’armer Israël.
Chizhov a également dit que la crise syrienne serait évoquée lors du sommet de l’UE qui doit se tenir le 3 et 4 Juin prochain dans la ville russe de Yekaterinburg et que l’UE devait participer en tant que telle à la prochaine conférence de Genève sur la Syrie de même que les pays membres permanents du Conseil de Sécurité.
La Russie tient absolument à ce que l’Iran – de même que l’Arabie Saoudite- participe à cette conférence ce que rejette le gouvernement Hollande sous emprise juive sioniste. Le millionnaire juif sioniste du Quai d’Orsay Laurent Fabius a dit qu’il était hors de question que la Hollandie se retrouve autour de la table des négociations avec l’Iran pourtant un acteur régional incontournable pour mettre fin à cette guerre destructrice de la Syrie et dont est responsable au premier chef Hollande et sa clique qui défendent les intérêts d’Israël et pas de la France.
Source: The Guardian via Planète Non Violence

Les drones killer du Nobel de la Paix (Il Manifesto) (Le grand soir)

Les drones killer du Nobel de la Paix (Il Manifesto)

   
Le Nobel de la Paix Barack Obama y met le paquet, mais ni lui ni n’importe quel autre président des Etats-Unis ne peut promettre la défaite totale de la terreur, car « nous ne serons jamais en mesure d’extirper le mal niché chez certains êtres humains ». Il l’annonce dans le discours sur la « stratégie contre-terrorisme ». Malgré les défaites subies par Al Qaeda et par ses affiliés, « la menace est aujourd’hui plus répandue », du Yémen à l’Irak, de la Somalie à l’Afrique du Nord, et dans des pays comme la Libye et la Syrie « les extrémistes ont pris pied » à la suite des « agitations dans le monde arabe » (et non pas des guerres déclenchées par les Usa et l’Otan). La lutte du Bien contre le Mal continue donc, sous la conduite éclairée du président, en redéfinissant cependant la stratégie : de « guerre illimitée à la terreur » elle se transforme en une série (de fait illimitée) d’ « actions létales ciblées » avec l’objectif de « démanteler des réseaux spécifiques d’extrémistes violents qui menacent l’Amérique » (les Etats-Unis, NdT). Dans ces actions seront de plus en plus utilisés les drones téléguidés, dont l’utilisation est « légale » selon le droit étasunien et international, étant donné que les Etats-Unis mènent une « guerre juste et d’autodéfense ». L’utilisation des drones contribue à « sauver des vies humaines », car les avions et missiles sont moins précis et peuvent provoquer un nombre plus important de victimes. Dorénavant, cependant, les « actions létales ciblées » menées par des drones et des forces spéciales « en dehors des zones de guerre » seront soumises à une « forte supervision ». Mais, précise Obama, « nous devons tenir l’information secrète ». Personne ne pourra donc savoir quelle sera l’utilisation effective des drones et forces spéciales. La « forte supervision » annoncée par Obama a en réalité l’objectif de déplacer le contrôle des « actions létales ciblées » de la Cia au Pentagone. En plus d’une décennie de « guerre à la terreur » c’est surtout la Cia qui a conduit ces actions de drones et d’agents secrets non seulement en Afghanistan et en Irak, mais aussi au Yémen, en Somalie et dans de nombreux autres pays non en guerre officiellement. Mais de cette façon la Cia a pris trop de place, piétinant les plates-bandes du Pentagone. Le Commandement conjoint pour les opérations spéciales du Pentagone, qui effectue des actions parallèles à celles de la Cia, veut à présent le contrôle de toutes les opérations des drones. Auxquelles contribuera la Cia en indiquant les cibles, humaines et matérielles, à atteindre. Le déplacement du contrôle aux mains du Pentagone fonctionne aussi pour la potentialisation de l’armée de drones, avec l’objectif de passer des drones télécommandés à ceux complètement robotisés. Le 22 mai, la veille du discours d’Obama, la firme Northrop Grumman a effectué le premier vol du MQ-4C Triton, qu’elle est en train de construire pour la US Navy : le drone, avec une envergure de 40 mètres (plus grande que celle de l’avion de ligne Boeing 737), peut voler sans réapprovisionnement plus de 30 heures sur 18mille km, en repérant automatiquement grâce à ses senseurs les divers types de navire et d’objectifs à toucher. La marine étasunienne en a commandé 68, dont une part sera sûrement déployée à Sigonella ou dans une autre base en Italie. Cette même Northrop Grumman, six jours avant le discours d’Obama, a commencé sur le porte-avions George H.W. Bush les manœuvres « touch and go » (appontage et décollage immédiat) du X-47B : un drone robot « intelligent » (aussi grand qu’un chasseur F/A-18 Super Hornet) qui, une fois lancé, va de façon autonome rejoindre et toucher l’objectif et revenir sur le porte-avions.
En continuant ainsi à « sauver des vies humaines ».
Edition de mardi 28 mai 2013 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/area-abbonati/in-edicola/manip2n1/20130528/m...
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

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Economie sociale et solidaire : le gouvernement veut-il supprimer la démocratie d’entreprise ? (Basta)

Projet de loi

Economie sociale et solidaire : le gouvernement veut-il supprimer la démocratie d’entreprise ?

Par François Longérinas (29 mai 2013)
L’économie sociale et solidaire (ESS), ce sont 2,4 millions d’emplois dans des coopératives, des mutuelles ou des associations, 10% du PIB et un ministre délégué, Benoît Hamon, qui prépare un projet de loi sur le sujet. Problème : sous prétexte d’ouvrir le secteur à d’autres entrepreneurs, le ministre serait prêt à enterrer l’une des spécificités de l’ESS : une gestion relativement démocratique des entreprises, les détenteurs du capital n’étant pas les seuls à prendre les décisions.
Un projet de loi sur l’économie sociale et solidaire sera débattu au Parlement dans quelques mois, pour assurer davantage de reconnaissance à ce secteur – qui représente 10 % du PIB et 2,4 millions d’emplois – et accompagner son développement. A la lecture du projet de loi porté par Benoît Hamon, ministre délégué à l’Economie sociale et solidaire (ESS) et à la Consommation, on reste largement sur sa faim ! On ne sait s’il vaut mieux en rire ou en pleurer...
Comment en effet ne pas applaudir à cette volonté affichée par le ministre d’offrir aux coopératives, aux mutuelles et aux associations une visibilité et une crédibilité qu’elles n’ont plus connues depuis la Libération ? Du temps où le Conseil national de la Résistance affirmait son soutien aux coopératives et aux autres démarches de solidarité et d’intérêt général. Comment ne pas se réjouir que la majeure partie des structures et des mouvements concernés par ce projet ont été consultés depuis six mois ? L’exercice n’est pas facile, tant secteur de l’économie sociale et solidaire recouvre des réalités très diverses.
Mais à parcourir le texte du projet de loi, le lecteur attentif retiendra tout d’abord que le cabinet de Benoît Hamon aura voulu proposer des bouts de réforme, répondant chacun à une revendication de l’un des secteurs concernés. Une pincée de retour aux subventions pour le mouvement associatif, un zeste de facilitation des reprises en coopérative par les salariés, deux cuillères à café d’accompagnement, par l’élargissement de la révision coopérative à toutes les structures (la révision permet aux responsables des coopérative de s’assurer que leurs structures sont restées fidèles aux principes de l’ESS)… Et j’en passe. Ce saupoudrage ne constitue pourtant pas une orientation cohérente de transformation sociale. C’est même l’inverse qui se profile.
Ringarde, la démocratie ?
À force de vouloir contenter tout le monde, l’ancien dirigeant de la gauche du PS fait la part belle aux courants les plus libéraux de l’ESS. Constatant depuis quelques années « un véritable engouement de la part de jeunes créateurs d’entreprise pour un modèle dont l’objectif principal n’est pas l’accumulation de bénéfices et leur distribution », le ministre en déduit qu’il faut leur ouvrir la porte et les inclure dans le champ de l’ESS. La loi va donc intégrer dans le « secteur de l’ESS » des entreprises au statut capitalistique classique mais qui se revendiquent de l’économie sociale et solidaire [1]. Problème : ces jeunes dirigeants pilotent des SA ou SARL, et non des structures avec un mode de gouvernance coopératif et démocratique. D’un côté, c’est l’actionnaire qui décide en fonction de son capital (50% du capital = 50% des voix), de l’autre, ce sont les sociétaires, qu’ils soient investisseurs ou salariés (un homme = une voix, quel que soit le montant du capital placé dans l’entreprise). Conséquence, pointe Benoit Hamon, « le seul principe qu’il ne nous semblait pas possible d’inscrire dans la loi, dès lors qu’il s’agit d’une SA ou d’une SARL, c’est la gouvernance démocratique » [2] ! Ce mode de gouvernance spécifique – et historique – de l’ESS, sera seulement rappelé dans l’exposé des motifs de la loi...
On croit marcher sur la tête lorsque Benoît Hamon va jusqu’à saluer les acteurs « historiques », « qui au départ souhaitaient rester sur le seul périmètre des statuts », seuls garants des principes de l’ESS, « d’avoir fait évoluer leur position pour inclure de "nouveaux entrants". » C’est pourtant exactement le contraire qu’ont défendu jusqu’au bout Patrick Lenancker, président de la confédération générale des SCOP, et Jean-Marc Roirant, secrétaire général de la Ligue de l’enseignement, qui ont réussi à convaincre le très institutionnel Conseil économique, social et environnemental (CESE) que la question de la gouvernance démocratique, à travers les statuts des structures, était centrale.
Lisez plutôt : « Notre assemblée considère que ce sont les statuts qui définissent le périmètre de l’ESS. Ceux-ci reprennent en effet des valeurs communes (entreprises de personnes et non de capitaux, solidarité entre membres, gouvernance démocratique, impartageabilité de la propriété collective) et spécifiques (non lucrativité pour les associations, les mutuelles et les fondations ; lucrativité encadrée et règlementée pour les coopératives). En conséquence, l’instauration d’un label ou dispositif volontaire de reconnaissance ne présente pas de réel intérêt. » [3]
Une personne = une voix : un principe dépassé ?
Ce positionnement gouvernemental s’explique donc par une volonté d’inclure dans le champ de l’ESS les jeunes gens qui veulent faire carrière dans le social ou l’environnemental. Ceci est louable. Mais est-ce la bonne méthode que de baisser les bras sur les statuts de l’ESS, avant même d’essayer de convaincre ces « nouveaux entrants » de leur utilité ?
Ne soyons pas naïfs. Benoît Hamon adopte le point de vue des dirigeants du Mouvement des entrepreneurs sociaux (Mouves) qui entendent faire de la gouvernance un point secondaire de leurs principes fondateurs. Tout simplement parce que leurs objectifs ne sont pas le changement de système économique, mais la réparation des pires dégâts du capitalisme. Ils en arrivent ainsi à cautionner le greenwashing opéré par les entreprises du CAC 40 ou le social business prôné par le réseau Ashoka, qui incite les jeunes loups à occuper le « marché des besoins sociaux ». Bref, à faire de la pauvreté une terre de conquête économique et financière.
Il n’est pas trop tard pour réagir. Une alliance entre le mouvements coopératif, les réseaux mutualistes et les associations citoyennes permettrait peut-être d’inverser la tendance et de remettre l’intérêt général au cœur de ce projet de loi.
Il faut cependant reconnaître que les pistes proposées pour changer les dispositifs de la commande publique à l’égard des acteurs de l’ESS, notamment en augmentant la part des clauses sociales et environnementales dans les appels d’offre, vont dans le bon sens [4]… A condition, une fois de plus, que le parole de toutes les personnes concernées – salariés, usagers et « bénéficiaires », y compris dans le secteur de l’insertion – soit pleinement reconnue.
François Longérinas, directeur d’une coopérative de formation et co-animateur du Front de Gauche de l’économie sociale et solidaire

Notes

[1] Ces structures devront inscrire dans leurs statuts des principes de l’ESS, se déclarer « entreprise de l’ESS » au moment de leur création. Elles bénéficieront d’un « agrément solidaire d’utilité sociale » délivré par les Directions régionales des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRRECTE).
[2] Source : La Gazette des communes, 26/04/2013.
[3] Source : CESE.
[4] Actuellement les marchés incluant une clause sociale représent à peine 3 % des appels d’offre.

mardi 28 mai 2013

Privatisations : les hôpitaux espagnols livrés à la spéculation financière (Basta)

Stratégie du choc

Privatisations : les hôpitaux espagnols livrés à la spéculation financière

Par Nathalie Pédestarres (27 mai 2013)
Au nom de la croissance et de la réduction des déficits, le gouvernement espagnol accélère la privatisation du système de santé publique. Des fonds d’investissement en quête de « rentabilité élevée » s’emparent d’hôpitaux, sur fond de conflits d’intérêt et de scandales politico-financiers. Collectifs citoyens et syndicats dénoncent les conséquences désastreuses de cette privatisation : des patients mourant prématurément par négligence, un personnel soignant en pleine dépression, et des coûts au final plus élevés que ceux d’une gestion publique. Enquête sur un désastre en cours.
« Partenariat public privé » : ce mode de gestion, appliqué au système de santé publique espagnol provoque des ravages, tant sociaux que sanitaires. 2 700 personnes seraient mortes prématurément en 2012 dans la région de Valence, selon un rapport de l’UGT, le premier syndicat espagnol. En cause : la dégradation des services, les coupes brutales dans les effectifs, et la gestion privée. « La santé de plus d’un million de valenciens est entre les mains d’organisations mercantiles privées qui s’introduisent dans le secteur de la santé publique dans le but explicite d’obtenir des bénéfices », dénonce le syndicat. Dans la région de Madrid, où la privatisation du secteur est également en cours, 7 500 postes de personnel soignant ont été supprimés depuis 2012. Soit plus de 10% des effectifs des hôpitaux madrilènes ! Dans la capitale, les listes d’attente s’allongent et la presse relaie de nombreux cas de négligences médicales.
Au nom de la réduction des coûts et de l’efficacité, le gouvernement de Mariano Rajoy (Parti populaire, droite) est en train de multiplier ces « partenariats public privé » dans la santé. Ils s’inspirent du système anglo-saxon des « Private Finance Initiatives » (PFI) qui vont bien au-delà, en terme de privatisation, que la délégation de service public pratiquée en France [1]. Ces PFI ont été initiées en Grande-Bretagne dans les années 1990. Elles sont aujourd’hui accusées d’y avoir contribué à la dégradation du système de santé. L’hôpital Stafford au Royaume-Uni, qui a défrayé la chronique en février, est régi par ce système, comme 118 autres établissements de santé du pays. 1 200 patients y seraient décédés entre 2005 et 2008, victimes de mauvais traitements, de négligences de la part d’un personnel sanitaire peu qualifié et démotivé, et de conditions d’hygiène déplorables [2]. D’autre part, ces PFI reviendraient beaucoup plus cher aux contribuables britanniques qu’une gestion publique [3]. « Les pays qui voient arriver la compétitivité et les opérateurs privés dans leurs systèmes de santé devraient s’inquiéter », alerte, fin 2012, Göran Dahlgren, un ancien haut fonctionnaire de la Santé publique en Suède, pays qui a aussi développé des PFI.
Conditions de travail « inhumaines »
C’est justement du Royaume-Uni et de Suède que viennent deux des principaux acteurs de la privatisation du secteur de la santé espagnol. Le premier prestataire de soins sanitaires privé en Suède, Capio, est bien implanté en Espagne (et possède une vingtaine de cliniques en France). « Le profit encourage le travail dans le système sanitaire », clame son président, Thomas Berglund [4]. Sa filiale espagnole, et ses six hôpitaux madrilènes, a été revendue début 2013 à un fonds d’investissement basé à Londres, CVC Capital Partners, qui affiche clairement cibler des secteurs à « rentabilité élevée ». Rebaptisé IDC Salud, le groupe compte s’emparer des prochaines concessions hospitalières mises sur le marché par le Parti populaire dans les régions de Madrid et de Castille.
Cette nouvelle vague de privatisation suscite une formidable levée de boucliers, relayée par le mouvement des indignés espagnols. Une pétition pour paralyser le plan de privatisation du gouvernement a récolté 900 000 signatures à Madrid et les manifestations se succèdent. La « Coordination anti-privatisation de la santé publique de Madrid » (CAS) [5], l’un des collectifs espagnols les plus actifs, a compilé les témoignages de personnels soignants décrivant leurs conditions de travail jugées « inhumaines » dans les nouveaux hôpitaux privatisés, sous régime PFI. « J’ai perçu mon transfert au nouvel hôpital comme la pire année de ma vie avec des relations délétères entre les travailleurs, une détérioration manifeste de la qualité d’attention aux patients », y confie un médecin urgentiste. « Parmi nous, il y a des professionnels très jeunes, en arrêt maladie depuis longtemps, sous traitement pour dépression. [...] Le nombre de fois où je les ai vu arriver au travail en pleurant... Ils sont suivis par le psychiatre de l’hôpital. [...] J’ai vu des médecins aussi partir chez eux en larmes, à cause de la pression », décrit une infirmière [6].
Des privatisations pour réduire les déficits ?
Pour justifier ces privatisations, les acteurs privés, soutenus par le ministère de la Santé, agitent l’épouvantail du déficit. « Nous défendons l’introduction de critères entrepreneuriaux dans la gestion de la santé publique pour pouvoir offrir une attention universelle, ce qui n’est pas le cas actuellement faute de moyens », affirme, lors d’une conférence de presse le 20 mars, Juan Abarca, PDG du groupe hospitalier privé HM Hospitales, l’un des principaux concurrents de Capio, et président d’une structure qui défend les intérêts de la gestion privée (IDIS, Institut pour le développement et l’intégration du secteur de la Santé). L’IDIS prétend que le secteur public a accumulé une dette auprès des prestataires privés de 4,1 milliards d’euros. Et dans le même temps, le gouvernement cherche à économiser 7 milliards d’euros par an dans la santé.
Malgré les critiques du système de gestion PFI ailleurs en Europe, et le mouvement de protestation en Espagne, le gouvernement s’obstine. Pourquoi vouloir appliquer coûte que coûte cette formule controversée ? « Parce qu’il est lui-même dans le business ! », s’insurge Carlos Barra, médecin dans un hôpital public de la banlieue de Madrid, qui a travaillé pendant treize ans pour le ministère de la Santé publique. Conflits d’intérêt et pantouflages sont effectivement au rendez-vous. Deux ex-conseillers à la Santé publique de la communauté autonome de Madrid, Manuel Lamela et Juan José Güemes, sont devenus cadres au sein de deux entreprises privées (Assignia Infraestructuras et Unilab) qui ont opportunément obtenu les concessions pour gérer, respectivement, l’hôpital Tajo d’Aranjuez, au Sud de Madrid, et les laboratoires d’analyses de six hôpitaux madrilènes.
Scandales politico-financiers
Le gouvernement de Madrid avait également attribué en 2005 les licences de construction et de gestion privée de huit nouveaux hôpitaux à des conglomérats composés de banques et de groupes du BTP [7]. Ces derniers sont désormais dans le collimateur des juges qui enquêtent sur deux retentissantes affaires de corruption, l’affaire Gürtel et l’affaire Barcenas, dans lesquelles sont impliqués de hauts dirigeants du Parti populaire et plusieurs de ces entreprises de la construction.
Des présomptions d’évasion fiscale planent également : avec l’aide d’économistes et d’avocats, la Coordination anti-privatisation a découvert que CVC Capital Partners, le fonds d’investissement qui possède, via la filiale IDC Salud, six hôpitaux madrilènes, dissimulerait des bénéfices dans les Îles Caïmans par l’intermédiaire de sociétés écrans. La plus grande opacité règne autour des comptes de ces entreprises et aucune commission internationale rogatoire n’a été requise pour y accéder.
Collectifs, syndicats et mouvements sociaux, comme la Coordination anti-privatisation, redoublent d’énergie pour endiguer ces accaparements spéculatifs des services de santé par ce qu’ils nomment des « fonds charognards ». Leur cheval de bataille : la révocation de la loi 15/97 sur la « modernisation du système de santé publique » qui autorise légalement l’entrée de fonds spéculatifs dans la santé. « Pour nous, une véritable gestion publique consisterait à appliquer un contrôle citoyen sur la gestion de ce service, en particulier une plus grande transparence des budgets alloués aux hôpitaux et qui sont en définitive payés par les contribuables », estime Antonio Gómez, médecin traitant au dispensaire du quartier de Vallecas, à Madrid.
Coopératives et autogestion
Collectifs citoyens et syndicats ont publié plusieurs études montrant que l’assistance médicale spécialisée dans un établissement privé coûte 16% à 27% plus cher que la même prestation proposée par l’administration publique. Le coût d’un lit hospitalier serait 74% plus onéreux dans le privé. Autre cible : la Commission européenne qui soutient de fait cette stratégie de privatisation, accélérée grâce aux plans d’austérité. Pour Berta Iglesias, de l’ONG Ecologistas en Acción, il n’y a qu’à lire le dernier programme européen « La santé en faveur de la croissance » (publié en novembre 2011) pour comprendre que Bruxelles pousse les États membres à « œuvrer en faveur de l’économie financière et non du bien-être social » [8].
Au-delà des résistances, la Coordination anti-privatisation commence à s’intéresser aux alternatives apparues en Grèce, notamment les dispensaires sociaux solidaires. En Catalogne, des « communautés citoyennes autogérées » (ecoxarxas) sont en train de mettre en place un système de coopératives de santé publique. Spéculateurs et « fonds charognards » ? ¡ No pasarán !
Nathalie Pédestarres
Photo : CAS

Notes

[1] Une mission d’intérêt général confié à un opérateur privé, comme la gestion de l’eau ou d’un transport public, et encadrée, plus ou moins rigoureusement, par l’Etat ou la collectivité locale.
[2] Lire cet article de Courrier International.
[3] D’après une étude menée par le quotidien The Guardian (basée sur les statistiques gouvernementales) les contribuables anglais auront à débourser 79,1 milliards de livres sterling pour rembourser les 118 contrats PFI liés à la Santé, soit sept fois leur coût d’investissement initial (11,6 milliards de livres sterling).
[4] Lors d’une interview au quotidien britannique Guardian en décembre 2012.
[6] Télécharger le rapport (en espagnol).
[7] Sacyr-Vallehermoso, Begar-Ploder, Hispánica, Sufi S.A.
[8] Pour consulter le rapport.

Olivier Delamarche 28 Mai 2013



Lorsque les pyschopathes prennent le contrôle de la société.(Le grand soir)


Derrière un masque de respéctabilité et d’autorité, liquidateurs d’entreprises & licencieurs en série
Lorsque les pyschopathes prennent le contrôle de la société.

   
Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où il s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (NdT - attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon professionnel)
Imaginez - si vous le pouvez – que vous n’avez aucune conscience, aucun sentiment de culpabilité ou de remords quelles que soient vos actes, que vous n’êtes jamais freiné par la préoccupation du bien-être d’autrui - étrangers, amis ou même des membres de la famille. Imaginez que vous n’avez jamais éprouvé de honte, pas une seule fois dans toute votre vie, pour un acte, aussi égoïste, paresseux, nuisible, ou immoral qu’il ait été. Et faites semblant que la notion de responsabilité vous est inconnue, sinon comme un fardeau que d’autres semblent porter sans se poser de questions, comme des imbéciles crédules.
A présent, ajoutez à cet étrange délire votre capacité de dissimuler sous un maquillage psychologique que vous êtes radicalement différent des autres. Puisque tout le monde suppose que la conscience est universelle chez les êtres humains, vous n’aurez pratiquement aucun effort à faire pour cacher votre absence de conscience. Vous n’êtes pas limité par un sentiment de culpabilité ou de honte, et vous n’êtes jamais remis en question pour votre sang-froid. L’eau glacée qui coule dans vos veines est si bizarre, si étrangère à leur propre expérience qu’ils n’arrivent que rarement à deviner qui vous êtes.
En d’autres termes, vous n’êtes limité par aucune contrainte morale, et votre liberté sans bornes de faire exactement ce qui vous avez envie de faire, sans crises de conscience, est invisible aux yeux du reste du monde. Une situation idéale.Vous pouvez faire tout et n’importe quoi mais cette étrange capacité qui vous donne un avantage sur la majorité des gens, limités qu’ils sont par leurs consciences, restera malgré tout votre petit secret.
Si personne n’est là pour vous arrêter, vous pouvez faire tout ce que vous voulez. Si vous êtes né au bon moment, et que vous avez hérité d’un petit pécule, et si vous avez un talent particulier pour attiser la haine et les sentiments de frustration chez les gens, vous pouvez vous arranger pour tuer un grand nombre de personnes sans méfiance. Avec suffisamment d’argent, vous pouvez accomplir la même chose à distance, et vous pouvez vous asseoir tranquillement à l’abri et observer de loin le bon déroulement des opérations, avec une certaine satisfaction....
Que serait votre vie ? Comment profiteriez-vous de cet avantage, un avantage énorme et secret, sur tous ceux qui sont freinés par leur conscience ?
La réponse dépendra en grande partie de la nature de vos désirs, parce que les gens ne sont pas tous les mêmes. Même ceux qui sont profondément sans scrupules ne sont pas tous les mêmes. Certaines personnes – consciemment ou pas – préfèrent la facilité de l’inertie, tandis que d’autres sont remplis de rêves et d’ambitions sauvages. Certains êtres humains sont brillants et talentueux, certains sont obtus mais la plupart, consciemment ou non, sont quelque part entre les deux. Il y a des violents et des non violents, il y a ceux qui sont motivés par la soif de sang et ceux qui n’ont pas de tels appétits ....
 
Fou et effrayant - et réel, pour environ 4 pour cent de la population... Le taux de population atteinte d’anorexie est estimé à 3,43 %, chiffre réputé proche d’une épidémie. Et pourtant ce chiffre n’est que très légèrement inférieur à celui de la population dotée d’une personnalité antisociale. Les troubles importants classés dans la catégorie schizophrénie se produisent chez seulement 1 pour cent de [la population] environ – à peine le quart du taux de personnalités antisociales - et les Centres de Contrôle et de Prévention des Maladies disent que le taux de cancer du côlon aux Etats-Unis, considéré comme « alarmant », est d’environ 40 pour 100.000 - cent fois plus faible que celui des antisociaux.
La taux élevé de psychopathes dans la société humaine a un effet profond sur le reste de la société qui, elle aussi, doit vivre sur cette planète, y compris ceux d’entre nous qui n’ont pas été cliniquement traumatisés. Les individus qui composent ces 4% nuisent à nos relations, nos comptes en banque, nos oeuvres, nos fiertés, et à tout notre bien-être sur cette terre.
Pourtant, étonnamment, beaucoup de gens ne connaissent rien de ce trouble, ou bien pensent uniquement à la forme violente de psychopathie – les assassins, les tueurs en série, les meurtriers en masse - des gens qui ont manifestement commis de multiples crimes et qui pourraient finir en prison ou même condamnés à mort.
Nous sommes rarement conscients et n’avons généralement pas l’habitude d’identifier le grand nombre de psychopathes non-violents qui sont présents parmi nous, des gens qui sont rarement ouvertement des délinquants et contre lesquels notre système juridique offre peu de protections.
La plupart des gens sont incapables d’imaginer le lien entre la conception d’un génocide ethnique et, par exemple, le fait de mentir sans vergogne à son patron au sujet d’un collègue de travail. Mais non seulement ce lien psychologique existe, il est effrayant. Simple et profond, ce lien est l’absence d’un mécanisme interne qui nous freine, sur le plan émotionnel, lorsque nous faisons un choix que nous considérons comme immoral, contraire à l’éthique, négligent, ou égoïste.
La plupart des gens se sentent légèrement coupables s’ils mangent le dernier morceau de gâteau dans la cuisine, sans parler de ce qu’ils ressentiraient s’ils se mettaient en tête de blesser intentionnellement quelqu’un de sang froid. Ceux qui n’ont aucune conscience constituent un groupe à part entière, qu’ils soient tyrans, assassins ou simples snipers sociaux sans scrupules.
Cette présence ou absence de conscience est une division humaine profonde, sans doute plus importante que l’intelligence, la race, ou même le sexe.
Ce qui différencie un psychopathe qui vit du travail des autres de celui qui de temps en temps vole dans un magasin, ou d’un escroc de haut-vol contemporain - ce qui distingue en somme un voyou ordinaire d’un psychopathe meurtrier - n’est rien de plus que le statut social, l’énergie, l’intellect, la soif de sang, ou simplement les possibilités offertes. Ce qui distingue ces gens-là de tous les autres est un trou béant dans leur psychisme, là où il devrait y avoir toutes les fonctions d’humanisation les plus évoluées.
La psychopathie peut être caractérisée comme une tendance à la fois à la domination et à la froideur... Les psychopathes sont enclins à la colère et à l’irritation et sont prêts à exploiter les autres. Ils sont arrogants, manipulateurs, cyniques, exhibitionnistes, à la recherche de sensations, machiavéliques, vindicatifs et intéressés uniquement par leurs propres gains ... ils exigent de l’amour et la reconnaissance sociale et se considèrent comme très dignes et importants, mais n’offrent ni amour ni reconnaissance en retour, car ils considérent les autres comme indignes et insignifiants. Ce comportement est clairement conforme à l’essence de la psychopathie telle qu’elle est communément décrite.
Les psychopathes, comme tout le monde, naissent avec des goûts, des répulsions et des désirs différents, ce qui explique pourquoi certains d’entre eux sont des médecins ou des présidents et d’autres des voleurs ou des violeurs.
Martha Stout, The Sociopath Next Door ("Le psychopathe près de chez vous" ou "votre voisin le psychopathe" - NdT)

* * *

 
Il n’y a pas si longtemps, au Japon, la parole d’un homme dans le monde des affaires ou de gouvernement avait valeur d’engagement envers la société. S’il était pris en flagrant délit de mensonge, ou s’il « perdait la face », il pouvait perdre la vie, et souvent de sa propre main (hara-kiri). Même dans ce pays-ci (Etats-Unis – NdT), il n’y a pas si longtemps, la parole d’un homme ou une poignée de mains virile signifiait quelque chose. Certes, il y a toujours eu des voyous et des escrocs, mais avant on était plus attentif à se débarrasser des incompétents que des psychopathes. Comme l’a dit Owen Young, « Ce n’est pas l’escroc moderne du monde des affaires que nous craignons, mais l’honnête homme qui ne sait pas ce qu’il fait. » (1980, p.38)
Malheureusement, tout a changé. Nous devons désormais craindre l’escroc moderne super-sophistiqué qui sait ce qu’il fait… et le fait si bien que personne ne s’en aperçoit. Oui, les psychopathes adorent le monde des affaires.
« Indifférent aux autres, il voyait d’un regard froid leurs frayeurs et leurs désirs, et les manipulait comme bon lui semblait. Un tel homme ne serait pas forcément condamné à passer sa vie derrière les barreaux ou à fuir la Justice. Au lieu de liquider des individus, il liquidera des entreprises. Il licenciera à tour de bras au lieu de tuer en série, il restructurera et délocalisera au lieu de découper sa victime en morceaux.. (Harrington, 1972, p.18)
Avant les affaires de délits d’initiés qui ont frappé Wall Street en 1987, la criminalité en col blanc ne semblait pas mériter une attention particulière. Certes, les « peines » infligées pour les crimes en col blanc sont nettement moins sévères que les crimes en « col bleu ». Comme l’a indiqué le Chef de la Police de Houston dans le livre CrimeWarps, « la police ne consacre pas ses efforts à pourchasser la criminalité en col blanc. La criminalité que nous pourchassons est celle qui intéresse le public, celle des rues. Je ne pense pas que les choses changeront. » (1987, p.105
Bien entendu, les conséquences de cette criminalité en col blanc pour le citoyen ordinaire sont stupéfiantes.
Selon le criminologue Georgette Bennett, les délits économiques représentent près de 30% des affaires présentées devant les tribunaux américains - plus que toute autre catégorie de délit ou crime. Le total des préjudices occasionnées par les cambriolages, les agressions et autres activités des voyous dans les rues du pays s’élève à environ 4 milliards de dollars par an. Cependant, les citoyens apparemment modèles qui fréquentent les conseils d’administration et les escrocs en col blanc nous extorquent entre 40 et 200 milliards de dollars par an.
Notre société devient de plus en plus matérialiste, et le succès à tout prix est devenu le credo de nombreux hommes d’affaires. Le psychopathe type se complaît dans un tel environnement où il est considéré comme un « héros ».
Le psychopathe est un prédateur. Si on réfléchit aux interactions entre les prédateurs et leurs proies dans la nature, on peut avoir une certaine idée de ce qui se cache derrière le « masque de santé mentale » du psychopathe. Tout comme le prédateur qui recourt à des stratagèmes pour s’approcher furtivement de sa proie, pour l’isoler du troupeau, s’en approcher et l’épuiser, le psychopathe se construit toute un panoplie de camouflages sophistiqués, composée de paroles, d’apparence, de mensonges et de manipulations – afin de « tromper » sa proie.
Contrairement aux gens normaux qui aiment voir d’autres gens heureux, ou faire plaisir à quelqu’un, le psychopathe aime faire souffrir les autres.
La Ponérologie est devenue une nouvelle branche de la science née d’une nécessité historique et des avancées les plus récentes de la médecine et de la psychologie ... Elle étudie les composants et la causalité du Mal, indépendamment de son impact social.
Pendant les périodes "fastes", les gens perdent progressivement de vue la nécessité d’une réflexion profonde, d’introspection, de la connaissance des autres et d’une compréhension des lois complexes de la vie. Au cours de ces périodes « fastes », la recherche de la vérité dérange parce qu’elle révèle des faits gênants. Il vaut donc mieux penser à des choses plus simples et plus agréables ... Dans ces moments-là, les possibilités d’avoir une pensée logique et rigoureuse, née par nécessité dans les moments difficiles, commence à s’estomper. Lorsque les communautés perdent la capacité de raisonnement et de critique morale, les processus de génération du mal s’amplifient à tous les échelons sociaux, qu’ils soient individuels ou macro-sociaux, jusqu’au retour à une période « sombre ».
La souffrance, l’effort et l’activité mentale éprouvés pendant les périodes sombres conduisent à une régénération progressive, et généralement accentuée, des valeurs perdues, ce qui entraîne un progrès humain. Lorsque les périodes sombres surviennent et que les gens se retrouvent submergés par le mal, ils doivent rassembler toutes leurs forces physiques et mentales pour se battre pour leur survie et celle de la raison.
Dès leur plus jeune age, les psychopathes apprennent à se reconnaître entre eux et prennent conscience de l’existence d’autres individus semblables à eux. Ils prennent aussi conscience d’être différents des gens qui les entourent. Ils nous considèrent avec une certaine distance, comme une espèce à part... Ils deviennent des experts pour détecter nos faiblesses et se livrent parfois à des expériences cruelles. La souffrance et l’injustice qu’ils provoquent ne leur inspirent aucun remords car de telles réactions chez les autres sont considérées comme le résultat d’une différence, et n’appartiennent donc qu’à « ces gens-là ».
Quand un processus ponérogénique englobe toute la classe dirigeante d’une société, ou d’une nation, ou lorsque l’opposition des gens normaux se voit étouffée - en raison du caractère généralisé du phénomène, ou par des moyens envoûtants et la contrainte physique, y compris la censure - nous avons affaire à un phénomène dit macro-ponerologique.
Au « temps heureux » de paix, lorsque celle-ci est bâtie sur l’injustice sociale, les enfants des classes privilégiées apprennent à réprimer de leur esprit les idées désagréables qui pourraient laisser entendre qu’ils et leurs parents seraient en train de profiter de cette injustice au détriment des autres. Ces jeunes apprennent à rejeter et dénigrer les valeurs morales et mentales de toute personne dont ils exploitent le travail... Ils grandiront pour devenir des adultes hystériques qui transmettront leur hystérie à la génération suivante, qui à son tour développera ces caractéristiques à un niveau supérieur.
Il est désormais bien connu que le document « Les Protocoles des Sages de Sion » est un hoax faussement attribué aux Juifs. Toutefois, le contenu même de ce document n’est manifestement pas un faux puisqu’une étude attentive des événements survenus aux États-Unis au cours des 50 dernières années environ fournit de nombreuses indications de sa mise en application en vue d’amener au pouvoir l’actuelle administration néoconservatrice [Bush / Cheney]. Celui qui veut comprendre ce qui s’est passé aux Etats-Unis doit lire les Protocoles pour comprendre comment un certain groupe de dérangés a pris ce texte au pied de la lettre. Le document "Projet pour un Nouveau Siècle Américain", rédigé par les néoconservateurs, est inspiré par la même vision schizoïde du monde.
La Pathocratie est un système de gouvernement dans lequel une petite minorité pathologique prend le contrôle d’une société. Dans une pathocratie, tous les postes de direction (...) doivent être occupés par des personnes atteintes des mêmes déviations psychologiques (...). Mais de telles personnes ne représentent qu’un très faible pourcentage de la population, ce qui les rend donc encore plus précieux aux yeux des pathocrates. Les pathocrates ne seront pas très regardant sur le niveau intellectuel ou les compétences professionnelles, qui seront encore plus rares. Au bout de quelques années de fonctionnement d’un tel système, pratiquement tous les gens souffrant de psychopathie auront été intégrés dans l’activité pathocratique, et ils sont considérés comme les éléments les plus fidèles, même si certains d’entre eux sont impliqués d’une façon ou d’une autre dans le camps adverse.
Dans de telles conditions, aucun domaine de la vie sociale ne peut se développer normalement, que ce soit l’économie, la culture, la science, la technologie, l’administration, etc. La pathocratie paralyse progressivement tout.
Les gens normaux doivent alors développer une capacité surhumaine à garder le calme pour réussir simplement à expliquer ce qu’il faut faire et comment le faire à un quelconque déviant pathologique, médiocre et obtus, nommé à la tête d’un projet qu’il est incapable de comprendre et encore moins de gérer. Cette pédagogie particulière - qui consiste à instruire les déviants, tout en évitant leurs foudres - requiert beaucoup de temps et d’énergie. Mais il serait autrement impossible de maintenir des conditions de vie acceptables et les réalisations nécessaires pour l’économie ou la vie intellectuelle d’une société. Mais malgré tous ces efforts, la pathocratie s’immisce progressivement dans tout et engourdit tout.
Tous ceux qui ont été attirés initialement par l’idéologie originale prennent conscience qu’ils ont désormais affaire à quelque chose d’autre, quelque chose qui a pris la place de l’idéologie originale et qui se présente sous le même nom. La désillusion vécue par ces anciens partisans idéologiques est extrêmement amère.
La détermination de la minorité pathologique à garder le pouvoir sera menacée par la société des gens normaux, dont les critiques ne cessent d’enfler.
Pendant ce temps, le phénomène de pathocratie mûrit : un système d’endoctrinement vaste et actif est bâti, avec une idéologie convenablement rénovée qui en sera le véhicule ou le cheval de Troie dans le but de pathologiser les processus de pensée des individus et de la société. L’objectif est de forcer les esprits humains à intégrer les méthodes pathologiques et les formes prédéterminées de pensée, et par conséquent d’accepter la règle - ce qui n’est jamais admise ouvertement. C’est l’égoïsme de la pathocratie qui est à l’origine de cet objectif et les pathocrates considèrent sa réalisation comme non seulement indispensable mais faisable. Des milliers de militants doivent donc participer à objectif. Cependant, le temps et l’expérience confirment ce que le psychologue aurait pu annoncer longtemps à l’avance : tous les efforts déployés produisent si peu de résultats qu’ils ne sont pas sans rappeler les travaux de Sisyphe. Il en résulte un étouffement généralisé du développement intellectuel et une multiplication de grandes protestations contre une « hypocrisie » éhontée et méprisante. La pathocratie et ses exécutants sont incapables de comprendre que l’élément décisif qui rend la réalisation de leur objectif si difficile se trouve dans une des caractéristiques fondamentales de la nature humaine : les êtres humains normaux sont majoritaires.
L’ensemble du système de coercition, de terreur et d’endoctrinement forcé, ou plutôt, de pathologisation, s’avère donc effectivement irréalisable, ce qui provoque chez les pathocrates une grosse déception. Les pathocrates sont convaincus que leurs méthodes peuvent changer les gens en profondeur au point où ces derniers finiront par reconnaître que cette forme pathocratique de gouvernement est « la normalité », mais leurs convictions se heurtent à la réalité.
Pendant le choc initial, les liens sociaux entre les gens normaux s’étiolent. Mais après avoir survécu au phénomène, l’écrasante majorité commence à développer une immunisation psychologique. La société se lance alors dans la collecte à la fois des connaissances pratiques sur cette nouvelle réalité et de ses propriétés psychologiques.
Les gens normaux apprennent lentement à trouver les points faibles d’un tel système et à procéder à des aménagements pour rendre leurs vies plus faciles. Ils commencent à échanger des conseils, rétablissant ainsi progressivement les liens sociaux et la confiance réciproque. Un nouveau phénomène se produit : une division entre les pathocrates et la société des gens normaux. Ces derniers ont l’avantage du savoir-faire, des compétences professionnelles et leur bon sens est encore intact. Ils ont donc en main certaines cartes très avantageuses. La pathocratie finit par réaliser qu’elle doit soit trouver un modus vivendi, soit établir des relations avec la majorité de la société : « après tout, il faut bien que quelqu’un fasse le travail pour nous ».
Tout cela fait que les pathocrates ont tendance à limiter le niveau de terreur, et d’appliquer un peu de cosmétique à leur propagande et méthodes d’endoctrinement, et d’accorder à la société qu’ils contrôlent une certaine activité autonome marginale, en particulier en ce qui concerne la vie culturelle. Les pathocrates les plus libéraux ne seront pas opposés à accorder à une telle société un minimum de prospérité économique afin de réduire le niveau d’insatisfaction, mais leur propre corruption et incapacité à gérer l’économie les empêche de le faire.
Les psychopathes sont conscients d’être différents des gens normaux. C’est pourquoi leur "système politique" est capable lui-aussi de camoufler cette différence. Ils portent un masque personnel de santé mentale et savent comment créer un masque macrosocial de même nature... Les pathocrates savent que leur véritable idéologie est dérivée de leur nature déviante, et traitent « l’autre » - l’idéologie de façade - avec un mépris à peine dissimulé. Les gens ordinaires finissent un jour par s’en rendre compte.
La structure sociale pathologique couvre progressivement l’ensemble du pays en créant une « nouvelle classe » au sein de la nation. Cette classe privilégiée des déviants se sent menacée en permanence par les « autres », c’est à dire par la majorité des gens normaux. Les pathocrates ne se font aucune illusion sur leur destin en cas de retour à un système de gens normaux. Une personne normale privée de tout privilège ou rang cherchera du travail pour gagner sa vie, mais les pathocrates n’ont jamais eu un talent concret, et leur temps passé au pouvoir élimine toute possibilité d’adaptation aux exigences d’un travail normal. Si les lois de l’homme normal devaient être rétablies, eux et leurs partisans pourraient se retrouver jjugés, y compris jugés sur leurs déviations pathologiques. Ils ne risqueraient pas de perdre uniquement leurs rangs et leurs privilèges, mais aussi leurs libertés et leurs vies. Comme ils sont incapables de faire ce genre de sacrifice, la survie d’un système où ils peuvent s’épanouir devient pour eux un impératif.
Pour les pathocrates, la destruction physique, psychologique, morale et économique de la majorité des gens normaux devient une nécessité « biologique ». De nombreux moyens sont à leur disposition, en commençant par les camps de concentration et la guerre contre un ennemi bien armé et obstiné qui dévastera et affaiblira le potentiel humain lancé à son assaut, à savoir le potentiel humain qui représente un danger pour le règne des pathocrates : les enfants des gens normaux, envoyés à la guerre pour une « noble cause » illusoire. Une fois morts et inoffensifs, les soldats seront ensuite décrétés des héros et seront vénérés avec des hymnes, toujours utiles pour élever une nouvelle génération fidèle à la pathocratie et toujours prête à mourir en son nom.
Ken Magid, Carole A. McKelvey
The Psychopaths Favorite Playground : Business Relationships (Le terrain de jeu préféré des psychopathes : les relations de travail)
Traduction "c’était le mot qui me manquait pour désigner toute cette bande de cinglés" par VD pour le Grand Soir avec probablement un peu plus de fautes et de coquilles que d’habitude.

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Les gardiens des secrets du gouvernement (Fair, USA) (Acrimed)

Les gardiens des secrets du gouvernement (Fair, USA)

par FAIR, le 28 mai 2013
Nous proposons ci-dessous la traduction d’un article paru le 1er avril 2013 sur le site de Fair (« Fairness and Accuracy in reporting » [1]). (Acrimed)

Secrets et censure : un document censuré par la CIA – Crédit Photo : Wikimedia Commons


“Le pouvoir de censure du gouvernement a été aboli afin que la presse reste perpétuellement libre de censurer le gouvernement… La presse a été protégée afin de pouvoir mettre à nu les secrets du gouvernement et en informer le peuple.”
Hugo Black, juge à la Cour Suprême des Etats-Unis, New York Times Co. v. United States (6/30/71)


***
Le journalisme est censé tenir le pouvoir comptable de ses actes. C’est le principe, implicite dans la Constitution des Etats-Unis, qui singularise une presse libre nécessitant d’être protégée.
Si ce principe était respecté, l’aveu du Washington Post (2/6/13) selon lequel, avec “plusieurs groupes de medias”, il a convenu avec la Maison Blanche de garder pour lui des informations sur la présence d’une base de drones américaine en Arabie Saoudite, aurait dû être un signal d’alerte et générer un large débat sur la déontologie des médias.
Mais ces accords sont devenus tellement courants que le sujet a causé moins de préoccupation chez les journalistes que le refus de laisser la presse accéder à une récente sortie présidentielle sur un terrain de golf. Cet outrage-ci s’est traduit par une lettre de protestation en bonne et due forme de la part du groupe des journalistes accrédités à la Maison Blanche (Huffington Post, 2/18/13).
Comme l’a expliqué le Washington Post, il fut convaincu de garder sous silence le sujet sur la base de drones par les préoccupations de l’administration, qui craignait que “cette révélation ne nuise à des opérations en cours contre un groupe affilié à Al-Qaida, considéré comme la menace la plus importante du réseau terroriste pour les États-Unis, et qu’elle n’interfère potentiellement avec la collaboration contre le terrorisme avec l’Arabie Saoudite.”
Les principaux leaders d’Al-Qaida ont historiquement des liens étroits avec l’élite saoudienne (Wall Street Journal, 3/18/03) – donc l’existence de la base de drones n’était sans doute pas réellement un secret pour eux. Quant aux saoudiens, ils auraient pu devenir moins cooperatives avec les États-Unis si leur collaboration dans ce domaine était devenue publique. Mais la protection des gouvernements de l’impact de leurs actions sur l’opinion publique est-elle vraiment une des tâches des journalistes ?
Retenir la publication d’informations pour des préoccupations éventuelles de sécurité nationale n’est pas une nouveauté. Et dans de nombreux cas, aucune demande officielle n’est même nécessaire – les éditeurs de presse semblent avoir intégré la notion selon laquelle la préservation des secrets de l’exécutif fait partie de leur métier.
Le reporter William Laurence, du New York Times, qui couvrit les attaques nucléaires sur les populations civiles japonaises de Hiroshima et Nagasaki en 1945, était un admirateur enamouré de la Bombe. Selon le livre Atomic Cover Up, du journaliste Greg Mitchell, Laurence se démena vigoureusement pour éliminer toutes les informations sur les effets des radiations résiduelles laissées par les bombardements. Mitchell cita Laurence, relatant avec beaucoup de franchise un “séminaire” de propagande, organisé par l’armée, pendant lequel le reporter du Times et trente autre journalistes reçurent des éléments de langage afin de pouvoir, selon les mots de Laurence, “démentir” la propagande japonaise qui affirmait “que les radiations étaient responsables de décès même après” les attaques nucléaires.
Pendant les auditions Church au Sénat américain, en 1975-1976, la Central Intelligence Agency (CIA) admit rémunérer 400 journalistes et faire publier régulièrement des éditoriaux et des articles dans certains des médias les plus prestigieux du pays – comme c’est détaillé dans l’article fondamental de Carl Bernstein “The CIA and the Media” (Rolling Stone, 10/20/77).
Rapportant le coup d’État mené par la CIA en 1953 pour mettre fin aux fonctions du Premier ministre iranien démocratiquement élu Mohammed Mossadegh, en faveur du Shah Mohammad Reza Pahlavi, les journalistes américains – et pas seulement ceux payés par la CIA – dissimulèrent le rôle de l’agence dans l’affaire. Comme l’écrivit le reporter du New York Times, James Risen (4/15/00) presque cinquante ans plus tard, cela aurait pu faire une différence : “Les correspondants occidentaux en Iran et à Washington ne révélèrent jamais qu’une partie des troubles avaient été mis en scène par des agents de la CIA se faisant passer pour des communistes, et ils n’insistèrent pas outre mesure sur des informations exactes et contemporaines des faits rapportées dans les journaux iraniens et sur la radio de Moscou, affirmant que les puissances occidentales organisaient secrètement le retour au pouvoir du Shah.”
En 1954, l’année suivante, la conspiration du silence médiatique se poursuivit autour du rôle de la CIA dans le coup d’état qui destitua le président élu du Guatemala, Jacobo Arbenz. Faisant son mea culpa plus de quarante ans après les faits, l’éditeur du New York Times Arthur Sulzberger (6/7/97) admit avoir obéi à un ordre du directeur d’alors de la CIA, John Foster Dulles, en couvrant le rôle de l’agence. Sulzberger garda hors du Guatemala le correspondant du Times pour l’Amérique Latine, Sydney Gruson, pour s’assurer du silence total. Comme le résuma Robert Parry (Consortium News, 6/30/97) : “ Dans les jours précédant le coup d’état, Dulles fit appel personnellement à Sulzberger, et l’éditeur du Times fit cette faveur à la CIA. Je téléphonai à Allen Dulles et lui dis que nous garderions Gruson à Mexico City, précisa Sulzberger dans un mémo dicté.”
Depuis le début de la Guerre Froide, les administrateurs de médias, comme l’éditeur du Washington Post, Phil Graham, travaillaient en lien étroit avec la CIA dans un état d’esprit que résuma le successeur de Graham, son épouse Katharine Graham, dans un discours adressé à des officiels de haut rang de la CIA le 16 novembre 1988 (Regardie’s, 1/90 ; cité par Extra !, 1–2/90) : “Nous vivons dans un monde dangereux et corrompu. Le public n’a pas besoin de savoir certaines choses et ne devrait pas les connaître. Je crois que la démocratie est florissante quand le gouvernement est capable de prendre des décisions légitimes pour conserver ses secrets et quand la presse peut décider de publier ou non ce qu’elle sait.”
Il est difficile de savoir avec quelle fréquence des journalistes dissimulent des faits pour raison d’état, ou bien combien de demandes officielles sont faites. Ces arrangements étant faits pour rester secrets, il est raisonnable de supposer qu’ils sont plus communs qu’on ne le sait. Pourtant, dans la dernière décennie, les preuves de ces interventions semblent avoir émergé avec une fréquence de plus en plus grande.
En décembre 2005, le Times (12/16/05) admit avoir retardé la publication d’un sujet sur les écoutes effectuées par la National Security Agency (NSA), lors d’un programme qui, en opposition avec la loi fédérale, utilisa des systèmes d’écoute sur le sol national sans contrôle par une autorité judiciaire. Pourtant, l’aveu lui-même fut tout sauf spontané : comme on l’apprit plus tard, la révélation de l’affaire, très embarrassante pour l’administration du président G.W. Bush, avait été retardée pendant plus d’un an, depuis les semaines précédant l’élection présidentielle de 2004.
L’émission 60 Minutes de la chaîne nationale CBS fit à peu près la même chose avec une enquête exposant l’utilisation par l’administration Bush de documents falsifiés qui lui permirent d’accuser l’Irak d’essayer d’obtenir de l’uranium au Niger – retenant le sujet pour une diffusion postérieure à l’élection de (FAIR Action Alert, 11/28/04). Des représentants de CBS News suggérèrent (New York Times, 9/25/04) que le sujet n’avait pas été diffusé de peur d’influer sur le choix des électeurs : “Nous pensons désormais qu’il serait inapproprié de diffuser un tel reportage aussi près de l’élection présidentielle.” La notion selon laquelle le journalisme devrait informer le public d’une manière qui peut avoir une influence, en particulier politiquement, semble avoir échappé aux dirigeants de CBS.
En 2005, le Washington Post (11/2/05) défia en quelque sorte le gouvernement en publiant un article sur les prisons secrètes de la CIA en Europe de l’Est (Extra ! Update, 12/05), mais le papier ne contenait qu’une partie du scoop du reporter Dana Priest, le sapant en ne mentionnant pas les noms des pays impliqués, “à la demande de responsables officiels américains,” expliqua-t-on, en précisant que “dévoiler ces noms pourrait miner les efforts du contreterrorisme dans ces pays et ailleurs et en faire des cibles de représailles terroristes possibles.”
Le Washington Post retarda également la publication d’un article de Bob Woodward en 2009 (9/21/09) à propos d’un rapport militaire très pessimiste sur la situation en Afghanistan. Répondant à la demande de l’armée, les éditeurs de Woodward repoussèrent la publication de 24 heures, invoquant la sécurité nationale. De plus, avant de mettre en ligne la copie du rapport qu’il avait obtenue, le journal autorisa l’armée à s’insérer dans le processus éditorial en caviardant le texte à sa convenance.
Lors d’un épisode particulièrement instructif, le New York Times utilisa un télégramme du département d’État fourni par Wikileaks pour renforcer son argumentaire sur l’extension continue par l’Iran de ses capacités militaires offensives 11/29/10) :“Les Services Secrets américains ont conclu dans leurs rapports de situation que l’Iran a conçu une base clandestine de missiles sophistiqués, de conception russe, qui sont bien plus puissants que tout ce que Washington reconnaît publiquement appartenir à l’arsenal de Teheran, selon des télégrammes diplomatiques.”
Les preuves du Times dans cette affirmation étaient contenues dans un télégramme de Wikileaks rapportant une rencontre secrète de haut niveau entre des responsables américains et russes. Mais l’article contenait aussi cette mention : “À la demande de l’administration Obama, le New York Times a accepté de ne pas publier le texte de ce télégramme.”
Bien heureusement, Wikileaks publia le télégramme dans son intégralité, révélant, contrairement à l’impression donnée par le Times, que les officiels russes étaient extrêmement sceptiques en ce qui concernait les affirmations américaines sur de prétendus missiles – en partie parce qu’il n’y avait aucune preuve solide que le missile, construit par la Corée du Nord, existait (FAIR Blog, 11/29/10).
La collusion entre les médias et le gouvernement américain pour empêcher l’information d’arriver au public est défendue, dans quasiment tous les cas, au nom de la “sécurité nationale”. En oubliant même pour un moment que les intérêts du public devraient guider prioritairement les journalistes, il est juste de se demander si cette défense est même correcte. Est-ce que la sécurité nationale, pour ne rien dire de la paix et de la stabilité, a tiré un quelconque profit des efforts des médias américains pour cacher, par exemple, le rôle des États-Unis dans le renversement de démocraties, ou bien dans la calomnie de chefs d’États étrangers, ou encore dans la dissimulation des effets des radiations ?
La réponse courte, selon les quelques rares critiques des médias qui ont eu le courage de faire valoir leur point de vue, est non. Dans un éditorial remarquable, la médiatrice du New York Times, Margaret Sullivan (2/9/13) a condamné ces pratiques : “La vraie menace pour la sécurité nationale vient d’un gouvernement qui opère en secret, ne doit de comptes à personne, et dont les chiens de garde sont trop pressés de se passer la muselière eux-mêmes.”
Sullivan ne fut pas moins critique en évoquant l’article sur la base de drones évoquée plus haut (2/6/13), cachée par son propre employeur : “Étant donné le secret illégitime maintenu par le gouvernement sur le programme de drones, dont il n’a jamais officiellement reconnu l’existence, et l’importance significative de ce programme pour la politique étrangère, la sécurité nationale et l’influence des États-Unis d’Amérique dans le tumulte du Moyen-Orient, le Times devrait évoquer ce sujet autant que possible, et avec autant de pugnacité qu’il le peut.”
L’opinion de Jack Lule, professeur de journalisme à l’Université Lehigh fut encore plus tranchée (Guardian, 2/6/13). Lule qualifia la décision de ne pas publier “une honte”, ajoutant : “Le curseur pour en appeler à la sécurité nationale doit être très haut, peut-être un danger imminent. Le fait même que nous ayons cette conversation pour savoir s’il s’agissait d’une question de sécurité nationale ou non aurait dû mettre les éditeurs en alerte. Je pense que la vraie raison de l’administration était qu’elle ne voulait pas embarrasser l’Arabie Saoudite—et le fait que les médias d’information américains soient complices de cela est une preuve de couardise.”
Dans son éditorial à propos de la base de drones, Glenn Greenwald (Guardian, 2/7/13) fit une rétrospective sur une décennie d’affaires camouflées, observant : “À chaque fois, cette dissimulation du fait des médias réussit effectivement une seule chose : elle permet au gouvernement de diffuser des mensonges sans que personne ne les mette en doute, lui laissant le champ libre pour tromper le public et même pour mener des actions illégales.”
C’est exactement l’opposé de ce que le juge Black voulait signifier quand il affirmait que la presse est protégée “afin de pouvoir mettre à nu les secrets du gouvernement et en informer le peuple.”
Traduction de Charles Rivière

Notes

[1] Que l’on peut traduire ainsi : « Pour des médias impartiaux et rigoureux ».