mercredi 30 septembre 2015

Un banquier de BNP à la tête de la Banque de France (basta)

Un banquier de BNP à la tête de la Banque de France

par
Les commissions des Finances de l’Assemblée nationale et du Sénat doivent valider, le 29 septembre, la nomination de François Villeroy de Galhau au poste de gouverneur de la Banque de France. Problème : cet énarque et inspecteur des finances travaille depuis douze ans au sein du groupe BNP Paribas. Un ex-banquier peut-il prendre la tête de l’instance chargée de contrôler les banques ? Sept ans après la crise financière de 2008, cette décision a provoqué l’indignation de 150 économistes, qui dénoncent un risque de conflit d’intérêts majeur.
La dernière fois qu’un banquier a occupé le poste de gouverneur de la Banque de France remonte à 1814, soulignent Les Echos [1]. Certes, Villeroy de Galhau s’est engagé à renoncer à toute rémunération différée de BNP Paribas, à ne conserver aucune action de BNP Paribas, et à en faire don à des associations d’intérêt général avant sa nomination. Mais s’il coupe le cordon financier, quid des influences ? « Comment un dirigeant de haut niveau qui a défendu pendant douze ans le point de vue d’une banque (y compris dans les débats particulièrement vifs sur la régulation financière) pourrait-il soudainement prendre une position inverse ? », questionne l’économiste Laurence Scialom. D’autant qu’il ne s’agit pas de n’importe quelle banque, mais du plus grand établissement français, fer de lance du lobby bancaire. « François Villeroy de Galhau a adhéré pendant plus d’une décennie aux raisonnements du système bancaire », pointe l’économiste.

« Sas de décontamination »

Haut fonctionnaire, directeur de cabinet des ministres Dominique Strauss-Kahn et Christian Sautter, le banquier rejoint le secteur bancaire en 2003, devenant PDG de Cetelem, la filiale de crédit à la consommation de BNP Paribas. En 2008, il devient directeur de l’activité banque de détail, puis directeur général délégué du groupe BNP Paribas. Au printemps dernier, François Hollande lui confie une mission sur le financement de l’investissement par les banques, présentée par certains comme un « sas de décontamination » (sic).
Une décontamination suffisante pour passer de la défense des intérêts bancaires à un poste central pour l’intérêt général ? Le contrôle des banques nationales a été transféré à la Banque centrale européenne (BCE), mais les gouverneurs des banques centrales nationales participent au pilotage de la politique monétaire européenne en siégeant au Conseil des gouverneurs de la BCE. Le gouverneur de la Banque de France préside également le conseil de supervision de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, instance chargée de réguler les banques et les assureurs. François Villeroy de Galhau pourrait, par exemple, être sollicité en tant que gouverneur pour donner son avis sur l’affaire Helvet Immo : une affaire de prêt en francs suisses qui a fortement pénalisé 6000 personnes à partir d’un produit financier conçu et vendu par Cetelem et BNP Personal Finance, au moment même au François Villeroy de Galhau travaillait pour la banque. Le dossier est entre les mains de la juge d’instruction Claire Thépaut.
Face à ces possibles conflits d’intérêts, François Villeroy de Galhau s’est engagé à « ne participer à aucune décision individuelle concernant BNP Paribas ou une de ses filiales dans les deux ans suivant [son] départ de ce groupe ». « Ce serait très problématique : vu l’importance de cet établissement, cela reviendrait à ignorer 25% du secteur bancaire français », souligne Laurence Scialom.
- Lire aussi : Collusion et pantouflage : quand le lobby bancaire met la main sur la haute administration

Notes

[1] Il s’agissait de Jacques Laffitte. Si on laisse de côté « Jean-Charles Davillier en 1836, qui participa auparavant à la création de la Caisse d’Épargne avec des fonds publics, et Wilfrid Baumgartner en 1949, qui dirigea avant-guerre le très officiel Crédit national », précisent Les Echos.

Le gouvernement français accorde de nouveaux permis d’exploration pétrolière (Basta)

Le gouvernement français accorde de nouveaux permis d’exploration pétrolière

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Les ministres de l’Écologie, Ségolène Royal, et de l’Économie, Emmanuel Macron, viennent d’accorder trois nouveaux permis de recherches d’hydrocarbures liquides ou gazeux. Ils se situent en Seine-et-Marne, dans le Bas-Rhin et dans la Marne. Les deux ministres ont également prolongé deux autres autorisations jusqu’à fin 2018, en Moselle et sur l’île de Juan de Nova, en « terres australes et antarctiques françaises », entre Madagascar et le Mozambique. Ces cinq arrêtés ont été délivrés le 21 septembre. Ils marquent une nette inflexion du gouvernement en la matière, lui qui s’était jusqu’ici gardé d’accorder de trop nombreux permis [1].
L’entreprise pétrolière canadienne Vermilion Energy se voit attribuer le permis de Champfolie. Elle étend ainsi sa concession près de Chaunoy, un des plus importants gisements de pétrole exploité dans la région Ile-de-France. À terme, l’entreprise mise sur un assouplissement de la législation interdisant l’utilisation de la fracturation hydraulique : « On espère pouvoir démontrer que cette technique est respectueuse des règles de l’administration française et de l’environnement », affirmait Vermilion. De son côté, l’entreprise European Gas Limited, basée en Lorraine, pourra y poursuivre ses projets autour du gaz de couche – coal-bed methane en anglais, aussi appelé gaz de houille car présent dans les profondeurs des anciennes mines de charbon – grâce au permis « Bleue Lorraine ». L’exploitation de ce gaz en Australie nécessite la fracturation hydraulique, générant d’importantes pollutions (voir notre article).
Le gouvernement français a également prolongé un permis de recherche d’hydrocarbures « en eaux profondes » au large de l’Ile Juan de Nova, au cœur du Canal de Mozambique. L’île tropicale est entourée d’une grande barrière de corail. Source d’un conflit entre l’État français et l’État malgache, les îles Éparses, dont l’île Juan de Nova fait partie, auraient dû être restituées à Madagascar à la proclamation de son indépendance le 26 juin 1960. Supposée riche en hydrocarbures, et située sur « l’autoroute du pétrole », cette région est l’objet de la convoitise des entreprises pétrolières, alors que les conséquences de l’exploitation d’hydrocarbures pourraient être dramatiques pour l’environnement.
Les climatologues invitent pourtant les chefs d’État à geler l’exploration de nouveaux gisements pétroliers, gaziers et charbonniers (voir notre article). A la tribune de l’ONU, François Hollande vient d’interpeller l’ensemble des chefs d’État et de gouvernement de la planète : « L’humanité est-elle capable de prendre la décision de préserver la vie sur la planète ? », rappelant que, sans résultat à la prochaine conférence sur le climat à Paris, « ce serait trop tard pour le monde ». Il semble que le message n’a pas été entendu au sein du gouvernement.

Rejet de la liberté d’expression et criminalisation du Net. (Le grand soir)

Loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme.
Rejet de la liberté d’expression et criminalisation du Net.
La France représente à présent, avec l’Espagne, le point le plus avancé de l’offensive des gouvernements européens continentaux contre les libertés. L’introduction, dans le code pénal, de la notion de ’glorification du terrorisme’ lui permet d’accéder au même degré de déni du droit que son voisin espagnol. En peu de temps, la France a quasiment rejoint le niveau liberticide de la Grande Bretagne dans sa capacité légale de criminaliser toute parole d’opposition. Il ne lui reste plus qu’à introduire le délit de création, par ses déclarations ou ses écrits sur un quelconque sujet, d’une atmosphère favorable au terrorisme [1], pour rejoindre le modèle anglais.
Une inflation de lois antiterroristes.
En moins de deux ans, la France a connu une inflation de lois antiterroristes. D’abord la Loi de programmation militaire, promulguée le 13 novembre 2014, dont nous avons rendu compte dans un précédent article [2], ensuite cette Loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme du 14 novembre 2014 et ensuite la Loi sur le renseignement [3] définitivement adoptée par l’Assemblée nationale le 24 juin 2015.
La loi de programmation militaire fusionne droit pénal et droit de la guerre et confond ainsi intérieur et extérieur de la nation. Elle instaure un état martial numérique en autorisant le gouvernement à attaquer les systèmes informatiques de ses ressortissants et à capturer, sur simple demande administrative, les informations et documents des utilisateurs et non plus seulement leurs données de connexion.
La loi sur le renseignement quant à elle installe des boites noires chez les fournisseurs d’accès permettant d’enregistrer, en temps réel, l’ensemble des données des utilisateurs.
Elle met à la disposition de l’exécutif, un dispositif permanent, clandestin et quasiment illimité de surveillance des citoyens. Cette loi est le point le plus avancé le l’attaque du gouvernement français contre la vie privée. Le ministre de l’Intérieur Cazeneuve a d’ailleurs déclaré que celle-ci n’est pas une liberté fondamentale.
Quant à la loi de novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, elle participe également à la criminalisation d’Internet et autorise le blocage administratif de sites web. Sa spécificité consiste en une attaque frontale contre la liberté d’expression par l’introduction dans le code pénal de nouvelles d’incriminations, dont le traitement était jusqu’à présent réglée par le droit de la presse.
S’attaquer au ’parcours de radicalisation terroriste’
La loi n° 2014-1353, renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme, [4] fut votée en procédure accélérée, c’est à dire que le texte n’a effectué qu’un seul passage par assemblée. La loi est formellement destinée à lutter contre l’embrigadement dans des « parcours de radicalisation terroristes ». L’objectif affiché est d’empêcher les gens de rejoindre des zones de combat et de se radicaliser sur Internet. Il part du principe que l’embrigadement des apprentis terroristes se fait essentiellement sur le Web. Ce dernier est ainsi particulièrement visé, car il est considéré comme une zone de non-droit, rendue principalement responsable du risque terroriste.
L’article L.224-1 instaure une possibilité d’interdiction de sortie du territoire et de confiscation des documents d’identité pour des personnes, sur lesquelles pèse un soupçon « d’une volonté de rejoindre des théâtres de guerre ». On part d’un motif extrêmement vague, l’hypothèse d’un départ sur un champ de bataille, croisée avec une supposition de dangerosité au retour, afin de restreindre la liberté de circulation d’individus, sur lesquels ne pèsent que des soupçons « d’intention terroriste ». Grâce au croisement de données, cet article installe une logique de profilage, de « suivi » du « parcours de radicalisation ». Le numérique est privilégié comme moyen permettant de d’établir des suspicions ou « de sérieuses raisons de croire. »
L’incrimination d’ « apologie du terrorisme ».
L’article L. 421-2-5 de la loi punit « le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire publiquement l’apologie de ces actes ». Les peines sont aggravées lorsque les faits ont été commis en utilisant un service de communication en ligne. Il établit que « l’apologie du terrorisme » est assimilable à du terrorisme.
Les délits « d’apologie du terrorisme » et de « provocation à la commission d’actes terroristes » étaient encadrés par la loi sur la presse du 29 juillet 1881. Cette loi concerne tous les délits relatifs à la liberté d’expression et ne porte pas seulement sur les journaux. Elle a pour objet les injures, la diffamation, les atteintes à la vie privée, les propos racistes ou négationnistes.... y compris ceux commis par des particuliers contre d’autres particuliers. Remarquons que l’apologie d’autres crimes que le terrorisme, comme les crimes de guerre et crimes contre l’humanité, reste dans la loi sur la presse. [5]
En retirant l’apologie du terrorisme du droit de la presse, pour l’insérer dans le code pénal au sein de la définition du terrorisme, l’article établit une relation de causalité directe entre un discours et des actes. Considérer qu’un contenu, considéré comme « glorifiant le terrorisme », est du terrorisme est ostentatoire à la liberté d’expression, car la frontière entre opinion et apologie, information et propagande, est très floue. Les spécificités du droit de la presse sont faites justement traiter ce problème. L’emploi du terme “apologie” implique une condamnation des opinions et non des actes. Or, le régime protecteur de la loi de 1881 vise précisément à éviter la pénalisation du délit d’opinion.
Grâce à la nouvelle loi, des journalistes ou citoyens pourraient être poursuivis, pour avoir, par exemple, partagé une vidéo, mise en ligne par une organisation désignée comme terroriste ou donné la parole à des membres de réseaux politiquement diabolisés ? Depuis les attentats au journal Charlie-Hebdo, les procédures pour ’apologie du terrorisme’ se sont multipliées et une série de peines d’emprisonnement ont été prononcées. Si l’apologie consiste à justifier le terrorisme, le présenter sous un jour favorable ou l’encourager, en quoi l’exemple d’une jeune fille de 14 ans, mise en examen pour apologie du terrorisme pour avoir dit ’on est les soeurs Kouachi, on va sortir les kalachnikov’, rencontre-elle cette incrimination ? [6]
L’apologie du terrorisme étant entrée dans le droit commun, on peut donc désormais la poursuivre en comparution immédiate, une procédure qui restreint considérablement les droits de la défense et qui permet au parquet d’ordonner l’incarcération immédiate.
L’incrimination « d’entreprise terroriste individuelle ».
Si le chanteur Renaud nous avait déjà appris que l’on pouvait former une « bande de jeunes à soi tout seul », cette loi, reprenant la notion étasunienne de « loup solitaire », établit qu’un individu isolé peu être considéré comme un membre d’une organisation terroriste internationale et poursuivi comme tel. L’article 421-2-6 crée l’incrimination d’« entreprise terroriste individuelle », afin de poursuivre des individus isolés selon les mêmes modalités que des groupes terroristes organisés. L’article demande que les actes d’un individu comprennent au moins deux infractions reprises sur une liste, afin de déterminer qu’il a bien une volonté de passer à l’acte. Parmi ces infractions, on relève la détention de substances dangereuses, le recueil d’informations destinées à passer à l’acte, mais aussi simplement la consultation de sites, considérés comme incitant au terrorisme.
Ces conditions sont si « ouvertes » qu’elles permettent à un grand nombre d’activistes, de citoyens, désirant de s’informer par eux-mêmes des problèmes de radicalisation politique ou terroristes, d’être poursuivis sur base de cet article. C’est tout l’activisme qui est en passe d’être visé, avec un volet numérique étendant de façon extrêmement large les possibilités d’incrimination.
L’art. 421-2-6, combiné aux autres articles de la loi, confirme une logique dans laquelle tous les citoyens sont suspects. Un nombre minimal d’éléments de suspicion les classent parmi les terroristes potentiels. Les individus doivent donc constamment se demander ce que veut le pouvoir et ainsi adapter leur comportements, afin de ne pas être inquiétés.
Blocage administratif des sites Internet.
L’article 6-1 permet aux services de police de demander, aux fournisseurs d’accès internet, de bloquer l’accès à certains sites, afin d’empêcher les internautes, résidents en France, d’accéder à des contenus qui feraient l’apologie du terrorisme. Techniquement, les techniques de blocage sont connues pour être contournables très facilement par n’importe quel internaute sans connaissances techniques particulières. Ces instruments sont, en général, difficiles à mettre en œuvre sans risque de sur-blocage. Pour empêcher, de manière plus efficace, l’accès aux contenus sur le web, il faut mettre en œuvre des techniques de surveillance massive des connexions de l’ensemble des internautes. Ce qui est l’objet de la nouvelle Loi sur le renseignement [7] qui installe des boites noires chez les fournisseurs d’accès, enregistrant, en temps réel, la totalité des données de connexion.
Le blocage des sites ou des contenus Internet est réalisé par la police, sans intervention préalable d’un juge. Ainsi, toute procédure contradictoire est évitée et aucune opposition ne peut contester la censure de l’administration. La loi s’attaque aux intentions plutôt qu’aux actes. La liberté d’information : consulter les sites internet désirés, la liberté de circulation : quitter son pays sans que les autorités ne préjugent des intentions, ainsi que la liberté d’expression sont remises en cause.
En visant Internet, le gouvernement vise tout citoyen voulant s’informer et échapper aux injonctions de croire, promulguées par le pouvoir. La loi affecte l’ensemble de la population. Elle ne contient aucune disposition visant particulièrement le terrorisme. Cependant, elle a un impact décisif sur l’échange de communications et d’information sur Internet. Elle ne vise pas des personnes dangereuses, mais des personnes qui liraient des documents considérés comme potentiellement dangereux. Grâce au délit d’intention, les citoyens ne seront plus capables de s’informer sur ce que le gouvernement aura désigné comme « propagande terroriste ». [8] Les individus doivent donc intérioriser le surmoi et anticiper le regard du pouvoir sur leur vie privée. Afin de ne pas être éventuellement poursuivis, ils doivent faire preuve d’initiative dans l’autocontrôle de leurs comportements.
Criminalisation de l’Internet.
Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve a esquivé l’ensemble des questions posées, se réfugiant dans des demi-vérités, notamment sur l’intervention du juge administratif dans le processus de blocage, laissant penser que ce dernier interviendrait systématiquement, alors que le texte de loi ne le dit absolument pas. En effet, la loi ne prévoit que la supervision procédurale d’un magistrat de l’ordre judiciaire, censé s’assurer de « la régularité des conditions d’établissement, de mise à jour, de communication et d’utilisation » des sites dont l’accès est bloqué, sans qu’il ait pour autant de pouvoir décisionnaire concernant l’opportunité du blocage opéré.
Le rapport du Conseil d’Etat sur le « Numérique et les droits fondamentaux », publié en septembre 2014, [9] légitime également l’extra-judiciarisation des atteintes portées à la liberté d’expression dans le droit français. En parlant des « troubles beaucoup plus grands » à l’ordre public qu’induirait Internet, il tend à se situer dans la tendance de la Cour Européenne des Droits de l’Homme, qui considère qu’Internet est un espace par essence dangereux, justifiant de plus grandes restrictions de la liberté d’expression. [10]
Une censure automatisée.
Outre la réhabilitation d’un pouvoir de police administrative, l’extra-judiciarisation, défendue par le Conseil d’État, passe par la légitimation de la censure privée sur Internet. Cette dernière s’est largement banalisée depuis dix ans, à mesure que des dérives, jurisprudentielles et législatives, confiaient aux hébergeurs, aux moteurs de recherche et autres réseaux sociaux, le soin de réguler la liberté d’expression. Ainsi, le rapport indique « quil ne serait pas réaliste de dénier aux acteurs privés le droit de décider du retrait d’un contenu ».
À aucun moment, le Conseil d’Etat ne propose de préciser et de limiter la notion de contenu « manifestement illicite », crée par les juges constitutionnels afin de contrecarrer les risques de censure privée, une notion rendue quasiment obsolète en raison d’une inquiétante extension jurisprudentielle. [11]
Le Conseil d’État préfère conforter les logiques actuelles qui confient, aux hébergeurs et autres plateformes, la tâche de procéder à des déclarations d’illicéité. L’autre argument, avancé pour la défense de la censure privée, consiste à dire que la justice ne disposerait pas de moyens suffisants pour traiter les contentieux liés à Internet.
Le peu de regard du Conseil d’État pour la liberté d’expression est confirmé par la lecture de la proposition n° 28 du texte, qui appelle à la censure automatisée à travers l’obligation, pour les hébergeurs et autres plateformes, d’empêcher toute nouvelle publication de contenus déjà retirés, un régime dit de « notice-and-staydown » qui ne peut être mis en œuvre qu’au travers de filtres automatiques, « scannant » les communications Internet et faisant courir d’importants risques de sur-blocage, [12]comme le reconnaît d’ailleurs le rapport.
Jean-Claude Paye
sociologue, auteur de L’emprise de l’image. De Guantanamo à Tarnac, éditions Yves Michel 2012.
»» http://www.mondialisation.ca/france-rejet-de-la-liberte-dexpression-et...
[1] Jean-Claude Paye, ’Le modèle anglais’, colloque ’Pouvoirs exceptionnels et droits fondamentaux’, le 18 et 19 novembre 2007,Université de Caen, Faculté de droit, https://www.unicaen.fr/puc/images/crdf0606paye.pdf
[2] Jean-Claude Paye, « Loi de programmation militaire. La France est-elle en guerre contre les Français ? », Mondialisation.ca, le 26 mars 2014, http://www.mondialisation.ca/loi-de-programmation-militaire-la-france-...
[3] Assemblée Nationale, « Projet de loi relatif au renseignement », texte définitif, texte 542, adopté le 24 juin 2015, http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0542.asp
[4] « Loi n° 2014-1353 du 13 novembre 2014 renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme » ,JO n° 263 du 14 novembre 2014, http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029754374&amp&nbsp ; ;categorieLien=id
[5] « Apologie du terrorisme : la loi Cazeneuve, avant-après », L’OBS Rue 89, le 22 janvier 2015, http://rue89.nouvelobs.com/2015/01/22/apologie-terrorisme-loi-cazeneuve-avant-apres-257256
[6] Celine Rastello, « Apologie du terrorisme : les juges vont-ils trop loin ? », L’OBS société ,le 21-01-2015 , http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150120.OBS0379/apologie-du-terrorisme-les-juges-vont-ils-trop-loin.html
[7] Assemblée Nationale, « Projet de loi relatif au renseignement », texte définitif, texte 542, adopté le 24 juin 2015, http://www.assemblee-nationale.fr/14/ta/ta0542.asp
[8] « Loi Terrorisme : Sacrifier les libertés sous prétexte de lutte contre le terrorisme ? », La Quadrature du net., https://presumes-terroristes.fr/
[9] Conseil d’Etat, « Etude annuelle 2014 du Conseil d’Etat - Le numérique et les droits fondamentaux », La Documentation française, septembre 2014, p. 229, http://www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/144000541/index.shtml
[10] « L’Assemblée nationale ferme les yeux sur les dangers du projet de loi « Terrorisme », La Quadrature du Net,, le 8 sept. 2014 , https://www.laquadrature.net/fr/lassemblee-nationale-ferme-les-yeux-sur-les-dangers-du-projet-de-loi-terrorisme#footnoteref3_4ppnpih
[11] « La LCEN, le juge et l’urgence d’une réforme », le 27 avril 2013, Wethenet.eu ,http://www.wethenet.eu/2013/04/la-lcen-le-juge-et-lurgence-dune-reforme/
[12] « Surblocage », https://wiki.laquadrature.net/Surblocage

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Diana Johnstone : «La campagne américaine de dénigrement de la France semble avoir terrifié Paris» (Sott)

Diana Johnstone et RT
RT en Français
ven., 18 sept. 2015 01:09 UTC
Universitaire, journaliste et écrivaine américaine Diana Johnstone vient de publier le livre Hillary Clinton : la reine du chaos. RT France s'est entretenu avec l'auteur au sujet du dossier syrien et le rôle que peuvent y jouer la Russie et les USA.

Hillary Clinton

RT France : Dans votre livre, vous étudiez plusieurs interventions américaines dont les guerres en Irak et en Libye. A quel point le scénario syrien ressemble-t-il aux autres guerres menées par les Etats-Unis ?

Diana Johnstone : Depuis la guerre du Kosovo contre la Serbie en 1999, on voit des variations du même scénario : en Irak, en Libye et maintenant en Syrie. Sous un prétexte ou un autre, les faiseurs d'opinion occidentaux proclament un état d'urgence dans le pays ciblé, dû aux agissements d'un «dictateur» qui «doit partir». En Syrie, comme en Libye et au Kosovo, l'OTAN soutient militairement un groupe de rebelles sans trop se préoccuper de ses antécédents criminels ou de ses objectifs réels, en présentant ses membres comme des «victimes» qui souhaitent installer «la démocratie». Après des bombardements humanitaires, le pays ainsi «sauvé» sombre dans le chaos.

RT France : Est-ce une guerre gagnée pour les Etats-Unis ?

D.J. : La caractéristique principale de ces guerres menées par les Etats-Unis est qu'elles ne sont ni gagnées ni perdues, dans le sens que l'on atteint jamais «la démocratie» proclamée comme objectif. On casse une société, produisant un désordre ingérable dont l'un des résultats est de provoquer des flots de réfugiés qui déferlent aujourd'hui sur l'Europe. C'est vrai, même pour la première guerre de la série. Sait-on que le deuxième plus grand nombre de demandeurs d'asile en Europe depuis des mois sont les Albanais du Kosovo, qui fuient leur pays «libéré» par l'OTAN ?

RT France : Quel est donc l'objectif de ces guerres ?

D.J. : Le véritable objectif de ces guerres n'est que négatif. Il ne s'agit pas de créer des démocraties et de défendre les droits de l'homme, mais de détruire un pays qui ne correspondrait pas aux impératifs de l'hégémonie américaine.

En 2003, la France a eu le courage, applaudie par la plupart des pays du monde, de refuser la guerre américaine qui a détruit l'Irak, guerre qui a fait le lit du soi-disant «Etat Islamique». Malheureusement, la campagne américaine de dénigrement de la France semble avoir terrifié Paris et incité les dirigeants qui ont succédé à Chirac à rentrer dans le rang.

RT France : Le désaccord entre la Russie et les Etats-Unis sur le dossier syrien dure depuis déjà plus de trois ans. Pourquoi est-ce que la position russe de soutenir el-Assad au nom de la lutte contre l'EI n'est pas prise en considération par l'Occident ? Est-ce que les Etats-Unis et la Russie peuvent trouver à un consensus ?

D.J. : L'accord sur les armes chimiques syriennes a donné la preuve que la coopération entre les Etats-Unis et la Russie pourrait bien fonctionner, et qu'elle pourrait être la base d'un accord pour sauver la Syrie du chaos qui la détruit. C'est pour cela que le «Parti de la Guerre» à Washington a tout de suite mis le paquet pour diaboliser Vladimir Poutine et bloquer le chemin de la paix. Si j'ai écrit un livre sur Hillary Clinton, c'est parce qu'elle est la candidate préférée de ce Parti de la Guerre qui traverse les partis politiques Démocrate et Républicain et qui dirige en coulisses la politique étrangère américaine. Là où le Président Obama hésite parfois, Hillary Clinton se montre empressée, par exemple pour armer les rebelles syriens soi-disant «modérés» contre el-Assad. Aux Etats-Unis, on commence à reconnaître à quel point cette femme est dangereuse, mais en France, on ne le comprend pas du tout. Mon livre l'explique.

RT France : Vous avez également écrit que les Etats-Unis exploitent la nostalgie anti-communiste et antirusse présentant Vladimir Poutine comme la «dernière incarnation du mal». Est-ce que cela fonctionne toujours ?

D.J. : C'est moins une nostalgie qu'une habitude. On voit maintenant que le communisme a largement servi de prétexte pour être hostile à Moscou durant la Guerre froide. Le complexe militaro-industriel, dont je décris le rôle fondamental, a besoin d'ennemis pour se justifier. Il ne suffit pas de détruire de temps à autre un petit pays, il faut un adversaire de taille pour justifier les budgets faramineux du Pentagone. Puis, il y a l'objectif stratégique défini par Zbigniew Brzezinski, de tenir séparées la Russie et l'Europe occidentale, pour mieux dominer les deux.

RT France : Est-ce que cela profite aux Etats-Unis ?

D.J. : Demander si cela profite aux Etats-Unis suppose que la politique étrangère soit plus rationnelle qu'elle ne l'est. Regardez un peu le Congrès des Etats-Unis, où l'ignorance dispute la mauvaise foi. Le pouvoir de l'argent a corrompu le système politique américain, et notamment sa capacité à penser. Malheureusement, les Européens semblent toujours croire qu'il y a un bon pilote dans l'avion.

RT France : Selon vous Hilary Clinton personnifie «l'orgueil et l'exceptionnalisme américains». En quoi est-ce que c'est mal ?

D.J. : Tous les pays sont exceptionnels, et je voudrais qu'ils le restent dans un monde riche de diversité, au lieu d'être obligés de se calquer sur un seul modèle, tel que l'impose la globalisation à l'américaine. Mais l'exceptionnalisme américain est très spécial, car il ne se borne pas à la célébration des qualités du pays, qui sont réelles, mais aspire à faire la loi dans le monde entier. Il s'agit de l'idée selon laquelle les Etats-Unis sont le centre de vertu dans le monde, d'origine peut-être divine, et qui sont donc appelés à répandre cette vertu sur la planète, non pas par l'exemple, ce qui serait intéressant, mais par les armes. Cette conviction leur permet de ne voir les millions de morts, de blessés, de vies ruinées résultant de leurs guerres que comme des accidents regrettables d'une entreprise innocente et bien intentionnée. Et cet orgueil est accompagné par une peur maladive de «l'autre», que ce soient les «communistes», ou les «terroristes», vus comme les forces du Mal vouées à la destruction du centre du Bien. En cela, les Etats-Unis ressemblent beaucoup à leur protégé Israël. En passant, la candidature de Hillary Clinton est soutenue par le milliardaire israélien Haim Saban qui déclare sans gêne qu'il mettra autant de dollars qu'il le faut pour la faire élire à la présidence.

RT France : Est-elle capable de remporter l'élection présidentielle ?

D.J. : Elle est non seulement capable de remporter l'élection présidentielle de 2016, mais, depuis des mois elle est donnée comme la gagnante sûre et certaine. Sa campagne est très bien financée, ce qui compte avant tout dans les élections américaines. Le parti républicain en face n'offre qu'un spectacle pathétique de clowns minables. Son seul challenger démocrate jusqu'à présent, le vieux Sénateur du Vermont, Bernie Sanders, était peu connu et est considéré comme trop à gauche pour être pris au sérieux. Mais on vit dans un monde changeant et tout peut changer.

Commentaire : La soumission des élites françaises et européennes à l'impérialisme criminel des États-Unis serait incompréhensible si elles étaient mues par les valeurs morales dont elle se réclament inlassablement. Au vu des résultats, il en va autrement. Tristement, au lieu de faire la seule chose sensée qui pourrait la sauver de la destruction annoncée par Kadhafi- se rapprocher de son allié naturel, tant géographiquement qu'historiquement et culturellement : la Russie, et laisser les États-Unis sombrer dans le chaos qu'ils ont eu même créé - , l'Europe, dont la France, manifestement en proie à un véritable syndrome de Stockholm (ou, plus prosaïquement, faisant l'objet de chantage de la part des États-Unis) persiste dans son alliance contre nature avec un pays qui, du fait de sa politique (auto)destructrice, est en passe de connaître le même sort que le Titanic. À moins d'un changement de cap de dernière minute, la catastrophe est imminente.

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Signalé Jean-Michel

Les « trois mensonges » de la finance (news360)

Les « trois mensonges » de la finance

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La vérité sort de la bouche des banquiers centraux. Dans un discours prononcé le 21 septembre dernier, Mark Carney, actuel gouverneur de la Banque d’Angleterre, a mis en évidence ce qu’il appelle les « trois mensonges » de la finance moderne : faire croire que l’on peut s’endetter infiniment sans risque ; dire que les marchés s’auto-équilibrent ; affirmer que les marchés sont moraux. Une bombe venue d’outre-Manche contre ce qui s’enseigne à Harvard ou nous est répété par Bruxelles ou Bercy.
Premier mensonge : « cette fois-ci, c’est différent »
De façon étonnante, Carney commence par faire l’éloge de la politique monétaire britannique des années 1970 et 1980, qu’il juge « responsable démocratiquement » et « hautement efficace » dans la lutte contre l’inflation. Mais c’est pour indiquer immédiatement que « ces innovations n’ont pas permis une stabilité macro-économique durable. Loin de là ».
En effet, sous les eaux calmes de la stabilité des prix (ceux des biens et services, pas des actifs) grondait le monstre de la dette, qui devait se réveiller avec fracas en 2008. En cause, la démographie, mais aussi « la stagnation des salaires réels de la classe moyenne (elle-même due à la technologie et à la mondialisation) », l’endettement étant par ailleurs facilité par les innovations financières et l’abondance de l’épargne.
«Les marchés ne s’équilibrent que dans les manuels. Dans la réalité les gens sont irrationnels»
Surtout – et c’est là que réside le mensonge, nous dit Carney – « la complaisance des individus et des institutions, nourrie par une longue période de stabilité macro-économique et de prix en hausse des actifs, a fait croire que cet endettement sans remords était raisonnable ».
Selon Carney, que l’on ne suivra pas forcément sur ce point, une fois la crise installée, les décideurs politiques « ont rapidement pris leurs distances avec les idées reçues développées durant la période de Grande Modération » pour « réapprendre les leçons de la Grande Dépression (des années 1930) ».
Mais il constate avec inquiétude que la Chine est elle aussi assise sur des montagnes de dettes (qui s’approchent désormais de 200 % du PIB)…
Deuxième mensonge : « les marchés s’équilibrent toujours »
C’est le mythe central de la science économique contemporaine : selon elle, la « loi » de l’offre et de la demande, conséquence inévitable de la « libre concurrence », est censée garantir que quantités offertes et demandées s’égalisent, permettant ainsi l’utilisation la plus efficace possible des ressources disponibles.
« Les policymakers ont été capturés par le mythe selon lequel la finance peut s’auto-réguler et s’auto-corriger »
Comme le dit Carney, « les policymakers ont été capturés par le mythe selon lequel la finance peut s’auto-réguler et s’auto-corriger spontanément ». Or, note-t-il, loin de l’image rassurante de l’équilibre, il y a des déséquilibres sur tous les marchés, que ce soit le marché des biens, celui du travail, ou ceux des actifs.
Et dire que les marchés s’équilibrent toujours a deux conséquences dangereuses.
Tout d’abord, il devient alors impossible de détecter les bulles, puisque les prix sont censés être « corrects », loin du fonctionnement réel des marchés financiers (que Carney décrit en faisant directement référence au « concours de beauté » de Keynes, certains banquiers centraux ont de bonnes lectures !). De plus, toute instabilité doit alors être attribuée à des distorsions de marché ou à l’incomplétude des marchés, appelant à « créer de nouveaux marchés » pour pallier aux insuffisances des anciens – ce que Carney qualifie de « progresser en reculant sans cesse ».
« Quand des imperfections existent (c’est-à-dire toujours), ajouter des marchés peut parfois aggraver les choses »
Or, insiste Carney, « les marchés ne s’équilibrent que dans les manuels. Dans la réalité les gens sont irrationnels, les économies sont imparfaites, et l’état de la nature [c’est-à-dire la situation économique réelle, GR] lui-même ne peut être connu ». De ce fait, « quand des imperfections existent (c’est-à-dire toujours), ajouter des marchés peut parfois aggraver les choses » – comme le montre l’exemple des dérivés de crédit qui ont multiplié les risques au lieu de les diviser comme promis.
Carney démonte ensuite la cathédrale de la science économique, le modèle d’Arrow-Debreu, dont les hypothèses de marchés complets (c’est-à-dire prévisibles dans tous leurs états futurs) sont, dit-il, « absurdes en tant que description du monde réel ». Délaissant la tradition néo-classique, Carney se tourne vers Frank Knight et sa notion « d’incertitude » qui a pour conséquence que les choix individuels sont effectués sous un « semblant de connaissance », les variations d’humeur des participants au marché étant elles-mêmes soumises aux « esprits animaux » mis en avant par Keynes.
Troisième mensonge : « les marchés sont moraux »
Bien sûr, Carney n’omet pas de mentionner les nombreuses qualités des marchés, source de prospérité, de croissance, et instruments de gestion des risques. Mais il note que « laissés à eux-mêmes, les marchés peuvent avoir des tendances à l’excès et à l’abus ».
Carney veut « reconstruire des marchés justes et efficaces », qui soient « professionnels et ouverts »
C’est notamment le cas des marchés financiers, où « les valeurs deviennent abstraites et relatives » et où « la foule peut emporter avec elle l’intégrité de l’individu ». Pour opérer, les marchés ont besoin du « consentement de la société », or ce consentement est remis en question par les récents scandales (Libor, Forex, etc.).
Pour restaurer cette confiance, Carney veut « reconstruire des marchés justes et efficaces », qui soient « professionnels et ouverts », et non « informels et fonctionnant comme des clubs ». Or cela suppose que « tous les acteurs du marché, publics et privés, reconnaissent leurs responsabilités pour le système dans son ensemble ».
Quelques vrais mensonges
Pour Carney, il est plus facile que par le passé de résister à ces mensonges.
Pour répondre au premier (l’affirmation des réussites de l’innovation financière), il estime que la Banque d’Angleterre possède des « pouvoirs considérables » pour promouvoir la stabilité financière. Elle a accru les exigences en capital des banques et a resserré les conditions d’octroi des crédits immobiliers. Ainsi, le « too big to fail » (l’obligation de secourir aux frais du contribuable les grandes institutions financières en difficulté) est-il en recul, grâce à la suppression des subventions publiques implicites et l’accroissement de la concurrence.
Carney appelle à une responsabilisation accrue des individus et des entreprises, à des peines plus lourdes pour les tricheurs
Face au deuxième (la revendication de l’auto-équilibrage des marchés), des réformes ont eu lieu pour démêler l’écheveau des produits dérivés complexes, et la Banque est désormais prête à agir en tant que « faiseur de marché en dernier ressort » en cas de besoin.
Pour répondre au troisième (la prétendue dimension morale des marchés), Carney estime que des changements ont déjà eu lieu dans les politiques de rémunération, ou concernant la clarification des responsabilités des dirigeants.
Mais, note-t-il, « il faut en faire plus » (ouf !).
Et Carney d’appeler à une responsabilisation accrue des individus et des entreprises, des peines plus lourdes pour les tricheurs.
De plus, afin que le débat se poursuive, la Banque d’Angleterre a ouvert un forum où chacun peut déposer ses propositions de réforme afin de construire des marchés « qui méritent le consentement de la société et qui renforcent le capital social ».
Du poids des croyances
A lire Mark Carney, on ressort stupéfait des critiques adressées à ce qui est enseigné dans les « meilleures » universités du monde, ou aux principes qui guident les fondements mêmes de l’Union européenne. Lire un banquier central qui s’appuie sur une lecture radicale de Keynes ou de Knight et qui traite le modèle Arrow-Debreu d’absurdité, cela nous change de Jean-Claude Trichet et de sa dévastatrice « désinflation compétitive »
Mais on sera par contre moins convaincu des changements intervenus dans la régulation de la finance depuis que la crise a éclaté en 2008. Pour remettre la finance au pas et tirer les conclusions en termes de politique économique des saines lectures citées ici, il faudrait un changement politique et intellectuel de grande ampleur qui tarde à venir.
Gilles Raveaud

Pourquoi nos chercheurs ne trouvent plus ? | Les dérives de la publication (news360)

Pourquoi nos chercheurs ne trouvent plus ? | Les dérives de la publication

 
La vie d’un chercheur dans le monde académique est rythmée par un processus relativement peu connu pour les non-initiés : la publication.
Un chercheur passe en effet une partie de son temps à faire de la recherche (jusque là OK), mais consacre aussi énormément de temps à rédiger des papiers de recherche et à essayer de publier ses papiers dans des revues académiques. Si vous n’êtes pas dans ce petit monde de la recherche, vous n’avez sûrement jamais entendu parler du « Journal of Finance », de « Management Science » ou de l' »American Economic Review » (non non, publier dans « Capital », ça ne compte pas vraiment…). Mais si vous êtes chercheurs en économie / gestion/ finance, ces revues représentent pour vous le Graal. Un article dans un journal de top qualité, et hop votre carrière est lancée ! Pas de publication (ou bien uniquement dans des « petites revues »), et c’est la mort assurée. Le fameux « Publish or Perish » ! Bien que le système de publication académique ait sur le papier de nombreux avantages (évaluation de la qualité de la recherche par les pairs, structuration de la recherche…), la « course à la publication » peut malheureusement engendrer certaines dérives et faire oublier ce qui devrait être l’objectif numéro 1 : faire avancer la recherche.
Le fond du problème n’est pas spécifique à la recherche académique. En fait, à partir du moment où un indicateur quelconque, censé permettre de répondre à une problématique donnée, prend une place prépondérante dans un système, alors l’Homme peut avoir tendance à optimiser son travail pour satisfaire à cet indicateur en oubliant la problématique sous-jacente. Cela ne veut cependant pas dire que l’indicateur est mauvais ! Mais un indicateur doit être considéré avec toutes ses limites, et non pas comme une « mesure quantitative et 100% objective » permettant de répondre parfaitement à une problématique. Par exemple, si vous mettez en place une norme anti-pollution basée sur une mesure spécifique, alors les constructeurs automobiles vont optimiser ce paramètre pour répondre à un test donné (voire même tricher… le Captain’ ne vise personne), et votre objectif initial de baisse de la pollution à long-terme ne sera pas forcément rempli. Et bien pour la recherche académique, c’est la même chose : à partir du moment où « la publication » devient au centre du système, l’objectif de « faire avancer » la recherche peut en partie disparaître.
Attention : il ne s’agit absolument pas de dire que tous les chercheurs ne pensent qu’à « publier pour publier », en réfléchissant uniquement à leurs petites carrières personnelles. Loin de là ! Mais à l’inverse, il ne faut pas non plus faire preuve d’angélisme : comme dans de nombreux secteurs, il existe des fraudes, des manipulations et des tricheries dans le monde académique. Le dernier scandale à ce sujet a eu lieu il y a quelques semaines semaines, avec l’identification d’un vaste schéma de fraude à la publication concernant 64 « faux papiers » de recherche (source : Washington Post « Major publisher retracts 64 scientific papers in fake peer review outbreak« ). Selon un article publié en 2010 dans « Nature » (justement un « top-journal / Graal » du chercheur), « Publish or perish in China« , un chercheur sur trois dans les grandes universités chinoises serait coupable de plagiat, de falsification ou de « fabrication de données ». Un chercheur sur trois !!!
Plus récemment, une enquête de « Science » (top-journal again) « China’s Publication Bazaar » a montré l’existence d’un véritable « marché noir de la publication académique » en Chine, où des chercheurs payent plusieurs milliers d’euros pour ajouter leurs noms sur des papiers de recherche et ainsi être publié sans même connaître le sujet, et ce histoire de rajouter une ligne importante sur un CV. Pourquoi spécialement en Chine ? Et bien simplement car, face à une forte concurrence, les jeunes chercheurs chinois cherchent par tous les moyens à « percer dans le système ». Et pour percer, il n’y a pas 10.000 solutions : il faut publier dans des top-revues ! De plus, de nombreuses universités chinoises offrent des primes colossales aux chercheurs publiant dans les meilleurs journaux : selon certains chiffres, un chercheur chinois recevrait une prime d’environ 30.000 dollars s’il publie un papier dans « Nature » ou « Science » ! Autant vous dire qu’étant donné le salaire moyen d’un chercheur en Chine, l’incitation financière n’est pas négligeable… Pour finir, les sanctions sont encore très « lights » : alors que l’on pourrait imaginer une interdiction de publier ou d’enseigner pendant plusieurs années et/ou des sanctions financières/pénales, certains cas de fraudes avérés en Chine se sont simplement terminés par un renvoi du chercheur. High-Reward / Low-Risk : et hop le système devient rapidement un peu bancal.
Pour diminuer le risque de « fabrication de données » (et de « fabrication de beaux résultats ») et permettre une meilleure réplicabilité, certains journaux exigent que l’ensemble des données, programmes et scripts utilisés dans le cadre d’un papier de recherche soit publique. C’est le cas par exemple pour l' »American Economic Review » (source : « Data Availability Policy« ) ou « PLOS » (source : « Data Policy« ). Mais c’est une pratique qui est (malheureusement) encore trop peu répandue. Avec le déluge de nouvelles données « big-data », le problème de « fabrication des données » sera de plus en plus présent : plus de données = plus de facilité à truquer ses datasets pour un chercheur et plus de difficulté lors du processus d’évaluation pour vérifier la véracité des résultats avant publication (temps et puissance de calcul, connaissance spécifique en big-data…).
De nombreuses études sont désormais basées sur des données privées ou payantes, ce qui implique par définition moins de transparence et une quasi-absence de réplicabilité. Par exemple, le Captain’ travaille sur la thématique « Twitter et Marchés Financiers » (sentiment des investisseurs et détection d’évènements), et a créé un robot qui tourne en permanence depuis des mois pour aller extraire des données en temps-réel sur Twitter. La base de données de plusieurs millions de tweets est donc privée, et selon les Termes d’Utilisation de Twitter, le Captain’ n’a pas le droit de transmettre ou de revendre cette base. Dans une configuration telle que celle-ci, le risque (sur le papier) de falsification de données est énorme. Autant vous le dire tout de suite, ayant un minimum d’éthique et aimant réussir à se regarder correctement dans sa glace le matin, le Captain’ ne va bien évidemment pas « truquer ses données » ni aller consciemment vers « l’overfitting ». Mais face à une pression extérieure croissante poussant à la « publication à tout prix » (ce qui n’est pas le cas pour le Captain’, merci @LaSorbonne et @IESEG de me laisser le temps de mener ma recherche sérieusement et consciencieusement), la balance entre « éthique » et « si je publie pas je suis mort » ne penchera malheureusement pas pour tout le monde du bon côté.
livres
Il y aura forcément, parmi l’énorme majorité de chercheurs « honnêtes », quelques tricheurs… et malheureusement les tricheurs risquent de gagner à ce petit jeu, car la probabilité de se faire « prendre » est très faible. Même si, comme dirait Patrick Bruel, « That’s poker », il est important pour éviter autant que possible cela (1) que le processus de « peer-review » (évaluation par les pairs) avant publication soit irréprochable, (2) que, dès que cela est possible, les données soient disponibles afin de permettre une réplicabilité (et vérification) après publication par d’autres chercheurs, (3) que les sanctions en cas de fraude soient bien plus importantes (4) que les chercheurs déclarent qui a financé la recherche et s’ils ont été payés pour écrire ce papier (« Disclosure Policy » déjà imposée dans pas mal de journaux) et (5) (avis personnel) que des critères autres que la « publication académique pure » soient davantage pris en compte pour une évolution de carrière dans le monde académique, comme par exemple la participation au débat public, la présence dans les médias, la qualité de l’enseignement, la publication d’ouvrages, et même, soyons fous, la création d’un blog (le Captain’ ne vise personne… 😉 ).
Conclusion : Le système de « publication à comité de lecture » et l’évaluation de la qualité de la recherche en fonction des publications a de nombreux avantages, et l’objectif de cet article n’est absolument pas de remettre en cause tout le système. Cependant, et étant donné les dérives et fraudes avérées (qui ne sont d’ailleurs sûrement que la partie émergé de l’iceberg), il est important de voir s’il est possible d’améliorer le système, même de manière infinitésimale, pour essayer de revenir vers l’objectif de base : « faire avancer la recherche ». C’est un peu #Bisounours comme vision il est vrai, mais si chaque chercheur essayait par exemple d’améliorer la transparence et de faciliter la réplicabilité en mettant à disposition simplement et gratuitement l’ensemble des données utilisées lorsqu’un papier est publié, alors cela serait déjà une belle avancée.
Allez pour la peine, le Captain’ s’engage à publier toutes les données et indicateurs utilisés lors de sa thèse (lorsque cela est légal) sur son site de recherche http://www.thomas-renault.com (site en construction). Dictionnaire et scripts pour l’analyse de sentiment, liste d’experts au sein d’un réseau, séries temporelles de tweets (agrégé, car sinon pas légal)… Tout sera disponible gratuitement une fois mes papiers publiés. Sur ce, en route vers le Graal !

L’interview de Vladimir Poutine aux chaînes américaines : les meilleurs extraits (news360)

L’interview de Vladimir Poutine aux chaînes américaines : les meilleurs extraits

Le président russe Vladimir Poutine a accordé une interview au journaliste américain Charlie Rose pour les chaînes CBS et PBS à la veille de la 70ème Assemblée Générale de l’ONU. RT revient sur les meilleurs extraits de cette interview.
 


mardi 29 septembre 2015

[Caviar] Macron, passer par l’élection est “un cursus d’un ancien temps” ; “Le libéralisme est une valeur de gauche” (les crises)

[Caviar] Macron, passer par l’élection est “un cursus d’un ancien temps” ; “Le libéralisme est une valeur de gauche”

A ce stade, plus aucun commentaire n’est donc nécessaire – merci Manu… (ah, “le meilleur d’entre nous”… Dire que certains s’énervent quand je dis que je ne vote plus, eh, je suis MODERNE moi :) )
(juste un rappel : ça m’a toujours amusé d’appeler “sociaux-démocrates” des gens qui ne sont à l’évidence ni sociaux, ni démocrates…)
Source : Le Point, 28/09/2015
Le ministre de l’Économie, Emmanuel Macron a assuré qu’il ne voulait « pas être député en 2017 », estimant qu’accéder aux plus hautes fonctions par l’élection était « un cursus d’un ancien temps », selon des propos rapportés lundi par Le Monde. « Aujourd’hui, je ne veux pas être député en 2017 », a-t-il déclaré dimanche lors d’un forum organisé par le quotidien à Paris, selon les journalistes du Monde. « Je n’ai jamais voulu être candidat », a-t-il ajouté. Selon le compte rendu du quotidien du soir, le ministre a estimé que parvenir à de hautes fonctions par la voie des urnes était « un cursus d’un ancien temps », répondant ainsi à une critique qui lui est régulièrement adressée de vouloir réformer sans avoir obtenu de légitimité par les urnes.
Emmanuel Macron, qui s’exprimait « on the record » (sans restriction imposée à la presse), savait pertinemment que des journalistes étaient présents dans la salle, assure Le Monde. Parmi de nombreuses remarques susceptibles de faire s’étrangler une partie de la gauche, le ministre a estimé en outre que sur le plan de la politique économique, il peut y avoir « beaucoup de convergences entre la gauche de gouvernement et la droite de gouvernement ».

« Le libéralisme est une valeur de gauche »

Il a également assuré que « l’État a sa place mais il en a trop pris », se revendiquant d’un certain « libéralisme ». « J’assume qu’il y ait un libéralisme, le libéralisme est une valeur de gauche », a-t-il estimé. Affirmant qu’il se situait « dans le camp du progrès », le ministre en a profité pour mettre en question une nouvelle fois le statut des fonctionnaires. « Nous devons penser la réforme des fonctionnaires », a-t-il déclaré, estimant que sans cela, leur statut serait « déchiré ». « Il faut plus d’adaptabilité pour les entreprises, déconflictualiser le travail, je me méfie beaucoup des tabous », a-t-il poursuivi, jugeant qu’« aujourd’hui la loi dit trop, il faut trouver la bonne flexisécurité sur le marché du travail ».
À propos des 35 heures, Emmanuel Macron a assuré que s’il ne souhaitait pas les abroger, il y avait aujourd’hui « une trop grande rigidité dans la définition horaire du temps de travail ».
Enfin, à propos des critiques qui ont accompagné la semaine dernière ses propos sur le statut des fonctionnaires plus « adapté » et « plus justifiable compte tenu des missions », M. Macron a estimé que « les réactions sur ce que j’ai pu dire montrent une gêne à accepter qu’un politique puisse réfléchir en marge de son action ».
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(et quand il appellera à voter Sarko, il sera toujours soutenu ?)
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Pas mal ça aussi :

Source ; Le Figaro