24 octobre 2012
Hey ! Ho ! David Cameron’s got to go !

Vivian PETIT
Nous étions ce samedi 20 octobre environ 200 000 manifestants (150 000 selon
la police) à marcher dans les rues de Londres contre l’austérité. Si les
perspectives de lutte sont moins ouvertes qu’en Espagne, au Portugal et bien sûr
en Grèce, pays qui connaîtront une nouvelle grève générale le 14 novembre, et où
les manifestations sont quasi quotidiennes, nous pouvons dire au regard de
l’Histoire de la Grande-Bretagne que les mouvements de lutte reviennent de
loin.
En effet, à la suite des mesures antisyndicales imposées par Margaret Thatcher et de la défaite du mouvement ouvrier dans les années 80, les luttes ont pendant longtemps quasiment déserté les lieux de travail. Seuls les mouvements de quartier semblaient avoir perduré, que ce soit dans les luttes contre les expulsions, contre le racisme, ou lors d’émeutes aussi impressionnantes qu’éphémères. Pour beaucoup, l’engouement semble être revenu via les manifestations contre la guerre en Irak, rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes en 2003. Quant à eux, les étudiants sont passés par l’occupation des universités pour appeler au boycott d’Israël lors du massacre commis à Gaza à l’hiver 2008-2009, avant de les occuper de nouveau et d’être 50 000 à défiler en novembre 2011 contre l’augmentation des frais d’inscription.
Plus globalement, la politique d’austérité a débuté en 2010 par une hausse de la TVA de 17,5 à 20%, et un recul de l’âge légal de départ à la retraite à 66 ans (auparavant 65 pour les hommes et 60 ans pour les femmes). Ce mois-ci, Georges Osborne, chancelier de l’Echiquier (ministre « responsable des finances et du trésor ») annonçait 12,5 milliards d’euros de coupes dans les aides sociales, à ajouter au 18 milliards de livres étalées de 2010 à 2018. Demandant « Comment l’on peut justifier des aides au logement pour des gens qui n’ont jamais travaillé », Osborne a annoncé la suppression des aides au logement pour les moins de 25 ans, et demandé aux parents de réfléchir au nombre d’enfants qu’ils prévoyaient de faire, prévoyant une réduction des allocations familiales …
Si beaucoup de manifestants défilaient en scandant « Hey ! Ho ! David Cameron’s got to go » (« Hey ! Ho ! David Cameron doit dégager ! »), beaucoup ne semblaient pas résignés à remplacer l’austérité de droite par une austérité de gauche. Lors d’une allocution prononcée à la fin de la manifestation, Ed Miliband, leader du parti travailliste a été copieusement hué lorsqu’il a commencé une phrase par « Je ne promets pas des jours heureux, il y aura des choix difficiles … ». Les allocutions les plus acclamées furent celles des leaders des syndicats du service public et des cheminots, réclamant la préparation par le TUC (Trade Union Congress, la confédération syndicale), d’une grève de vingt-quatre heures.
Officiellement, les directions syndicales « se penchent sur la possibilité d’une grève générale », bien que les lois antisyndicales imposent de déclarer toute grève deux mois à l’avance, les seules actions spontanées restant la grève étudiante, l’émeute ou le blocage. Si l’on ne semble pas pour l’instant près du blocage généralisé qui pourrait faire sauter le gouvernement, le fait que cette discussion soit à l’ordre du jour symbolise un niveau de conflictualité politique augmentant, la dernière grève générale au Royaume-Uni remontant à 1926 …
Par ailleurs, bien que nous ayons insisté sur les lois antisyndicales rendant difficile le blocage de la production (et la lutte en général), il est évident que si le niveau de conflictualité venait à augmenter, beaucoup de personnes seraient prêtes à s’émanciper de toute référence à un cadre légal.
Vivian PETIT
http://emi-cfd.com/echanges-partenariats/?p=1335
Illustrations : Outerfield Photography
En effet, à la suite des mesures antisyndicales imposées par Margaret Thatcher et de la défaite du mouvement ouvrier dans les années 80, les luttes ont pendant longtemps quasiment déserté les lieux de travail. Seuls les mouvements de quartier semblaient avoir perduré, que ce soit dans les luttes contre les expulsions, contre le racisme, ou lors d’émeutes aussi impressionnantes qu’éphémères. Pour beaucoup, l’engouement semble être revenu via les manifestations contre la guerre en Irak, rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes en 2003. Quant à eux, les étudiants sont passés par l’occupation des universités pour appeler au boycott d’Israël lors du massacre commis à Gaza à l’hiver 2008-2009, avant de les occuper de nouveau et d’être 50 000 à défiler en novembre 2011 contre l’augmentation des frais d’inscription.
Plus globalement, la politique d’austérité a débuté en 2010 par une hausse de la TVA de 17,5 à 20%, et un recul de l’âge légal de départ à la retraite à 66 ans (auparavant 65 pour les hommes et 60 ans pour les femmes). Ce mois-ci, Georges Osborne, chancelier de l’Echiquier (ministre « responsable des finances et du trésor ») annonçait 12,5 milliards d’euros de coupes dans les aides sociales, à ajouter au 18 milliards de livres étalées de 2010 à 2018. Demandant « Comment l’on peut justifier des aides au logement pour des gens qui n’ont jamais travaillé », Osborne a annoncé la suppression des aides au logement pour les moins de 25 ans, et demandé aux parents de réfléchir au nombre d’enfants qu’ils prévoyaient de faire, prévoyant une réduction des allocations familiales …
Si beaucoup de manifestants défilaient en scandant « Hey ! Ho ! David Cameron’s got to go » (« Hey ! Ho ! David Cameron doit dégager ! »), beaucoup ne semblaient pas résignés à remplacer l’austérité de droite par une austérité de gauche. Lors d’une allocution prononcée à la fin de la manifestation, Ed Miliband, leader du parti travailliste a été copieusement hué lorsqu’il a commencé une phrase par « Je ne promets pas des jours heureux, il y aura des choix difficiles … ». Les allocutions les plus acclamées furent celles des leaders des syndicats du service public et des cheminots, réclamant la préparation par le TUC (Trade Union Congress, la confédération syndicale), d’une grève de vingt-quatre heures.
Officiellement, les directions syndicales « se penchent sur la possibilité d’une grève générale », bien que les lois antisyndicales imposent de déclarer toute grève deux mois à l’avance, les seules actions spontanées restant la grève étudiante, l’émeute ou le blocage. Si l’on ne semble pas pour l’instant près du blocage généralisé qui pourrait faire sauter le gouvernement, le fait que cette discussion soit à l’ordre du jour symbolise un niveau de conflictualité politique augmentant, la dernière grève générale au Royaume-Uni remontant à 1926 …
Par ailleurs, bien que nous ayons insisté sur les lois antisyndicales rendant difficile le blocage de la production (et la lutte en général), il est évident que si le niveau de conflictualité venait à augmenter, beaucoup de personnes seraient prêtes à s’émanciper de toute référence à un cadre légal.
Vivian PETIT
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Illustrations : Outerfield Photography
URL de cet article 18075
http://www.legrandsoir.info/hey-ho-david-cameron-s-got-to-go.html
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