5 février 2013
Les Exterminateurs (Counterpunch )
Paul CRAIG ROBERTS
Au cours du 21ième siècle les Etasuniens ont vu se dégrader de manière
extraordinaire leurs droits et leurs protections constitutionnelles. Les
citoyens étasuniens qui formaient autrefois un peuple libre protégé par la loi,
peuvent aujourd’hui être assassinés et emprisonnés indéfiniment sans qu’aucune
preuve ne doive être présentée à la justice et ils peuvent être condamnés à la
prison sur la base de témoignages secrets fournis par des témoins anonymes qui
ne peuvent être soumis à un contre interrogatoire.
Le système de justice étasunien a été transformé par le régime de Bush/Obama
en un "système de justice" digne de la Gestapo allemande ou de la Russie
staliniste. Il n’y a aucune différence.
Dans un article du Washington report*, Stephen Downs, ancien procureur général de la Commission de l’Etat de New York sur la Conduite Judiciaire et Kathy Manley, avocate de la défense pénale et membre de l’Union des Libertés Civiles de New York, expliquent comment le gouvernement étasunien a détruit une oeuvre de bienfaisance, la Fondation de Terre Sainte, qui finançait de la nourriture pour les pauvres et la construction d’écoles et d’hôpitaux en Palestine.
L’oeuvre de charité qui était consciente du danger que cela représente pour une oeuvre consacrée aux Palestiniens d’être basée aux Etats-Unis, avait demandé au Département d’Etat et au Département de la Justice étasuniens de lui dire à qui envoyer l’aide humanitaire. L’oeuvre de charité a envoyé son aide aux mêmes associations de soutien de la Palestine que l’Agence pour le Développement International (USAID) et l’ONU.
Dans son premier procès contre la Fondation de Terre Sainte le gouvernement a dû admette que l’oeuvre de charité n’avait fait aucune donation à des organisations terroristes et les procureurs fédéraux n’ont pas réussi à obtenir une condamnation. Alors le Parquet a fait un autre procès à l’oeuvre de charité.
Dans le second procès, le juge a autorisé le Parquet à appeler un "expert anonyme" pour dire au jury que certaines associations utilisées par l’USAID et l’ONU et approuvées par le Département d’Etat étaient contrôlées par le Hamas, le gouvernement élu de Palestine qui est considéré comme "terroriste" par les Etats-Unis à la demande d’Israël.
Comme l’ont fait remarquer Downs et Manley un "expert anonyme" ne peut "être démenti parce qu’on ne sait pas qui c’est". Il ne peut y avoir de contre interrogatoire. "L’expert" peut être n’importe qui —quelqu’un payé par le jury, un Juif qui croit que toute aide aux Palestiniens est une "aide aux terroristes" ou un membre du Mossad, les services secrets israéliens qui ont complètement infiltrés les Etats-Unis selon les experts du renseignement étasuniens.
On ne voit partout que des injustices, reconnaissent les auteurs eux-mêmes, alors pourquoi celle-ci est-elle de quelque importance à leurs yeux ? Parce que la procédure régulière telle que prescrite dans la Constitution exige que le droit pénal décrive très précisément la nature des comportements prohibés. Selon Downs et Manley, la Fondation de Terre Sainte connaissait la Liste du département d’Etat des organisations qualifiées de terroristes et elle a pris grand soin d’éviter tout contact avec ces organisations mais elle a tout de même été poursuivie et condamnée. Cela signifie que les procureurs sont complètement corrompus et que les jurés sont si idiots et si imbibés de propagande qu’ils ne sont d’aucune utilité aux accusés.
la Cour Suprême des Etats-Unis a refusé de réexaminer cette erreur judiciaire des plus flagrantes. Ce refus montre que la Cour Suprême des Etats-Unis, tout comme la Chambres des représentants, le Sénat, et le pouvoir exécutif étasuniens, sont non seulement au service de l’état policier mais aussi d’Israël et encouragent la destruction des Palestiniens en qualifiant toute aide qui leur est apportée d’acte de terrorisme.
Ce que cela signifie pour vous, c’est que votre implication dans des transactions et des associations parfaitement légales peut être décrétée à posteriori criminelle par des témoins secrets. Le caractère délictueux de votre attitude passée peut désormais être établi, selon Downs et Manley, par des "experts anonymes", présentés par le Parquet et qu’on ne peut "ni réfuter ni contre interroger comme le stipule le 6ième amendement."
Selon Downs et Manley : "Les implications sont énormes. Le gouvernement peut maintenant criminaliser les paroles et les opinions politiques, religieuses et sociales. Donner de l’argent à des groupes pacifistes, participer à des manifestations, aller à l’église, la moquée ou la synagogue, recevoir des amis et poster des textes, etc. sur Internet, par exemple, toutes ces activités peuvent ensuite être considérées comme illégales à cause de "connections" inventées par des experts anonymes qui permettraient soi-disant le soutien d’organisations terroristes dont personne n’a jamais entendu parler."
Les auteurs auraient pu ajouter que si le gouvernement veut votre peau, il lui suffit de déclarer que quelqu’un que vous avez connu dans le passé ou une organisation dont vous avez jadis fait partie avait un vague rapport avec le terrorisme. L’affirmation du gouvernement suffit. Il n’y a pas besoin de preuve. Et ne comptez pas sur le jury endoctriné pour vous protéger.
Préparez-vous car, dans l’année ou les deux ans qui viennent, toute critique de notre gouvernement de la "liberté et de la démocratie" sera interdite. En Amérike**, la vérité est en passe d’être exterminée.
PAUL CRAIG ROBERTS,
Counterpunch
Paul Craig Roberts est un ancien secrétaire adjoint au Trésor étasunien et rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal. Il vient juste de publier son dernier livre : Wirtschaft am Abgrund (Economies In Collapse).
Notes :
* http://www.wrmea.org/wrmea-archives/541-washington-report-ar...
** Paul Craig Roberts utilise volontiers l’orthographe Amerika pour germaniser le mot.
Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2013/02/01/the-exterminators/
Traduction : Dominique Muselet
Dans un article du Washington report*, Stephen Downs, ancien procureur général de la Commission de l’Etat de New York sur la Conduite Judiciaire et Kathy Manley, avocate de la défense pénale et membre de l’Union des Libertés Civiles de New York, expliquent comment le gouvernement étasunien a détruit une oeuvre de bienfaisance, la Fondation de Terre Sainte, qui finançait de la nourriture pour les pauvres et la construction d’écoles et d’hôpitaux en Palestine.
L’oeuvre de charité qui était consciente du danger que cela représente pour une oeuvre consacrée aux Palestiniens d’être basée aux Etats-Unis, avait demandé au Département d’Etat et au Département de la Justice étasuniens de lui dire à qui envoyer l’aide humanitaire. L’oeuvre de charité a envoyé son aide aux mêmes associations de soutien de la Palestine que l’Agence pour le Développement International (USAID) et l’ONU.
Dans son premier procès contre la Fondation de Terre Sainte le gouvernement a dû admette que l’oeuvre de charité n’avait fait aucune donation à des organisations terroristes et les procureurs fédéraux n’ont pas réussi à obtenir une condamnation. Alors le Parquet a fait un autre procès à l’oeuvre de charité.
Dans le second procès, le juge a autorisé le Parquet à appeler un "expert anonyme" pour dire au jury que certaines associations utilisées par l’USAID et l’ONU et approuvées par le Département d’Etat étaient contrôlées par le Hamas, le gouvernement élu de Palestine qui est considéré comme "terroriste" par les Etats-Unis à la demande d’Israël.
Comme l’ont fait remarquer Downs et Manley un "expert anonyme" ne peut "être démenti parce qu’on ne sait pas qui c’est". Il ne peut y avoir de contre interrogatoire. "L’expert" peut être n’importe qui —quelqu’un payé par le jury, un Juif qui croit que toute aide aux Palestiniens est une "aide aux terroristes" ou un membre du Mossad, les services secrets israéliens qui ont complètement infiltrés les Etats-Unis selon les experts du renseignement étasuniens.
On ne voit partout que des injustices, reconnaissent les auteurs eux-mêmes, alors pourquoi celle-ci est-elle de quelque importance à leurs yeux ? Parce que la procédure régulière telle que prescrite dans la Constitution exige que le droit pénal décrive très précisément la nature des comportements prohibés. Selon Downs et Manley, la Fondation de Terre Sainte connaissait la Liste du département d’Etat des organisations qualifiées de terroristes et elle a pris grand soin d’éviter tout contact avec ces organisations mais elle a tout de même été poursuivie et condamnée. Cela signifie que les procureurs sont complètement corrompus et que les jurés sont si idiots et si imbibés de propagande qu’ils ne sont d’aucune utilité aux accusés.
la Cour Suprême des Etats-Unis a refusé de réexaminer cette erreur judiciaire des plus flagrantes. Ce refus montre que la Cour Suprême des Etats-Unis, tout comme la Chambres des représentants, le Sénat, et le pouvoir exécutif étasuniens, sont non seulement au service de l’état policier mais aussi d’Israël et encouragent la destruction des Palestiniens en qualifiant toute aide qui leur est apportée d’acte de terrorisme.
Ce que cela signifie pour vous, c’est que votre implication dans des transactions et des associations parfaitement légales peut être décrétée à posteriori criminelle par des témoins secrets. Le caractère délictueux de votre attitude passée peut désormais être établi, selon Downs et Manley, par des "experts anonymes", présentés par le Parquet et qu’on ne peut "ni réfuter ni contre interroger comme le stipule le 6ième amendement."
Selon Downs et Manley : "Les implications sont énormes. Le gouvernement peut maintenant criminaliser les paroles et les opinions politiques, religieuses et sociales. Donner de l’argent à des groupes pacifistes, participer à des manifestations, aller à l’église, la moquée ou la synagogue, recevoir des amis et poster des textes, etc. sur Internet, par exemple, toutes ces activités peuvent ensuite être considérées comme illégales à cause de "connections" inventées par des experts anonymes qui permettraient soi-disant le soutien d’organisations terroristes dont personne n’a jamais entendu parler."
Les auteurs auraient pu ajouter que si le gouvernement veut votre peau, il lui suffit de déclarer que quelqu’un que vous avez connu dans le passé ou une organisation dont vous avez jadis fait partie avait un vague rapport avec le terrorisme. L’affirmation du gouvernement suffit. Il n’y a pas besoin de preuve. Et ne comptez pas sur le jury endoctriné pour vous protéger.
Préparez-vous car, dans l’année ou les deux ans qui viennent, toute critique de notre gouvernement de la "liberté et de la démocratie" sera interdite. En Amérike**, la vérité est en passe d’être exterminée.
PAUL CRAIG ROBERTS,
Counterpunch
Paul Craig Roberts est un ancien secrétaire adjoint au Trésor étasunien et rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal. Il vient juste de publier son dernier livre : Wirtschaft am Abgrund (Economies In Collapse).
Notes :
* http://www.wrmea.org/wrmea-archives/541-washington-report-ar...
** Paul Craig Roberts utilise volontiers l’orthographe Amerika pour germaniser le mot.
Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/2013/02/01/the-exterminators/
Traduction : Dominique Muselet
URL de cet article 19233
http://www.legrandsoir.info/les-exterminateurs-19233.html
http://www.legrandsoir.info/les-exterminateurs-19233.html