mercredi 20 mars 2013

POLITIQUE • Et maintenant, que se passe-t-il en Italie ? (Courrier international)

POLITIQUE Et maintenant, que se passe-t-il en Italie ?

Trois semaines après les élections législatives, cette semaine sera décisive pour la formation du futur gouvernement italien. Sans majorité, Pier Luigi Bersani se trouve face à un véritable casse-tête. La presse italienne propose divers scénarios.
 
 

Dessin de Burki
L'élection, le samedi 16 mars, des présidents de la Chambre des députés et du Sénat constitue une victoire pour Pier Luigi Bersani, leader du centre gauche, et marque le début d'un déblocage de la situation politique en Italie. En proposant deux personnalités de la société civile – Laura Boldrini, journaliste et ancienne porte-parole du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (à la Chambre des députés) et Pietro Grasso, ancien chef de la direction nationale antimafia (au Sénat), Bersani a joué finement : il a coupé l’herbe sous le pied de Beppe Grillo. Novices en politique et reconnues pour leur probité, ces deux personnalités correspondent globalement au profil des élus du Mouvement 5 étoiles. Impossible pour Beppe Grillo d’entonner son refrain habituel sur les "corrompus" ou les "professionnels" de la politique sans paraître de mauvaise foi. Et de fait, certains députés du Mouvement 5 étoiles ont voté pour Boldrini et Grasso, s’écartant de la ligne imposée par Grillo – qui refuse tout accord de principe avec le centre gauche.

Malgré cette première victoire à la Pyrrhus de Bersani, la gauche ne dispose toujours pas d’une majorité absolue au Sénat, indispensable pour permettre au gouvernement d’obtenir le vote de confiance, et donc d'entrer en fonctions. Les solutions demeurent minimes et la voie pour sortir de la crise politique aussi étroite que le "chas d’une aiguille", écrit Michele Ainis dans le Corriere della Sera. Alors, quels scénarios ? "Sûrement pas un pacte entre le Parti démocrate et le Mouvement 5 étoiles, ce dernier ne veut pas en entendre parler. Un accord entre le Peuple de la liberté (PdL, parti de Berlusconi) et le Mouvement 5 étoiles ? C’est l’indigestion assurée. Une Grosse Koalition entre le centre droit et le centre gauche : le Parti démocrate n’en veut pas."

Le président entre en scène

La balle se trouve en réalité dans le camp du président de la République, Giorgio Napolitano. Le mercredi 20 mars, il entamera officiellement les consultations avec les délégations des partis politiques et les présidents des deux Chambres en vue de la formation du gouvernement. Elles dureront quelques jours. "Au terme des consultations, Napolitano décidera à qui confier la charge de former le nouveau gouvernement : il est très probable qu’il s’agira de Pier Luigi Bersani, écrit Il Post. Ensuite, deux solutions pour Bersani : soit il estime qu’il n’est pas en mesure de nommer un gouvernement et, dans ce cas, tout recommence à zéro avec de nouvelles consultations menées par le président de la République, soit il présente un gouvernement, une Dream Team, comme l’écrit Il Fatto Quotidiano, la plus consensuelle possible (pas facile !). Et donc deux autres scénarios envisageables : soit il obtient la confiance et tout va bien, l’Italie aura son gouvernement ; soit il n’obtient pas la confiance, et là, tout se complique.

Giorgio Napolitano n’aura pas d’autre solution que de chercher une nouvelle majorité. Pour cela, idéalement, il devrait dissoudre les deux Chambres et appeler à de nouvelles élections. Mais impossible, soutient Il Post, car le président de la République est en fin de mandat. Dans le "semestre blanc" (dernier semestre de mandat), la Constitution interdit toute dissolution d'une Chambre. Pour que les Italiens retournent aux urnes, il faudrait donc attendre que l’Italie se dote d’un un nouveau président de la Républque (élu au suffrage universel direct par les deux Chambres).

D’après Il Post, en tenant compte de tous les impératifs de calendrier, les citoyens pourraient être appelés à voter pour de nouveaux députés entre la seconde moitié de juin et la première moitié de juillet. Pour éviter plusieurs mois de vacances du pouvoir, la voie est donc très mince. Aussi mince que le chas de l’aiguille…