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Loin de l'image que tente de véhiculer Total au travers de sa nouvelle campagne publicitaire « Engagé pour une énergie meilleure » [2], ce contre-rapport annuel démontre que les activités de cette multinationale ont toujours autant de conséquences néfastes et parfois irréversibles sur les populations, l'environnement et le climat. Fruit d'enquêtes de l'Observatoire des Multinationales et des Amis de la Terre, il se fait le relais des questionnements et des critiques de multiples acteurs de la société civile, en se plaçant autant que possible du point de vue de ceux - communautés affectées, travailleurs, contribuables, simples citoyens - qui n'ont généralement pas voix au chapitre lorsqu'il s'agit de décider de la stratégie des entreprises, mais qui en supportent les coûts.

En Egiland, au Nigeria, où Total est implanté depuis 1964, les populations locales souffrent de façon croissante des impacts sociaux et environnementaux des activités du pétrolier français [3]. Jerusalem Ugorji Ajie, membre des communautés Egi, et Prince Williams Chima, avocat d'Environmental Rights Action/Les Amis de la Terre Nigeria [4], sont présents cette semaine à Paris pour témoigner plus particulièrement des problématiques de torchage du gaz, et d'accaparement et pollutions des terres suite au projet d'extension de l'usine à gaz de Total (Obite), et surtout suite à l'accident majeur survenu sur le champ gazier d'Ibewa en 2012. 

Juliette Renaud, chargée de campagne sur les Industries extractives et la RSEE aux Amis de la Terre France commente :
« En Egiland, Total fomente les divisions entre les communautés pour mieux régner. Au lieu de se cacher derrière des politiques de « responsabilité sociale » qui ne profitent qu'à des élites locales non représentatives, Total ferait mieux de reconnaître la réalité des conflits qui se multiplient avec les communautés Egi. L'entreprise doit immédiatement remédier aux dommages qu'elle a causés et verser des indemnisations justes à l'ensemble des familles dont les terres ont été réquisitionnées ou polluées. »
Alors que de nombreuses familles attendent des indemnisations depuis plusieurs années, les représentants des communautés Egi se rendront vendredi à l'Assemblée générale des actionnaires de Total afin de demander directement des comptes au Directeur général du groupe, Patrick Pouyanné. Ils rencontreront aussi des membres du gouvernement français et des parlementaires, afin de les interpeller sur la nécessité urgente de réformer le cadre légal qui permet aux multinationales d'agir en toute impunité.

Juliette Renaud conclut :
« La lutte des communautés Egi pour obtenir justice et réparation face au géant pétrolier Total illustre typiquement la problématique de la responsabilité des maisons-mères sur les activités de leurs filiales à l'étranger. Il est urgent que le gouvernement s'engage fermement pour que la loi sur le devoir de vigilance des multinationales, qui a été votée à l'Assemblée nationale le 30 mars dernier, soit sans tarder à l'agenda du Sénat et que les sénateurs se mobilisent pour l'adopter. » [5].
Au-delà du cas de Total, et face à l'urgence climatique, les Amis de la Terre appellent nos gouvernements à œuvrer véritablement pour qu'une transition énergétique juste voie le jour. Ils viennent de lancer une pétition pour faire pression sur Total, et de publier une brochure intitulée « Laissons les énergies fossiles dans le sol ! » pour sensibiliser l'opinion publique et décrypter ces enjeux [6].

Notes :

[1] Le contre-rapport de l'Observatoire des Multinationales et des Amis de la Terre France est disponible ici.

[2] Voir le site de Total dédié à sa campagne publicitaire diffusée dans 21 pays.

[3] En novembre 2014, à l'occasion de la nomination de Total aux Prix Pinocchio, Les Amis de la Terre France et Nigeria ont publié des témoignages inédits des communautés Egi, disponibles ici.
Voir également la réaction de Total à sa nomination, et les réponses point par point à ses arguments envoyées par Les Amis de la Terre et leur partenaire Sherpa, disponibles ici.


[5] L'adoption de cette loi est survenue après des années de mobilisation de la société civile. Voir le communiqué de presse des Amis de la Terre et de leurs partenaires du Forum citoyen pour la RSE.

[5] La brochure est disponible ici. Les deux lettres de cyberaction demandent à Total de se retirer de l'aire naturelle protégée Auca Mahuida en Argentine, et d'indemniser les communautés affectées par ses activités au Nigeria.