mercredi 27 juin 2018

Les sénateurs bloquent les alternatives aux pesticides pourtant utilisées dans les jardins du Luxembourg (basta)

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Les sénateurs vont-ils entraver une fois de plus les alternatives aux pesticides ? Ils entament ce 26 juin l’examen du projet de loi Agriculture et alimentation. En première lecture, les députés s’étaient accordés sur la possibilité d’élargir la liste des plantes ou parties de plantes pouvant être utilisées et commercialisées pour remplacer les pesticides de synthèse (notre article) [1].
En commission des affaires économiques, les sénateurs sont revenus sur cette avancée. Ils ont ainsi réintroduit une obligation d’évaluation de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). Pour les défenseurs des préparations naturelles à base de plantes, cette contrainte est « totalement inutile » : en 2001, le comité d’experts rattachés au ministère de l’Agriculture avait conclu que toutes les parties consommables de plantes utilisées en alimentation animale ou humaine peuvent de fait entrer dans la composition des préparations naturelles peu préoccupantes sans exigence particulière... Une « simple question de bon sens », abondent les défenseurs de ces préparations. « De quel risque parle-t-on lorsque l’on épand une tisane ? »
Alors que ces élus bloquent les alternatives aux pesticides, Basta ! s’est procuré une facture de 2015 adressée aux Jardins du Luxembourg, qui bordent le siège du Sénat à Paris. Comme en témoigne l’extrait ci-dessous, des purins de plantes et des extraits d’ail sont utilisés par les jardiniers travaillant dans la propriété du Sénat.
Pourquoi freiner la diffusion de ces préparations, alors même que leur utilisation dans les jardins voisins du Sénat semble témoigner de leur efficacité ? Les sénateurs ont la possibilité d’ici le 28 juin de réintroduire la version originale de l’article voté à l’Assemblée nationale [2]. Sauront-ils mettre en adéquation les pratiques et les attentes de la société civile avec la loi ? Officiellement, depuis le 1er janvier 2017, l’objectif « zéro phyto » doit être respecté dans l’ensemble des espaces publics, selon la loi relative « à la transition énergétique pour la croissance verte ».

Photo : CC Benjamin Dumas


Notes

[1A ce jour, une première liste comprenant plus d’une centaine de substances naturelles autorisées a bien été publiée mais les substances qui y figurent ne correspondent pas à ce qu’utilisent les producteurs... (voir ici)
[2La version originale de l’article 14 ter votée à l’Assemblé nationale stipule : « Toutes les parties consommables de plantes utilisées en alimentation animale ou humaine sont considérées comme substance naturelle à usage biostimulant autorisée. ».