mercredi 6 février 2013

L'éternel retour des Banksters (Bakchich)

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mar, 05/02/2013 - 23:30
L'éternel retour des Banksters
 Pendant que l’Assemblée disserte sur le mariage, le gouvernement organise le divorce. Celui entre les banques d’affaire et les établissements de crédit comme on disait à la Belle Epoque (la vraie, celle de 1900…)
C’est un peu une tradition dans ce pays mais aussi au niveau mondial, la gauche mène un combat permanent contre les banquiers. Vincent Auriol, le ministre des Finances du Front populaire, menaçait d’en enfermer un bon paquet après avoir fermé leurs banques et au passage la bourse. Car le banquier est par nature spéculateur et le spéculateur, dans l’imaginaire collectif, est un monstre. En fait l’avantage de la finance- qui est, rappelons le sans visage- c’est que la population a sur elle des opinions définitives sans comprendre réellement ce qu’elle fait. N’importe quel économiste est capable d’expliquer que le caractère à la fois magique et fondamentalement utile des banques est qu’elles créent de la monnaie, c'est-à-dire que ce n’est pas grâce aux dépôts qu’elles reçoivent qu’elles font crédit, mais que c’est grâce aux crédits qu’elles consentent qu’il y a des dépôts.
Pourtant, dire cela plonge en général commentateurs et économistes en chambre dans un abîme de perplexité, ce qui achève de persuader tout le monde qu’il y a en la matière quelque chose de malsain qu’il faut corriger. On mobilise donc pour ce faire quelques poncifs sur l’opposition entre la finance et l’économie réelle, on brandit quelques noms prestigieux comme celui de James Tobin dont on détourne les idées puis on légifère pour protéger l’épargnant, potentielle victime crédule des monstres.
Les cycles du monstre
Ce qui est intéressant, c’est que le processus semble devoir se répéter de façon cyclique, le temps apportant l’oubli nécessaire à la réactivation des âneries.
L’Union générale de banque fait faillite en 1882 ? Il faut agir. Le banquier de gauche- si, si cela existe ; c’est rare mais cela existe…-Henri Germain, directeur du Crédit lyonnais, réclame que l’on isole les épargnants des rapaces et qu’on sépare banque de dépôts et banque d’affaire. Vichy en rajoute une louche et le système finit dans le blocage ultime de la nationalisation. En 1966, on se décide enfin à faire respirer tout cela car l’économie a besoin de banquiers prenant des risques et assurant le financement de sa croissance. En 1984, Delors quitte le ministère des Finances pour Bruxelles en laissant derrière lui la banque universelle, c'est-à-dire la banque qui fait tout et dont les clients savent normalement à quoi s’en tenir.
Avec la crise, le balancier repart dans l’autre sens. Nos élites sentent que le déposant a de nouveau besoin d’être protégé. D’autant plus qu’aux Etats-Unis, on est sur la même ligne avec la réhabilitation du Glass Steagall Act dont Clinton nous avait débarrassés
Seul problème, c’est que personne n’y croit vraiment à ce retour à la banque d’antan, où les dépôts dorment comme dans les caisses d’Harpagon. En outre, les banques qui ont fait le plus d’erreurs, notamment en France, ce sont les banques qui prétendent se gérer en « bon père de famille ». « Le bon sens près de chez vous », cela ne vous rappelle rien ? En tous cas, il y en a à qui cela va coûter cher !!!
Résultat, on sent bien le débat à venir et sa conclusion inévitable : tout cela relève de Bruxelles et les Anglais, incontournables pour quelque temps encore, bloquent tout. Comme c’est dommage !!