13 mars 2013
Le droit du travail, ennemi public n°1 des ultra libéraux de tous poils !
Selon un économiste « libertarien » : le
concept de contrat de travail en France ne : « s’est jamais libéré d’une
relation ambiguë avec celle de l’esclavage ». Une théorie bien fumeuse destinée
à nous vendre ... la fin du droit du travail, au profit de la liberté de ... la
jungle !
Vous avez sans doute entendu à de nombreuses
reprises des responsables politiques ou patronaux remettre en cause de façon
virulente le modèle économique et social français sans forcément vous demander
d'où pouvaient venir leurs arguments.
Prenons un exemple qui fait fureur à l'UMP : Le
big bang social défendu par Hervé Novelli et récemment repris par Jean-François Copé. Il consisterait en une réforme
globale des contrats de travail et de certains pans du Code du travail, tout en
supprimant toute référence légale de la durée du travail.
Et d'où vient cette idée de big bang appliquée
à l'économie et au social ? Eh bien, en partie des idées professées par des
libertariens économiques (ultra libéraux) qui ont, au travers de quelques think
tanks, pignon sur rue auprès de pas mal d'élus de droite et de patrons.
Mais au fait, c'est quoi la doctrine
libertarienne ?
D'inspiration américaine, elle s'est fait
entendre lors de la présidentielle aux USA où Ron Paul s'était fait son apôtre. Quelques définitions :
André Teissier du Cros Président du Comité Bastille : « (...)
Pour un libertarien pur et dur (... ) la seule bonne pression fiscale est de
zéro pour cent. Le seul bon Etat est un état inexistant. La société est gérée
uniquement par des contrats et par des lois minimales, fondées sur les droits de
l’individu et sur la totale liberté d’entreprendre, et aussi figées que les Dix
Commandements de Moïse. Dans cette société idéale, les fonctions de l’Etat sont
devenues inutiles, ou sont déléguées à des firmes privées »
Wikilibéral :
« Les libertariens sont des libéraux radicaux, opposés à l'État dans sa forme
contemporaine. Pour eux, les pouvoirs de l'État devraient être extrêmement
restreints (minarchisme), ou même supprimés (anarcho-capitalisme) Contrairement
à l'idée libertaire, les libertariens ne sont pas pour une société gérée en
commun, mais pour une société où les interactions entre les individus découlent
de contrats librement consentis, conformément au Droit naturel et à l'axiome de
non-agression. (...) »
En clair, si vous n'aviez pas compris :
Détestation de l'état, donc, mort aux services publics, puisque le marché a
toutes les vertus et, son auto régulation fonctionne à merveille. Et mort à tout
ce qui peut ressembler à un assisté puisque : « les libertariens défendent le
droit qu’ont ceux qui produisent de garder ce qu’ils gagnent, contre une
nouvelle catégorie de politiciens et bureaucrates qui veulent s’emparer de leurs
gains pour les redistribuer à ceux qui ne l’ont pas produite »
Si les libertariens ont comme principal ennemi
l'état, ils ont aussi, en France, une bête noire : Le droit du travail, qui
serait une bête nuisible, empêchant la création ou le développement
d'entreprises et, surtout, entretiendrait le chômage de masse.
Prenons pour exemple Philippe Simonnot. Il est
vrai qu'à moins de faire partie du petit monde des ultra libéraux addicts, vous
ignorez son nom et son oeuvre. Et pourtant, il a fait une conférence à
l'Assemblée Nationale le 21 février dernier où il présentait son opuscule : «
Chômeurs ou esclaves ? Le dilemme français »
Tout d'abord, sachez que, selon monsieur
Simonnot : de l'extrême gauche à l'extrême droite en passant par Charles de
Gaulle et même Edouard Balladur, la totalité du monde politique français est
anti capitaliste, ce qui les disqualifie à ses yeux.
Mais revenons en à son livre. Que dit-il
?
Il explique que : « le concept de « contrat
de travail » en France ne s’est jamais libéré d’une relation ambiguë avec celle
de l’esclavage, ce qui a sans doute en partie légitimé que le marché du travail
en France soit hyper-réglementé » Et l'auteur de nous expliquer que :
(...) le contrat de travail n’a pas su, à ce jour, se libérer d’une fiction
juridique dans laquelle il s’est enfermé lors de la rédaction du code civil en
1804. La crainte à l’époque était de faire renaître la notion d’esclavage en
même temps qu’on donnait au salariat ses lettres de noblesse (...) »
Au delà du concept un peu fumeux, on aura soin
de lire les critiques dithyrambiques, publiées notamment par l'Institut Molinari ou le site ContrePoint, tous deux fervents défenseurs du libéralisme
sans entraves, qui en ont publié les bon morceaux et qu'ils vous livrent ...
avec délectation . Extraits
Cécile Philippe directrice générale de
l'Institut Molinari : « (...) La répugnance des Français a l’égard
du travail a conduit à l’empêcher de fonctionner comme un marché où s’y
confronterait librement des offres et des demandes, de sorte qu’émergent des
niveaux de salaire propre à satisfaire demandeurs d’emplois et offreurs (...) la
grande absente du marché du travail est l’approche économique alors que
l’échange de travail a pour but premier de satisfaire les envies et besoins des
consommateurs et que pour ce faire les échanges volontaires sont sans doute ce
qu’il y a de mieux. Car ils permettent d’orienter les ressources, les talents,
le travail là où il est le plus nécessaire (...) L'auteur s’attaque au tabou en
France de l’existence d’un chômage volontaire. Il explique qu’il est lié
notamment à l’existence d’un arsenal d’indemnités et allocations associées au
statut de chômeur ou de sans-emploi qui rend d’autant plus dur le retour à une
activité rémunérée qu’il faut renoncer à ces avantages qui peuvent représenter
plusieurs centaines d’euros. Le calcul peut amener des personnes parfaitement
rationnelles à renoncer à prendre un emploi »
Francis Richard sur Contrepoints : « Le
salaire minimum, Smic, qui s'applique uniformément en France, "sans distinction
d'âge, de lieu, d'activité ou de profession", se situe "au-dessus du salaire qui
s'établirait à la suite d'une libre confrontation de l'offre et de la demande de
travail non qualifié", avec pour résultats mirifiques une augmentation de
l'offre et une baisse de la demande, en conséquence un chômage massif et une
proportion toujours plus grande de smicards (...) Face au manque de flexibilité
du marché du travail (...) Les entreprises françaises, pour ne pas sombrer,
n'ont d'autres possibilités que d'embaucher des immigrés, notamment en
provenance d'Europe centrale, de délocaliser ou de substituer du capital au
travail (...) L'interdiction du licenciement économique pour améliorer la
rentabilité d'une entreprise, a pour but de bloquer la destruction d'emplois et
se traduit en fait par le blocage de la croissance et de la création d'emplois
(...) »
A noter également, ce morceau d'anthologie :
« À préférer le chômage à l'esclavage, beaucoup de nos concitoyens [...]
amplifient la terreur d'être virés dans le camp de ceux qui ont encore un
emploi (...) »
Dites donc braves gens, tout ça ne vous
rappelle pas, entre autre, la manifestation autour du « vrai travail » du 1er mai 2012 organisée par Nicolas Sarkozy
et l'UMP ?
Qu'y disait-on ?
« (...) le rassemblement sur le
Champ-de-Mars s'adresse à "ceux qui travaillent dur, ceux qui sont exposés, qui
souffrent, et qui ne veulent plus que quand on ne travaille pas on puisse
gagner plus que quand on travaille". "Le vrai travail, ça veut dire les gens
qui prennent leur voiture le matin pour se rendre dans leurs entreprises, leurs
usines, leurs exploitations, qui travaillent toute la journée, rentrent le soir
et ont encore mille choses à faire pour leur famille, pour eux-mêmes, pour gérer
leur foyer. C'est la différence avec ceux qui vivent des revenus de
l'assistance" à qui "nous voulons demander des contreparties (...)
»
Ou le très célèbre : « L'amour est précaire. Le travail doit
l'être aussi » sans oublier le non moins célèbre : « Si on libère le licenciement, on
libèrera l'embauche » de Laurence Parisot
Alors, prêts pour le bing bang libéral ou prêts
à vous battre pour conserver ce qui reste de vos droits ? C'est vous qui voyez
!
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