mardi 11 septembre 2018

À la SNCF, des grévistes menacés de licenciement (basta)

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À la SNCF, les sanctions disciplinaires se multiplient contre les militants et militantes syndicales qui ont pris part au long mouvement de grève du printemps dernier. Plusieurs d’entre eux risquent même de se voir radiés de la SNCF, c’est à dire licenciés. C’est notamment le cas de Yannick, cheminot et syndiqué Sud rail à Rennes. Passé en conseil de discipline à la fin du mois de juillet, il a reçu début août la confirmation de son licenciement. Protégé par son mandat syndical de représentant du personnel, il attend désormais que l’Inspection du travail se prononce - ce qui peut prendre plusieurs mois. Si cette dernière rejette le licenciement, la direction de la SNCF pourrait faire appel, en déposant un recours au ministère du Travail.
La direction de la SNCF reproche à Yannick d’avoir voulu nuire à l’entreprise en interrompant le trafic des trains, lors de la manifestation du 1er mai. Ce jour-là, ayant remarqué un policier à proximité des voies, Yannick a alerté le poste d’aiguillage qui a décidé, pour des raisons de sécurité, d’arrêter la circulation. Mais la SNCF a refusé de croire le cheminot et décidé de porter plainte. Selon une enquête de Médiapart, publiée à la fin du mois de juillet, de nombreuses preuves et témoins valident la version du cheminot. Ce dernier se dit « stupéfait »« J’ai tenté d’éviter qu’un drame ne se produise et c’est moi qu’on poursuit », s’étonne-t-il dans les colonnes de Mediapart. « Les seules explications que je trouve c’est que la direction de la SNCF a décidé de punir ceux qui ont participé au mouvement de grève et qui sont syndicalisés. Mais c’est ma vie qu’ils brisent. »

La direction cherche à « se venger des trois mois de grève perlée du printemps »

À Nîmes, un autre cheminot attend lui aussi la décision de l’Inspection du travail, suite à une demande de radiation de la direction. Là encore, les faits reprochés – une blessure grave infligée à un conducteur de train non gréviste – sont contestés par divers témoins. Le site Rapports de force explique ainsi que le conducteur aurait réussi à mener son train à destination après avoir été blessé, et n’aurait bénéficié d’aucun arrêt de travail. Dans les Hauts-de-France, parmi les dizaines de grévistes convoqués au commissariat et par la direction de la SNCF, ils sont au moins deux à risquer la radiation. Six autres cheminots, tous militants au syndicat Sud Rail, attendent également de sévères sanctions. Pour la CGT cheminots d’Hendaye, où un contrôleur de train risque lui aussi la radiation, la direction cherche à « se venger des trois mois de grève perlée du printemps ».
« À chaque fois, la procédure est la même : lorsque la sanction envisagée par la direction est une mise à pied supérieure à 12 jours, voire une radiation, le salarié doit passer devant un conseil de discipline. Il est ensuite convoqué à un entretien puis au conseil de discipline. Celui-ci, composé de trois représentants du personnel et de trois représentants de l’entreprise, vote une sanction. La direction a un mois pour prendre sa décision », détaille le site Rapports de force.
Les syndicats se mobilisent fortement contre ces sanctions. Le 7 septembre, ils étaient plusieurs centaines à soutenir Christelle, cheminote syndiquée à Sud Rail, qui passait devant le conseil de discipline. Selon le syndicat, elle aurait simplement eu une altercation verbale avec un supérieur hiérarchique un jour de grève. Une pétition rassemblant plus de 1000 signatures a été déposée quelques jours plus tôt au siège de la direction. Le conseil de discipline ne s’est pas prononcé pour la radiation. La direction a un mois pour rendre sa décision.

Photo : Serge d’Ignazio